3.2. ANALYSE DES PRINCIPAUX ACTEURS ET LEURS
ACTIVITES
Ce point présente les aspects techniques
caractéristiques de principaux acteurs impliqués dans la chaine
de valeur feuille de manioc. Il s'agit de l'accès au foncier, au capital
et aux intrants, de différentes activités de chaque acteurs, des
contraintes rencontrées, du rendement, de la mise sur le marché,
l'approvisionnement, le transport, conditions de vente, etc. Cette section
permet ainsi d'avoir une vue claire de l'organisation et du fonctionnement de
la chaine de valeur au niveau de chaque maillon. Les goulots
d'étranglement à chaque maillon de la chaine de valeur sont aussi
mis en évidence.
3.2.1. LES PRODUCTEURS DES FEUILLES DE MANIOC
La production du manioc occupe une place
prépondérante dans l'agriculture familiale et contribue
efficacement à la sécurité alimentaire des ménages
et à l'économie rurale du pays (Kinkela, 2009).
Les feuilles de manioc consommées dans la ville de
Kinshasa sont produites à Kinshasa et dans sa périphérie.
La situation au niveau des producteurs dépend de l'espèce de
manioc produite. L'espèce la plus produite est Manihot esculenta
parce qu'elle permet d'obtenir deux produits très consommés
du manioc : les racines tubéreuses (produit consommé cru ou
transformé) et les feuilles. Avec le glazziovi par contre seules les
feuilles sont obtenues. Sur 6 producteurs enquêtés, 2 produisent
l'espèce Manihot glazziovi et 4 l'espèce Manihot
esculenta.
3.2.1.1. Accès aux facteurs de production a.
Accès au foncier
En matière d'accès à la terre pour les
activités de production des feuilles de manioc, deux possibilités
se présentent à Kinshasa et dans sa périphérie :
les producteurs propriétaires des terres exploitées d'une part et
ceux qui la louent d'autre part. En ce qui concerne les locataires, le loyer
payé s'élève à 70.000 FC au plateau de
Batéké et à 100.000 FC à Maluku pour un hectare et
ceci pour un cycle de production. A Kasangulu, on assiste à une sorte de
métayage dans lequel le locataire se partage la production des racines
tubéreuses avec le propriétaire. A N'djili brasserie, les
terrains agricoles sont de plus en plus lotis, ce qui a pour conséquence
l'augmentation des prix.
Il faut noter qu'actuellement, avec la croissance
démographique et l'accaparement des terres par de grands
propriétaires fonciers, l'accès au foncier devient de plus en
plus difficile particulièrement pour les petits producteurs. L'achat des
terres agricoles à Menkao devient de plus en plus difficile à
moins d'acheter au près d'anciens propriétaires. Les nouvelles
terres sans propriétaires sont actuellement quasi-inexistantes.
L'acquisition classique des terres se fait à travers le chef coutumier
avec signature d'un contrat d'emphytéose de 25 ans délivré
par l'Etat.
31
Ce contrat est conditionné par la mise en valeur du
terrain acquis, ce qui n'est pas toujours le cas. Généralement
les propriétaires terriens deviennent à leur tour des loueurs de
terre à ceux qui veulent pratiquer l'agriculture.
b. Accès aux semences et superficie
cultivée
Les espèces du genre Manihot se reproduisent
par bouturage. L'approvisionnement en boutures se fait
généralement par prélèvement sur culture
après la récolte. Les producteurs achètent les boutures en
cas d'introduction d'une nouvelle variété qu'ils souhaitent
expérimenter. Cet achat se fait généralement auprès
d'autres agriculteurs qui ont acheté ou reçu des boutures des
projets assurant la diffusion de nouvelles variétés. Il faudra
noter que beaucoup de cas de donation des boutures existent entre paysans ou
encore des dons provenant des OP, associations ou ONG. La plupart des paysans
produisent le Manihot esculenta sur de grandes superficies pouvant
atteindre jusqu'à 13 ha et ce, en association culturale ou non. Par
contre, la production de Manihot glazziovi se fait sur de petites
étendues, parfois même sur de très petites parcelles de
moins de 400 m2.
c. Main d'oeuvre utilisée
La main d'oeuvre utilisée est exclusivement familiale
sauf au plateau et à Maluku où, compte tenu de l'importance des
superficies emblavées, les producteurs recourent, outre la main d'oeuvre
familiale, à la main d'oeuvre payée pour les différentes
opérations culturales notamment la préparation du terrain, le
semis, l'entretien et la récolte. La main d'oeuvre est
rémunérée à la tâche sur une étendue
d'1 ha. Les coûts de production diffèrent d'un site à
l'autre car la rémunération de la main d'oeuvre présente
de grandes différences. C'est le cas notamment des sites de Maluku et du
Plateau de Batéké tel qu'illustré dans le tableau
ci-dessous
Tableau n°1 : Rémunération de la main d'oeuvre
selon les sites de production
ACTIVITES
|
MENKAO
|
MALUKU
|
Préparation du terrain
|
75.000
|
80.000
|
Labour
|
70.000
|
60.000
|
Hersage
|
70.000
|
|
Billonnage
|
70.000
|
|
Semis
|
50.000
|
100.000
|
Sarclage
|
50.000
|
60.000
|
Récolte
|
17.500
|
50.000
|
Total
|
402.500
|
350.000
|
32
d. Capital utilisé dans les activités de
production
Les moyens d'exploitation utilisés dans la production
des feuilles de manioc sont artisanaux dans la plupart des cas. Par contre, on
constate, au plateau de Batéké, le recours à la
mécanisation pour certaines opérations culturales notamment le
labour, le hersage et la réalisation des billons.
A Kasangulu, Maluku ou encore dans les communes
urbano-rurales de la ville-province de Kinshasa, le travail se fait
essentiellement à la main avec des outils agricoles simples qui
nécessitent beaucoup d'efforts physiques pour l'accomplissement de
chaque tâche. Les matériels utilisés par la main d'oeuvre
se limitent à la houe, à la hache, à la machette et
à la pelle.
e. Capital financier
Les moyens financiers utilisés par les producteurs des
feuilles de manioc en zone périurbaine sont constitués
exclusivement de fonds propres. Dans le cadre de l'autofinancement, les paysans
diversifient parfois les cultures (maïs, courge, arachide, cultures
maraichères) pour trouver de quoi financer le manioc, la culture
principale. Il y a donc un déficit criant en matière de
financement. Les institutions bancaires n'accordent pas de crédits aux
agriculteurs de manière générale et ceux du manioc ne font
pas exception.
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