C) Les troubles d'apprentissage puis de l'attention,
avant-coureurs des troubles de comportement.
Les dossiers des enfants en situation complexe retracent leur
parcours au sein de l'institution, et montrent que tous ont initialement
présenté des troubles de l'apprentissage, suivis quelques
années après de TDA, et enfin de troubles du comportement.
En primaire, les apprentissages sont fondamentaux, les
matières socles, notamment les mathématiques et le
français ne changent pas du CP au CM2. L'enseignant accompagne
véritablement l'enfant au cours de l'année entière.
Dès le primaire, la vie quotidienne des enfants placés est
marquée par une temporalité spécifique (audiences
auprès du juge, visites médiatisées) et des absences
fréquentesqui les désavantagent. A leur admission, certains
paraissent en état de choc, avec parfois des retards de croissance,
incompatible avec l'accessibilité aux apprentissages. Pour certains, la
réponse à leurs besoins fondamentaux sera suffisante
àréinitialiser un parcours d'apprentissage déficitaire
ayant entrainé des retards de développement, des inhibitions
sociales, aphasie, incompréhension, troubles du comportement. Cependant,
demeurent certaines difficultés d'apprentissage figées,
nécessitant progressivement des prises en charge
spécialisées.
A l'entrée au collège, le mode d'apprentissage
change radicalement. Le morcellement des connaissances, la
différenciation et l'approfondissement des matières sollicitent
des aptitudes en alternance. Au quotidien, l'enfant devra être
suffisamment structuré pour trouver des repères, et avoir une
capacité de compréhension plus développée qu'en
primaire. C'est souvent à cette période de transition que les
enfants n'ayant pas encore été orientés vers le handicap
montrent des difficultés prégnantes. En effet, leurs troubles
d'attention et leurs difficultés d'apprentissage ne leur permettent pas
de répondre aux exigences du collège. Cette sensation
d'échec exacerbe leurs troubles du comportement avec des conduites
à risque démultipliées. L'enfant se referme cognitivement
et n'est plus accessible à l'apprentissage. Il décroche, et est
déscolarisé pour le mettre à l'abri et en attente d'une
prise en charge adéquate.
Envahis de ces troubles, leur parcours devient plus complexe,
parsemé d'exclusions, de déscolarisation, de retards scolaires,
et d'adaptation (DITEP, École de la deuxième chance, HDJ...). Si
pour certains, les troubles des apprentissages n'avaient pas encore
nécessité de prise en charge MDMPH, c'est fréquemment
à l'entrée en 6ième que les choses se crispent, les
troubles du comportement justifient alors de passer par un parcours de
handicap. Ces derniersprédominent et occultent les troubles des
apprentissages préexistants. Cela signifie que même si on venait
à canaliser les troubles de comportement, le décrochage scolaire
et les troubles des apprentissages, qui n'ont pas pu être soutenus, ne
permettraient pas à l'enfant de récupérer pleinement ses
chances. Les pertes de chances sont cumulatives : parcours enfance,
handicap (troubles des apprentissages, troubles du comportement) et favorisent
des décrochages scolaires, précurseurs des parcours d'exclusion
repérés en protection de l'enfance. Les enjeux pour ces enfants
dépassent donc le présent, il s'agit de préserver leurs
chances de devenir.
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