3.3 Solutions
envisageablesà partir des reformes portuaires et structurelles
L'échec de la gestion portuaire, notamment le Port de
Radès, qui représente lui-même plus de 80% du trafic de
conteneurs, risque de priver le pays du maillon le plus important, la valeur
régionale et mondiale que le pays cherche à intégrer dans
la chaîne.
Les données recherchées par la Banque mondiale
montrent la gravité du problème. Le temps d'attente moyen est de
18 jours, ce qui est beaucoup plus élevé qu'il y a 10 ans (10-12
jours), ou comparé à d'autres régions comme le Maroc (6-7
jours). Les inefficacités de diverses parties prenantes, douanes, TTN,
STAM, OMMP et banques ont encore exacerbé ces indicateurs, et leurs
coûts ont exercé une pression sur l'économie. Le temps
d'attente moyen des navires au port a atteint 13 jours en 2018, et la STAM en
est responsable. Le rapport de suivi des navires AIS de MarineTraffic
mentionnait que, par exemple, 9 à 10 navires attendaient le 22 mai
2020.
Dans ce contexte, des réformes structurelles sont
nécessaires, notamment l'investissement dans les équipements et
les solutions technologiques modernes est une condition cruciale, mais pas
suffisante. En parallèle, il est nécessaire de revoir le
modèle d'organisation global propice à la spécialisation
et à la séparation des flux entre roll-on-roll et conteneurs dont
l'impact n'atteindra pas le potentiel et les attentes des investisseurs. Il est
également recommandé d'inclure le PPP (partenariat
public-privé), dans ce cas, afin d'établir un modèle de
gestion, à travers une gestion plus efficace des ressources
basées sur la performance, le secteur privé et le gouvernement,
qui profitera au gouvernement. L'économie tunisienne en
général. Les orateurs ont également regretté qu'il
y ait presque un manque de coordination entre les parties prenantes, ce qui
nécessite une gestion de haut niveau.
Le processus d'atteinte du « zéro papier et
zéro contact » nécessite également des efforts
numériques, au-delà de la plateforme de service à guichet
unique installée depuis 20 ans, à savoir la plateforme
TradeNet.
En ce sens, Badreddine Gammoudi, président de la
commission de réforme administrative, de bonne gouvernance et de lutte
contre la corruption du Conseil, s'est récemment rendu au port de
Radès, où il a constaté de nombreuses difficultés
d'installation du port, ce qui a un impact important sur l'économie
nationale, notamment l'amarrage avec les navires et déchargement des
conteneurs. Des questions structurelles pertinentes,ce qui explique que des
discussions avec diverses parties prenantes doivent être
organisées pour surmonter ces difficultés.
Bien avant de parler de réforme, le gouvernement doit
avoir la volonté politique de réformer. Car l'existence de cette
volonté est de premier ordre. Par conséquent, cela n'a pas de
sens pour un orateur de parler de réformes sans volonté
politique. De plus, le manque de volonté politique ne se produira pas
après le 14 janvier 2011. Car même avant la révolution, il
était impossible de briser le monopole de la société
tunisienne d'acconage et de manutention (STAM). En fait, c'est une entreprise
publique qui a besoin de réduire son déficit de gouvernance.
Par conséquent, certaines mesures d'intervention se
concentrent sur la nécessité d'une intervention gouvernementale,
c'est-à-dire des organismes de réglementation. Selon
l'intervenant, une intervention d'urgence. Surtout après la
révolution, la situation dans le port ne s'est pas
améliorée. Par conséquent, selon l'orateur, il n'y a aucun
doute.
A vrai dire, le port de Radés est l'épine
dorsale des flux du commerce maritime en Tunisie. Et par ricochet, la
qualité des services rendus au port de Radés, notamment pour les
transporteurs transparaît au travers du rendement et du degré de
compétitivité des entreprises opérant dans le secteur du
commerce international. La STAM (Société Tunisienne d'Acconage et
de Manutention) en sa qualité de concessionnaire et gestionnaire du
terminal à conteneurs au Port de Radés et assurant la
totalité de l'activité d'acconage et de manutention au port de la
Goulette semble embrouiller l'activité des transporteurs
maritimes.
