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état de lieu de la chaine de valeur feuilles de manioc à  Kinshasa et ses environs.


par Theresia Tshimungu Londa
Université de Kinshasa - Diplôme d'ingénieur agronome 2016
  

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A. Commerce de gros

Les feuilles de manioc vendues par les grossistes à Matamba viennent du plateau de Batéké plus fréquemment de Menkao, de Bita, de Dumi et de petits villages dans les environs de ces grands centres de transit ; mais également de Maluku pour le Manihot glazziovi. Les grossistes des feuilles de manioc à Matamba s'approvisionnent de deux manières : l'achat bord champ et achat à Kinshasa auprès des producteurs au niveau du même marché.

a. Approvisionnement bord champ

L'achat bord champ se fait de deux manières : Le commerçant peut acheter à l'hectare ou par botte. L'hectare coûte 35.000 FC et compte 7 colis1 en moyenne soit 35 variés2. Quand il achète par botte, cette dernière coûte 1.500 FC.

a.1. Organisation

Par un appel de la part du producteur, les commerçants s'organisent en groupe ou le plus souvent individuellement, recrutent la main d'oeuvre appelée « équipage3 », et louent un véhicule depuis Kinshasa pour récolter et transporter les feuilles de manioc achetées. Le voyage s'effectue généralement la nuit. Le commerçant paie le producteur en fonction de l'étendue à récolter. Cette dernière commence aux environs de 4h et prend fin avant le lever du soleil pour facilement atteindre Matamba sans que la production soit brûlée par les rayons solaires.

La récolte se fait par les ouvriers appelés « équipages ». Une fois la récolte réalisée, les feuilles sont regroupées par bottes et le véhicule peut être chargé pour l'acheminement de la marchandise vers Matamba à Kinshasa. La botte autrement appelée varié, est achetée à 1.500 FC est vendue de 4.000 FC à 6.000 FC selon la qualité. Le commerçant effectue un approvisionnement par semaine. Cette fréquence d'achat s'explique par le fait que le travail est physiquement épuisant. Le grossiste doit, en outre, être sûr au préalable de la disponibilité de la marchandise avant d'organiser le voyage.

1 Colis : botte de 110 kg avec tiges et 60 kg sans tiges

2 Varié : botte de 22 kg avec tiges et 12 kg sans tiges

3 Equipage : main d'oeuvre utilisée dans la récolte des feuilles

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a.2. Risques

L'achat des feuilles de manioc au niveau du producteur parait intéressant pour les grossistes. En effet, ils réalisent en moyenne un bénéfice représentant au moins 50 % de leurs dépenses. Cependant le risque est très élevé :

- Le risque que les équipages finissent la récolte plus tard que prévu, ce qui aura pour conséquence la détérioration des feuilles durant le transport avec l'ensoleillement ;

- Le risque d'être en face des feuilles de manioc de mauvaise qualité ; - Le risque de passer nuit à la belle étoile en cas de panne du véhicule.

Pour contourner ces risques, les grossistes préfèrent généralement acheter les feuilles de manioc à l'arrivée à Kinshasa. Les grossistes choisissent donc généralement la sécurité à un profit élevé avec beaucoup de risques qui peuvent leur faire perdre toute la somme investie.

b. Approvisionnement à Matamba.

Cet approvisionnement s'est développé suite aux risques liés à un achat sur le lieu de production au plateau de Batéké. Les producteurs viennent vendre leurs marchandises à Matamba à un prix incluant les frais de transport et la main d'oeuvre utilisée pour la récolte. La variée est vendue à 5.000 FC. Cette pratique donne naissance à un autre acteur dans la filière : « maman manoeuvre ». Elle sert de pont entre le grossiste qui est généralement le producteur et le détaillant. Le producteur prend contact avec la « maman manoeuvre » avant tout déplacement pour Matamba. Une fois arrivé à Kinshasa, le producteur confie la marchandise à la maman manoeuvre qui se charge de la vente en majorant le prix de la variée de 1.000 FC pour réaliser une marge. La plupart des mamans manoeuvres sont d'anciens grossistes qui ont renoncé à s'approvisionner au lieu de production pour éviter les risques signalés ci-haut. Les mamans manoeuvres peuvent réaliser jusqu'à trois rotations achat-vente par semaine.

c. Contrainte au niveau du grossiste

Le grossiste n'éprouve pas des difficultés particulières dans l'écoulement de sa marchandise. Lorsqu'il y a moins de clients, il stocke la marchandise pour la vendre le lendemain, ou alors il vend en détail en cassant le prix pour écouler rapidement sa marchandise. La vente en détail permet au grossiste un bénéfice plus important même si cela peut prendre beaucoup de temps.

