1.4.2 Les buts d'accomplissement
La seconde théorie en lien avec mon sujet concerne les
buts de maitrise et de performance. Le but de performance apparaît
lorsque l'individu cherche à démontrer sa
supériorité vis-à-vis de ses pairs en mettant en avant ses
compétences, tandis que le but de maîtrise se définit par
le fait qu'un individu cherche à progresser dans une activité ou
à maitriser la tâche à laquelle il est confronté. Il
y a un désir d'apprendre et de développer ses connaissances
d'après Carol S. Dweck et Ellen L. Legett dans l'article intitulé
Motivational processes affecting learning de la revue American
Psychologist, vol. 41, p. 1040-1048,
Les chercheurs Darnon, Buchs et Butera définissent le
but de maîtrise appelé aussi but d'implication dans la tâche
comme « une évaluation de compétences propres
basée sur l'amélioration de la maîtrise de la tâche.
Il correspond donc au désir d'apprendre. » Le but de
performance appelé aussi but d'implication dans l'ego par contre
reposerait sur « ses compétences en rapport avec celles des
autres, il correspond au désir de se montrer meilleur que les autres
».
La motivation pourrait se manifester par des stratégies
adoptées afin de parvenir à un ou plusieurs buts. Les buts
mixtes, de maitrise et de performance peuvent être assimilés
à des constructions cognitives précisant ce que les individus
tentent d'accomplir et les raisons qui les poussent à agir
d'après Paul R. Pintrich. Ces mêmes auteurs soutiennent
l'idée que le choix d'un des buts d'accomplissement peut modifier les
réactions face aux tâches d'apprentissages. En effet, un individu
pourrait avoir tendance à remettre en question ses compétences ou
son état de satisfaction face à un échec lors de la mise
en place de ses stratégies. Mais s'attacher aux buts motivationnels peut
faire apparaitre des
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conflits selon la situation, l'apprentissage et l'enjeu. La
peur d'échouer peut devenir une crainte immense ce qui renforce l'envie
de s'appliquer.
Latham et Locke tendent aussi vers cette théorie en
2007 avec la notion d' « assignation d'objectif ». L'assignation
d'objectif se définit par le fait d'orienter l'attention des individus
vers les aspects pertinents de la tâche, de mobiliser l'effort des sujets
et d'inscrire cet investissement dans la durée. D'ailleurs dans le cadre
de la semaine de la persévérance scolaire qui eut lieu du 14 au
18 février 2011, une association de l'Estrie, région canadienne,
nommée « Panda » a pris l'initiative d'interroger des enfants,
des parents et des intervenants sur leurs définitions de la
persévérance scolaire. À la suite de ces entretiens, on
constate que toutes ces personnes associent la persévérance
à un but à atteindre. Certains disent que c'est aussi le fait de
demander de l'aide, c'est une façon d'éviter l'abandon. Une des
jeunes explique que cette motivation n'aurait pas lieu sans le soutien des
professeurs qui restent "allumés" c'est-à-dire qui ne baissent
pas les bras face aux élèves qui peuvent rencontrer des
difficultés et tout cela prouve bien qu'il y a un lien étroit
entre la persévérance et la motivation.
Mais il y a aussi d'autres théories de la motivation
telles que celle du psychologue américain Abraham Maslow qui publie sa
théorie en 1956, selon laquelle tout individu ressent des besoins qui
sont sources de motivation. Il propose l'existence de besoins répartis
en cinq catégories, qu'il est possible de hiérarchiser au sein
d'une pyramide. C'est ce qu'on appelle la pyramide des besoins de Maslow. Les
besoins physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins
d'appartenance à un groupe, les besoins de reconnaissance et d'estime de
soi et les besoins d'accomplissement. Les besoins physiologiques sont les
besoins primaires chez les êtres vivants (nourriture, hydratation,
sommeil, respiration). Le manque de ces besoins peut générer une
frustration intense rendant toutes les autres choses de la vie futiles. Les
besoins de sécurité englobent le besoin d'être dans un
cadre rassurant, paisible, protégé. Maslow parle de «
névrose obsessionnelle compulsive » comme étant «
l'expression extrême d'une quête de sécurité ».
L'individu a besoin d'une structure et d'ordre dans sa vie. Les besoins
d'appartenance à un groupe se manifestent par le besoin d'aimer et
d'être aimé au sein d'un groupe. L'individu se sent exister, il
comprend son intérêt dans le groupe et crée des liens
affectifs. Le manque de ce besoin peut créer une frustration menant
à la marginalisation. Le besoin de reconnaissance et d'estime de soi est
la capacité à être considéré comme une
personne à part entière, respectée pour ses
qualités et acceptée
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pour ses défauts. Sans cela, un sentiment
d'infériorité et d'impuissance peut faire surface. Le besoin
d'accomplissement permet de découvrir réellement à quoi on
aspire et dans quoi on est compétent.
Au sein de mes travaux, je choisis donc de focaliser mon
protocole de recherche sur les besoins d'estime de soi, d'appartenance et de
sécurité. Je pense que ces besoins se retrouveront chez les
élèves à travers cette pratique sportive. Cette
théorie se lie d'ailleurs à l'appartenance au groupe où
les élèves pourraient modifier leurs actions en fonction des
modalités de groupement. L'estime de soi-même, définit
comme étant la mise en valeur positive de soi, est aussi
revigorée quand les élèves se voient encourager par leur
enseignant, ce qui favorise la motivation. Et enfin les besoins de
sécurité, qui efface ou estompe les appréhensions des
élèves lors de cette pratique sportive liée au sport de
combat.
En ce qui concerne le besoin d'appartenance, nous verrons par
la suite que le groupe peut avoir une grande influence sur cette motivation.
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