La commission internationale des frontières et des eaux (IBWC) face aux enjeux de la préservation de l'environnementpar Clémence Léger Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 - Master Etudes Européennes et Internationales - Aire anglophone 2022 |
Le rôle de l'IBWC dans la mise en oeuvre du Traité de 1944Dans la mesure où la question d'un traité devenait de plus en plus essentielle et inévitable pour gérer l'eau à la frontière mexicano-étatsunienne, le début des années 1940 permit aux deux pays de travailler sur un éventuel traité et sur la quantité d'eau à attribuer à chaque pays. Comme il a été mentionné précédemment, l'objectif de l'IBWC était de créer une coopération entre les États-Unis et le Mexique pour la gouvernance de l'eau avec deux instances nationales distinctes. C'est ainsi que grâce à l'IBWC, les États-Unis et le Mexique, dans une mesure nettement moindre, ont pu engager des professionnels et des scientifiques pour mettre en oeuvre le Traité de 1944 sur l'eau et décider de ses principes. De plus, puisque l'IBWC pouvait traiter des problèmes survenant dans la région frontalière (voir Figure 2 (« Les rivières du Colorado et du Rio Grande à la frontière États-Unis-Mexique »)), elle restait l'agence la plus puissante en matière de résolution des problèmes d'eau à la frontière et en avait même le monopole. Comme il l'a été mentionné plus tôt, l'IBWC ne pouvait cependant pas obliger les États-Unis ou le Mexique à respecter leur part des traités et des accords antérieurs au Traité sur l'eau de 1944. C'est pourquoi il fallait un nouvel accord pour inciter les deux pays à coopérer et à respecter les objectifs. Toutefois, malgré l'égalité théorique des deux pays, les États-Unis étaient avantagés dans la mesure où ils disposèrent de davantage de trésorerie que le Mexique pour mettre en place les principes du Traité, faire appel à des scientifiques et décider de ses principes afin de servir au mieux leurs intérêts. Il est possible, ici, de reprendre l'exemple du Texas qui avait une influence prépondérante, grâce à sa taille notamment, au Congrès et donc dans la mise en place des principes du Traité de 1944, entre autres. Il est également important de souligner que le Traité sur l'eau de 1944 a été signé après de longues négociations, de réunions, d'accords et de discussions diplomatiques entrepris par les États-Unis et suivis par le Mexique (Anderson 1972, 601). Cela signifie que le Traité de 1944 était supposé être équitable pour l'économie et les populations des deux pays et devait leur être bénéfique : « to apply the rights and obligations [...] that benefits the social and economic welfare of the peoples on the two sides of the boundary and improves relations between the two countries » (« The IBWC - Its Mission, Organization and Procedures for Solution of Boundary and Water Problems » s.d.). Cependant, il est possible de penser que la répartition des eaux, décidée dans le cadre du Traité sur l'eau de 1944, a conduit le Mexique à oeuvrer davantage pour rendre le Traité plus équitable par le biais de l'IBWC et de différents accords, notamment du point de vue de la qualité de l'eau. Un autre objectif de la mise en oeuvre du Traité sur l'eau de 1944 était de développer une relation plus coopérative entre les États-Unis et le Mexique. Si les deux pays pouvaient coopérer dans le secteur hydrique, ils pourraient coopérer dans différents domaines internationaux. De plus, il est possible de remarquer qu'aucune mention de l'environnement n'est faite ni dans le Traité, ni par l'IBWC. Seules les sécheresses étaient prises en compte, jusqu'alors, parce qu'elles affectaient l'économie des pays. Ces éléments permettent ainsi de donner un aperçu du rôle de l'IBWC dans la mise en oeuvre du Traité sur l'eau de 1944. |
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