Réorganiser l'offre institutionnelle d'une MECS pour répondre à la situation des enfants en difficultés multiples.par Chrysalde MORIN Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) - CAFDES 2019 |
5.3.3 Assurer la prise en compte de la spécificité des problématiques des enfantsA) Articulation entre le parcours enfance et le diagnostic du handicap à améliorerAPlein soleil, les professionnels attendent une demande de la part des écoles, souvent orientée vers les bilans orthophoniques. Le cas échéant, les bilans cognitifs, neuropsychologiques et orthophoniquessont essentiellement demandés pour confirmer les troubles d'attention ou les retards. Le temps de construction d'un enfant placé est particulier, à son accueil, les retards d'acquisition sont majeurs, et son parcours traumatique oblige à une période de latence propice à sa récupération. C'est un temps de sécurisation, besoin fondamental préalable à tout autre, puis concomitant aux autres besoins fondamentaux. Cette sécurisation lui accorde la possibilité de mobiliser ses apprentissages. Nécessaire, elle lui laisse une possibilité de récupérer des acquisitions. L'équilibre en la matière est important, pour donner assez de temps à l'enfant afin que l'orientation soit à bon escient ; il ne s'agirait pas de poser un diagnostic trop tôt, ni de trop médicaliser la prise en charge. La Dr Bourgeaux I.53(*) dans son étude relève que les enfants s'inquiètent de leur situation et sont rassurés lorsque les bilans précisent ou infirment la nature de leurs difficultés. Quant aux professionnels, craignant d'étiqueter l'enfant, sont réfractaires aux bilans. Après leur arrivée dans l'établissement, certains enfants se remobilisent, d'autres peinent à récupérer ou restent figés dans leurs apprentissages et leur retard de développement, ceci est impossible à déterminer à priori. Je constate trois situations récurrentes. Premièrement, au regard des attentes de l'école basées sur l'évolution scolaire d'enfants ordinaires, les enfants de Plein soleil amorcent un différentiel de niveau, qu'ils ne rattrapent pas suffisamment. Les difficultés des parcours enfance (période de jugement, modification de garde) accroissent ce différentiel à mesure qu'elles mobilisent l'enfant. L'apprentissage comme gage d'avenir ne peut être une priorité en ces moments. Ceci est un terrain favorable aux décrochages à venir. Deuxièmement, si les apprentissages ont pu être partiellement récupérés, ils restent fragiles. Enfin, je remarque une difficulté supplémentaire pour les enfants à troubles de comportement associés. Leurs troubles focalisent l'attention et l'orientation, au détriment d'une vision fine des difficultés de l'enfant. Je noterais la situation d'un enfant orienté à mauvais escient en DITEP en lieu et place d'un IME. Lorsque le WISC fût réalisé les capacités de l'enfant étaient trop faibles pour être évaluables. L'enfant est resté déscolarisé durant trois ans faute de place en IME. Les autorités ont tenté de palier ce manque par un renfort éducatif, et la pédopsychiatrie a soutenu avec un jour de DEAT par semaine. Les exclusions temporaires des enfants à troubles du comportement sont massives et ne peuvent que renforcer leur décrochage, puis leur déscolarisation. Et ces troubles se manifestent aussi par leur absence volontaire non programmée au cours qui aboutit aux mêmes conséquences scolaires. * 53UNIFAF/CREAI, BOURGEAUX I .,« Une souffrance maltraitée..., op cit. |
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