1.6. Les choix de l'enseignant
La motivation des élèves est favorisée
par d'autres facteurs prodigués par l'enseignante tels que la
formulation des consignes, les choix didactiques, les encouragements et les
appréciations.
Selon le dictionnaire Larousse 2016, une consigne est «
une instruction formelle donnée à quelqu'un, qui est
chargé de l'exécuter ». Si comme le dit le dictionnaire, la
consigne apparaît comme un synonyme du mot « ordre », les
consignes peuvent donc engendrer une motivation extrinsèque chez
l'élève (il exécute la consigne pour éviter une
sanction). Généralement, la consigne est exécutée
car elle engendre un automatisme chez les petits. À moins d'être
déconcentrés ou boudeurs, il est rare qu'un élève
n'exécute pas une consigne. Mais en fonction de la façon dont
l'enseignante formule ses consignes, la
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motivation peut être plus ou moins forte. L'intonation,
l'utilisation de l'impératif et la formulation ont une influence sur la
motivation.
De plus, une étude réalisée par
R.Rosenthal et L.Jacobson en 1971 a démontré que la perception
qu'un enseignant peut avoir d'un élève induit des attentes et une
attitude plus ou moins positive envers ce dernier. On parlera de l'effet
Pygmalion. Les professeurs ont donc énormément d'influences sur
leurs élèves. L'effet Pygmalion décrit par Rosenthal et
Jakobson s'explique par l'influence que peut avoir un professeur ou un mentor
sur un de ses élèves suite à une supposition sur son
parcours scolaire. Dans le cadre de l'effet Pygmalion, cette supposition
servira de référence pour l'avenir. Si un professeur dit à
des élèves qu'ils sont bons, ils seront bons voire meilleurs
même s'ils ne l'étaient pas avant. Inversement, si un enseignant
ne cesse de juger ses élèves en utilisant des termes comme "nuls,
insatisfaisants, médiocre et décevants", les élèves
incarneront ces adjectifs et le deviendront.
Rosenthal a découvert l'effet Pygmalion en
réalisant une expérience sur des rats encadrés par des
étudiants. Après avoir constitué deux échantillons
de rats totalement au hasard, il informe un groupe de six étudiants que
le groupe n° 1 comprend 6 rats sélectionnés d'une
manière extrêmement sévère. On doit donc s'attendre
à des résultats exceptionnels de la part de ces animaux. Il
signale ensuite à six autres étudiants que le groupe des six rats
n° 2 n'a rien d'exceptionnel et que, pour des causes
génétiques, il est fort probable que ces rats auront du mal
à trouver leur chemin dans le labyrinthe. Les résultats
confirment très largement les prédictions fantaisistes
effectuées par Rosenthal : certains rats du groupe n° 2 ne quittent
même pas la ligne de départ. Après analyse, il
s'avère que les étudiants qui croyaient que leurs rats
étaient particulièrement intelligents, leur ont manifesté
de la sympathie, de la chaleur, de l'amitié; inversement, les
étudiants qui croyaient que leurs rats étaient stupides ne les
ont pas entourés d'autant d'affection.
En effet, si un enseignant valorise un élève, ce
dernier fera des efforts et voudra continuer à dégager cette
image d'élève studieux ; or si un enseignant dévalorise un
élève, le culpabilise et ne l'encourage pas,
l'élève se verra démotivé et ne fournira pas plus
d'effort, il ingérera les informations de l'enseignant et se pensera
« faible ».
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Les choix didactiques de l'enseignant ont un impact sur la
motivation. L'enseignant adoptera aussi des choix didactiques en lien avec les
démonstrations. L'observation de l'exécution des tâches par
d'autres favorise l'intérêt des élèves pour
l'activité. De plus, les rituels qu'instaure l'enseignant permettront de
rassurer les élèves, d'avoir des repères stables et de
s'engager plus facilement lors des séances. L'anthropologue Christophe
Wulf définit le rituel comme « un mouvement corporel avec un
début, une fin et une direction précise ». Les rituels sont
liés à la socialisation, c'est une façon de permettre
à l'élève de se référer au groupe au
même moment durant un laps de temps. Les rituels sont d'ailleurs
associés à la notion de regroupement.
Pour conclure, l'intérêt des rituels est de
mettre en place une cohésion collective face à la vie de la
classe et comme nous l'avons vu précédemment, la cohésion
et l'effet du groupe par imitation ou simple effet de masse permet aux
élèves de se sentir en confiance et donc d'agir avec beaucoup
plus d'enthousiasme. De ce fait, face à cet effet de masse,
l'élève peut quelques fois avoir besoin d'une attention plus
individualisée. Les remarques que l'enseignant peut faire à
l'ensemble du groupe, à un binôme ou à un
élève peut avoir un impact positif sur sa volonté et son
engagement lors des activités.
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