Il est triste de remarquer que des témoignages
publiés en 2011 puissent encore être d'actualité et surtout
les mêmes observations hantent le port de Radès et
l'économie tunisienne. Mais voici quelques témoignages
collectés par Yosr GUERFEL AKKARI en 2011 :
· Zied Akkari, Directeur de Lignes dans SEAWAVE, une des
plus grandes compagnies de transport maritime en Tunisie« Le monopole ne
pourra jamais être productif »
« 80% des marchandises transitent par le port de
Radés et toutes les opérations de gestion du terminal à
conteneurs dont notamment l'acconage transitent systématiquement par la
STAM, l'entreprise publique qui détient le monopole du marché
à Radés. La productivité de ladite société
est quasi nulle et ses agents ne font qu'à leur tête. En fait et
par déduction le monopole ne pourrait jamais être productif. Pis
encore, les services rendus par la STAM sont en deçà des attentes
des opérateurs.
Un navire destiné à l'export ne peut attendre
une semaine, et ce genre de retard dans le transport et l'acconage des
marchandises ne peut que nuire à l'image de la Tunisie à
l'extérieur et altérer le fonctionnement des entreprises qui
endosseront le retard de livraison ou d'expédition et supportent en
conséquence les frais supplémentaires. Et depuis le 14 janvier,
la situation n'a fait qu'empirer davantage. Quatre grèves, dont la
dernière en date celle du samedi dernier. Heureusement que
l'activité portuaire a repris dans l'après-midi. A mon sens, la
STAM ne peut en aucun cas accaparer à elle seule la
quasi-totalité de l'activité de manutention et d'acconage au port
de Radés. Seule la concurrence permettra d'améliorer la
compétitivité du secteur de manière à mieux servir
les intérêts de tous les acteurs ».
· Hassen El Younsi, DG Tuniship (société
maritime)« L'activité de manutention et d'acconage au Port
de Radès devrait s'ouvrir tôt ou tard sur le secteur
privé »
« Personnellement je pense que l'activité de
manutention et d'acconage au Port de Radés devrait s'ouvrir tôt ou
tard sur le secteur privé et ce, pour une meilleure
compétitivité prix et hors prix. Nous avons été
submergés ces derniers temps par le nombre de navires en stationnement
sur fond de grèves de la STAM. Du fait nous avons été
obligés d'avoir recours aux armateurs ou encore aux « bateaux taxis
», à titre de location, pour acheminer la marchandise. Et dans la
majorité des cas, ces armateurs sont des mercenaires qui cherchent
à maximiser leur profit, indépendamment de la qualité de
leurs services fournis. Il ne faut pas perdre de vue que les
sociétés off shore opérant en Tunisie sont en
corrélation directe avec les chaînes de livraison et de stockage.
A titre d'exemple, tout dysfonctionnement au port de
Radés pourrait saborder les mécanismes et l'activité d'une
grande entreprise de câblage comme SAGEM, laquelle emploie un minimum de
4000 employés... Actuellement les flux sont tendus. Plusieurs
défaillances existent au Port de Radés. Les bateaux de la CTN,
sont prioritaires au port de Radés, ce qui est illogique. Un navire de
marchandises doit attendre le passage en premier d'un navire CTN. Or partout
dans le monde le premier arrivé est le premier servi. Le nombre de quais
est insuffisant, les machines sont le plus souvent obsolètes, le
rendement de l'activité d'acconage est quasi nul en plus de
l'encombrement des marchandises. Au final, il faut revoir ces insuffisances au
port de Radés qui représente le point focal d'entrée et
sortie de marchandises en Tunisie ».
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