B. Commerce de détail a. Approvisionnement

Les détaillants des feuilles de manioc à Matamba, s'approvisionnent et vendent sur place. L'espèce préférée par les consommateurs est le Manihot glazziovi. Le Manihot esculenta est généralement achetée lorsque le Manihot glazziovi n'est pas en abondance sur le marché.

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b. Dépenses réalisées

Hormis le coût d'achat, les détaillants dépensent pour la taxe et le dépôt. La taxe s'élève à 400 FC et les frais de dépôt 500 FC. Le tout par jour pour l'ensemble de marchandises. L'achat et la vente sont faits le long de la journée à chaque fois qu'un véhicule arrive et que le commerçant a la possibilité de se procurer de la marchandise.

c. Conditions de vente et contraintes

La vente ayant lieu tout au long de la journée. Les détaillants sont obligés de préserver la qualité et la fraicheur des feuilles de manioc. La pratique la plus répandue parmi les détaillants est l'aspersion de l'eau sur les feuilles et la vente sous un abri afin de protéger les feuilles contre les rayons solaires. Une botte « variée » achetée donne 20 bottes de 500 FC en saison pluvieuse. Le poids d'une botte est en moyenne d'1 kg avec tige et environ 600 gr sans tige. Les détaillants s'approvisionnent en moyenne trois fois par semaine en saison pluvieuse et deux fois en saison sèche à cause de la rareté du produit au champ due au manque de pluie.

e. Rareté

Les feuilles de manioc sont rares à la saison sèche au point que le prix à l'achat comme à la vente augmente d'au moins 100 %. La saison sèche est donc la période la plus intéressante pour les commerçants. Pendant cette période où l'offre est inférieure à la demande, les clients ne sont pas très exigeants en ce qui concerne la qualité des feuilles. Ils se contentent de ce qui est disponible sur le marché quelle qu'en soit la qualité.

f. « Bidongola »

Les « bidongola » sont des déchets provenant du reconditionnement de grosses bottes achetées en gros en de plus petites vendues en détail. La nouvelle petite botte qui est l'unité de vente en détail pèse en moyenne 1 kg avec tige soit 600 gr sans tige. Les feuilles qui tombent lors du reconditionnement sont toutes récupérées et vendues en tas d'environ 750 grammes à 200 FC. Une variée (botte d'environ 12 kg) peut produire 3 à 6 tas.

3.2.2.2. Situation du marché UPN A. Approvisionnement

La situation de commercialisation au marché UPN est très différente de celle de Matamba. Dans ce dernier marché, il y a des acteurs économiques très distincts de par leurs produits et leurs activités. Par contre, au marché UPN, tous les acteurs sont mêlés. Une même personne est à la fois grossiste et détaillant. Tout dépend du moment de la journée. A leur arrivée, les commerçants sont grossistes, ils vendent aux mamans manoeuvres venues des quartiers environnants et qui les revendront à leur tour, en détail, de manière ambulante ainsi qu'aux restaurateurs de fortune en saison sèche. Cette situation n'est pas régulière. Le commerçant est grossiste seulement quand il y a le client et des invendus.

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La commercialisation des feuilles de manioc au marché UPN est réalisée par les habitants de Kasangulu qui viennent uniquement vendre les feuilles et retourner au Kongo-Central. Les feuilles de manioc commercialisées dans ce marché viennent du Kongo-Central et plus précisément de Kasangulu. Le commerce est plus réalisé en détail qu'en gros. Le commerçant grossiste achète auprès du producteur des bottes de 2 kg à 500 FC la botte. Arrivé à Kinshasa, la même botte sera divisée par deux et vendue à 500 FC la demi-botte.

Pour faciliter le transport de sa marchandise, le commerçant au niveau de Kasangulu rassemble toutes ses bottes en « kimfunda ». Cette unité n'a pas d'équivalent précis parce qu'elle varie en fonction du nombre de botte. Le kimfunda contient en moyenne 45 (45 kg) à 100 bottes (100 kg). Le frais de transport d'un kimfunda est de 1.000 FC. Au marché, le commerçant dépense 1.200 FC chaque jour pour les taxes et la location de la place.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry