3- L'effort porté sur les infrastructures
routières
La route est actuellement et restera pendant longtemps la
principale voie de déplacement dans les mobilités abidjanaises.
Elle fait donc l'objet d'une attention et d'efforts soutenus de la part de la
puissance publique, qui multiplie les projets de réhabilitation et de
création d'axes routiers. Ce sont les projets concernant les
infrastructures routières qui nous occuperons donc dans cette partie.
A) Trois nouveaux ponts prévus sur la décennie
2014-24
La lagune Ébrié coupe la commune d'Abidjan en
deux sur environ quinze kilomètres, de Yopougon à l'Ouest
à la Riviera 6 à Cocody à l'Est. Avant 2014, seuls deux
ponts permettaient de rallier le Nord et le Sud de la ville : le pont
Félix Houphouët-Boigny, livré en 1951, et le pont
Général-de-Gaulle, livré en 1967. Ils relient tous les
deux la commune d'affaires, le Plateau, avec la commune de Treichville au Sud.
Ces deux passages stratégiques connaissaient des problématiques
de congestion routière, encore importantes aujourd'hui, avec des
répercutions en amont sur les voies d'accès qui impactent le
trafic à échelle de l'agglomération. Depuis 2012, des
efforts importants ont été investis pour pallier ce manque.
Ainsi, le troisième pont de la ville, du nom de l'ancien
président Henri Konan Bédié, a été
achevé en 2014. Construit sensiblement plus à l'Est que les deux
premiers, ce pont relie la commune de Cocody, qui a connu une très forte
croissance spatiale durant les dernières décennies, à la
commune de Marcory au Sud. Long d'un kilomètre et demi, il a
été conçu pour une prévision trafic de 100 000
véhicules par jour. D'après la direction de
Socoprim26, qui ne délivre pas de bilan public, ce chiffre
n'est pas atteint, mais pas loin. Sa mise en service a donc
considérablement soulagé la congestion routière sur le
trafic Nord-Sud, mais également sur un axe Est-Ouest à Cocody du
fait du détour qu'il fallait avant faire pour aller emprunter le pont
Général-de-Gaulle. En plus de ce pont, deux autres sont
actuellement en construction : les quatrième et cinquième ponts
d'Abidjan. La quatrième pont, censé avoir été
achevé fin 2020, a pris du retard pendant la période de
restrictions liée au Covid-19. Il connectera la commune de Yopougon
à l'Ouest avec celle du Plateau, et permettra de soulager l'autoroute du
Nord, actuellement seule voie de passage entre les deux. Enfin, la construction
d'un cinquième pont a été lancée au sein d'un
26 Entretien réalisé le
29 janvier 2021 dans les locaux de Socoprim, l'entreprise concessionnaire du
pont HKB.
101
projet nommé projet d'aménagement de la baie de
Cocody (PABC). Il franchira la baie de Cocody, reliant le Plateau à
Cocody. On peut observer leur implantation spatiale sur la carte ci-dessous
(CARTE 9).
Carte n°9 : Les ponts d'Abidjan
Quatrième pont
Pont Félix Houphouët-Boigny
Cinqième pont
Pont-De-Gaulle
Pont Henri Konan Bédié
Réalisation : Gaspard Ostian, 2021.
Parallèlement à la construction des trois
nouveaux ponts, une rénovation importante du pont FHB a
été lancée. Nous pouvons donc dire que d'importants
efforts sont en cours concernant la multiplication des ponts à Abidjan,
qui auront des conséquences positives à moyen et long terme sur
la mobilité dans la ville. Nous pouvons néanmoins remarquer
grâce à la cartographie ci-dessus que les chantiers sont à
l'heure actuelle très centralisés, et l'on ne peut pas dire que
l'effort se fasse encore à échelle du Grand Abidjan tout entier.
En effet, la lagune s'étend plus loin de part et d'autre des dix
communes initiales d'Abidjan. Ils sont néanmoins construits dans la
partie de l'agglomération où le besoin s'en fait le plus
ressentir.
102
B) Des efforts portés sur des axes rapides
L'un des changements principaux dans la morphologie
routière d'Abidjan sur la dernière décennie est
l'apparition de voies rapides, à deux échelles : au sein de
l'agglomération, et connectant l'agglomération à
l'intérieur du pays. L'un des projets majeurs est l'autoroute du Nord,
ouverte en décembre 2013, premier axe autoroutier du pays. Actuellement,
il part d'Abidjan, traverse la commune de Yopougon d'Est en Ouest, et va pour
l'instant jusqu'à Yamoussoukro, la capitale politique du pays. Il est
prévu, à terme, qu'elle aille jusqu'à Ouagadougou au
Burkina Faso, même si cela reste pour l'instant au pur état de
projet. Cette autoroute du Nord connecte Abidjan à l'intérieur du
pays, mais connecte également au sein de l'agglomération la
commune de Yopougon, la plus grande de la ville, au reste de la ville par le
biais d'Adjamé. Toujours à échelle de
l'agglomération, un autre axe rapide, l'autoroute de Bassam, a
été ouverte en 2015. Cette dernière connecte le coeur
d'Abidjan le Sud de la ville à Grand Bassam, commune
périphérique d'Abidjan située sur le territoire du Grand
Abidjan, et qui est l'un des territoires les plus touristiques de la Côte
d'Ivoire. Cette voie rapide permet de rallier la commune de Marcory à
Grand Bassam en 45 minutes.
Au-delà de ces deux voies déjà
livrées, le SDUGA prévoit la construction d'une rocade à
échelle de l'agglomération, nommée rocade Y4. Il y est
présenté de la façon suivante : « L'un des
principaux projets routiers est la Voie Y4 qui devrait améliorer la
fonction du réseau routier en éliminant le flux de
véhicules dans les zones urbaines tout en dispersant le trafic entrant
dans le centre urbain du Plateau et d'Adjamé » (SDUGA, p.21).
Ce projet s'insère dans une volonté de clarifier dans le Grand
Abidjan la classification fonctionnelle des routes et la hiérarchisation
du réseau routier. Les axes principaux et secondaires doivent être
clairement distincts, afin de pouvoir séparer efficacement les vitesses
de circulation en fonction de la hiérarchie routière. L'enjeu est
d'avoir des axes rapides de grande capacités connectés à
des axes secondaires, eux-mêmes connectés à
l'échelon le plus affiné du réseau. La séparation
des capacités et des vitesses sur les voies routières permettra
ainsi une sensible augmentation de la vitesse moyenne sur le réseau
entier, en diminuant la congestion et en augmentant les vitesses de
déplacement sur les axes rapides.
Le résultat a été cartographié de
la sorte (CARTE 10) lors de la parution du SDUGA en 2015. On voit que
l'autoroute de Bassam n'était pas encore mise en service mais bien
projetée.
103
Le principe de hiérarchisation du réseau y
apparaît clairement. On peut également constater que la
planification est faite à échelle du Grand Abidjan tout entier,
et non seulement du District. Des axes projetés comme la route
d'Alépé ou l'autoroute de l'Ouest, vers Dabou, en
témoignent. Même si cette carte, qui comprend beaucoup
d'infrastructures encore non réalisées, est à prendre avec
précaution, il permet de mieux comprendre la stratégie des
autorités en termes d'axes routiers rapides à échelle de
la métropole.
Carte n°10 : les principaux projets routiers dans le
Grand Abidjan
Source : mission d'étude de la JICA, 2015
C) Un réseau routier de plus en plus
revêtu
La Côte d'Ivoire produit d'importants efforts pour le
revêtement de son réseau routier, encore très
majoritairement non-goudronné, ce qui limite fortement les vitesses de
déplacement et augmente la dégradation des véhicules et le
taux d'accidents de la route. Cela a mené en 2016 le gouvernement
ivoirien à décider d'un vaste plan de développement
routier de 3 700 milliards de francs CFA, soit plus de cinq milliards d'euros,
avec pour mission principale le revêtement d'axes existants ou la
création de nouveaux axes revêtus. Le Grand Abidjan est au coeur
de cet important effort, qui vise notamment les parties les plus jeunes de la
ville, situées en périphérie, par exemple sur la commune
de Cocody, qui a connu sur les dernières décennie une
très
104
importante croissance spatiale. Le quartier par exemple du
Nouveau CHU de Cocody, à Angré, a vu son paysage routier
évoluer considérablement sur la dernière décennie.
Ce nouveau centre hospitalier universitaire, le cinquième de Côte
d'Ivoire, a été inauguré en décembre 2017. Autour
de lui, de nombreuses routes goudronnées ont été ou vont
être créées ou revêtues. Dans la ville, on peut
retrouver des traces de ces changements récents dans les
dénominations, à l'image du carrefour « Nouveau goudron
» sur le boulevard Mitterrand.
105
|