1.5. Le groupe et le binôme
Dans la classe qui sera étudiée, nous ferons face
à des groupes mais aussi à des binômes.
Beaucoup d'activités durant l'échauffement
s'effectuent en binôme et parfois presque toute la séance se
constitue de travaux en binômes.
En ce qui concerne les différentes définitions
proposées par D. Delignères et P. Duret ou d'autres chercheurs
tels que Lewin K. au sujet du groupe « ensemble d'individus qui partagent
un destin commun », je m'appuierai sur celle que suggère Sherif M.
qui me parait plus claire et complète. Dans son ouvrage Intergroup
relations and leadership publié en 1962 Sherif M. définit le
groupe comme un « ensemble d'individus amenés à
réaliser un but commun par leurs activités
interdépendantes ». C'est-à-dire que chaque membre d'un
groupe dépend de l'autre, il y a donc une dépendance mutuelle
entre les membres tout en ayant un objectif commun. Ce qui est lié
à ma problématique ici est le
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but à atteindre, et c'est ce dernier qui justifiera de
l'investissement et de la motivation des élèves.
De plus, un article intitulé Influence des
modalités de regroupement des élèves sur leurs
progrès moteurs rédigé par Pascal Bordes ( 2005)
tiré de la revue Carrefours de l'éducation, soutient que
le travail de groupe créerait « une dynamique plutôt
favorable à de meilleures performances ».
Jean Pierre Rey, journaliste français qui a
écrit de nombreux articles dans la revue EPS informe qu'il y a plusieurs
raisons qui poussent les individus à se mettre en groupe. Les groupes
peuvent se construire en s'appuyant sur des profils tels que l'identité
collective, les objectifs communs, les modalités de communication,
l'interdépendance et l'attirance interpersonnelle. Dans le cadre de la
classe de CP, nous verrons que les modalités de groupement risquent
d'être mises en place soit en fonction de l'attirance interpersonnelle
où les élèves ont des relations d'affinités, soit
en fonction de l'identité collective où les élèves
ont des similitudes au niveau physique par exemple, ou encore selon les
modalités de communication dans l'objectif de coopérer pour
atteindre le but.
D'après le dictionnaire Larousse, le binôme se
définit comme un ensemble constitué de deux personnes
considérées en un bloc. La pensée commune aurait tendance
à souligner l'idée que le travail de groupe encouragerait des
comportements inadaptés à l'apprentissage. Pourtant, cette
étude tente de démontrer le contraire. Le travail de groupe qui
s'effectue par deux se définit par Proulx (1999) comme « une
activité d'apprentissage limitée dans le temps par laquelle deux
ou plusieurs apprenants exécutent ensemble et sous un mode
intéractif une ou des tâches plus ou moins structurées dans
le but d'atteindre un ou des objectifs préalablement
déterminés ». Comme cette citation nous le
dévoile, la composition en binôme permet déjà de se
conditionner à être motivé étant donné qu'il
s'agit d'être ensemble dans le but d'atteindre un objectif.
Pour éviter qu'un élève se
considère comme étant imposant, l'enseignante pourra exercer des
modalités de groupement en rompant ces types de binômes. Sachant
que les binômes et les groupes peuvent être temporaires (car ils
pourraient changer à chaque séance), l'enseignante
n'hésiterait donc pas à retirer un élève assez
strict et directif avec le plus timide de la classe. L'objectif de
l'enseignante est de permettre à chaque enfant de se
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révéler à travers ces différentes
activités et de ce fait, elle favorisera l'investissement de chacun par
les modalités de groupement.
La mise en place des dyades dissymétriques pourra
certainement être un moyen de permettre aux élèves de se
surpasser physiquement. Elles se définissent par « la
différence de savoir et de pouvoir entre les partenaires ». Ainsi,
d'après Darnis Florence et Lafont Lucile, maitres de conférences,
il s'avère que «la condition de dissymétrie faible par
rapport à la condition de forte dissymétrie est plus favorable
à la performance motrice. »
Mais le groupe classe a aussi des effets majeurs sur les
comportements individuels. Chaque personnalité peut varier selon la
personnalité des autres membres. Jean François
Vincent, formateur à l'Éducation Nationale
affirme dans un de ses écrits que chaque personnalité est
influencée par le groupe classe qui prend en compte les attitudes, les
regards, les comportements et les paroles. Le groupe classe a d'ailleurs des
caractéristiques psychologiques qui agissent sur la motivation tels que
l'existence des buts collectifs communs, les intéractions, l'existence
d'émotions et de sentiments collectif.
Les élèves accroissent également leur
motivation en regardant les autres effectuer des tâches similaires. En
effet, l'observation d'un pair a plus d'influence sur ses croyances qu'une
démonstration du professeur selon Schunk et Hanson. En effet,
l'enseignant est souvent considéré comme un spécialiste
alors que l'élève est perçu comme plus proche de soi. Il
s'agit d'un apprentissage dynamique qui incite à la motivation. Dans le
cas des groupes homogènes et hétérogènes,
l'enseignant pourra ajouter l'observation d'un pair ou l'aide d'un pair.
D'ailleurs, Jean Philippe Abgrall (2012) dans son ouvrage
"Stimuler la mémoire et la motivation des élèves informe
que la constitution des équipes sollicitent l'adaptation aux
différents rôles en élaborant des stratégies
diverses et variés selon les objectifs. L'équipe consolide les
intéractions car elle permet d'accepter l'autre dans sa
différence en l'encourageant en cas de difficultés pour le bien
du groupe. La mise en place d'équipe permet donc de faire progresser les
élèves à partir d'un but commun. C'est donc l'enseignante
qui choisira les modalités de groupement dans le but de faire apprendre
et d'encourager tous les élèves.
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Philipe Meirieu, spécialiste de la pédagogie qui
s'est intéressé à la question de l'interaction entre pairs
dans les apprentissages et du travail en groupe démontre d'ailleurs dans
ses publications que les modalités de groupement influencent les
apprentissages à l'école. Travailler en groupe renforcerait le
sentiment de confiance en soi et permettrait aux élèves de se
sentir capables d'agir. L'amotivation est proche de «l'impuissance apprise
» selon Martin Seligman et l'objectif de l'enseignant est d'empêcher
les élèves de se sentir incompétents et
désintéressés par les activités proposés en
jouant sur les modalités de groupement, c'est-à-dire en variant
les binômes, en favorisant les affinités ou pas ou bien en jouant
sur les corpulences des élèves pour les motiver davantage
à se surpasser.
En somme, les différents types de groupes et les
binômes que nous avons pu définir démontrent bien que les
modalités de groupement peuvent jouer sur la motivation des
élèves. En effet, nous verrons par la suite que les
modalités de groupement mis en place ne sont pas anodines et que les
choix de l'enseignant ont une importance capitale sur la motivation des
élèves.
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