E-réputation et image de soi : les réseaux sociaux entre réalité et mise en scène - le cas d'Instagrampar Maïwenn CHERIN UFR SLHS Franche-Comté - Master 2 Information - Communication 2019 |
3.2.2 Intoxication numérique et besoin de déconnexionMalgré les avantages que peuvent apporter le web 2.0, tant dans la rapidité d'accès aux informations, l'immédiateté des échanges, etc. il amène également de nombreux désagrément. La possibilité d'être joignable à tout moment entraine la création d'un sentiment de présence continuelle au travail ou aux réseaux sociaux. Nous recevons sans cesse des notifications des réseaux 170 Entretien Morgane, 10 juin 2019 et entretien Elise, 15 juin 2019 171 Entretien Morgane, 10 juin 2019 172 Entretien Elise, 15 juin 2019 58 sociaux, des messageries instantanées, des mails pour nous dire que telle personne nous a identifiés sur tel réseau, etc. il y a un sentiment de devoir être continuellement joignable en toute circonstance, ce qui parfois peut empiéter sur les relations réelles. Il est commun souvent de croiser des individus à plusieurs, partageant un instant dans le monde réel, mais tous en pleine conversation virtuelle. Mickaël Stora173 est un psychanalyste qui soigne des patients dépendants des objets numériques. Il parle d'intoxication au numérique lorsque les individus sont amenés à éviter la réalité pour se construire à travers un monde numérique qu'ils idéalisent. 3.2.3 Présence sur les réseaux sociaux sous la pression socialeCertains individus peuvent ressentir le besoin de se déconnecter pour échapper à l'emprise du web sur leur vie. Mais certains n'y parviennent pas justement à cause de l'influence qu'exercent les réseaux sociaux sur leur quotidien174. Les individus peinent à rompre le contact avec autrui car l'homme est un être social. Il y a une peur de rater des rencontres, des événements car une grande partie de notre socialisation se fait sur le web. Les individus veulent se sentir reconnus et intégrés dans la société et refusent de s'isoler des autres. Nous échangeons continuellement avec nos pairs via les messageries instantanées, nous pouvons avoir accès à tous nos amis via les réseaux sociaux, à nos contacts professionnels sur Linkedin, nos musiques sur Youtube, etc. (Jauréguiberry, 2013)175. Nous retrouvons la peur de l'invisibilité d'Honneth (2005)176 évoqué plus haut. Les individus ne veulent pas se sentir délaissés et mis à l'écart de la société. Par exemple, notre époque fonctionne pour les jeunes selon les réseaux sociaux qui s'adaptent de mieux en mieux à nous, à nos goûts avec le traçage de nos données. Nous nous voyons nous proposer sur les réseaux sociaux des contenus qui nous intéresseraient, des événements qui nous plairaient, etc. mais surtout, ce sont sur les réseaux sociaux que s'organise également la vie collective. Nous pouvons faire des conversations groupées, des événements fermés pour les anniversaires ou les fêtes, etc. Mais si une personne ne possède pas de compte sur un réseau social, il est déconnecté de cette sociabilité virtuelle, il est mis de côté. Tous les sujets d'actualité, les effets de modes, les « mèmes » qui sont les nouveaux supports de conversations créés du lien entre les individus auquel nous n'avons pas accès si nous sommes déconnectés. La déconnexion est une volonté de contrôle de la technologie et d'évitement de cette pression numérique et sociale, une fuite à la surcharge des informations, à l'hyperconnexion mais à laquelle personne ne veut s'y résoudre par peur de se retrouver seul. (Jauréguiberry, 2014)177 173 BROUZE Emilie. Publier beaucoup, c'est trahir une fragilité narcissique, L'Obs, Nos vies connectées, 1er septembre 2017 (Consulté le 19 décembre 2018) < https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies- 174 JEHEL, Sophie. Les pratiques des jeunes sous la pression des industries du numérique. Le Journal des psychologues, vol. 331, no. 9, 2015, pp. 28-33. 175 JAURÉGUIBERRY, Francis. Déconnexion volontaire aux technologies de l'information et de la communication. 2013 176 HONNETH, Axel. Invisibilité : sur l'épistémologie de la « reconnaissance. Réseaux, 2005, n° 129-130, p. 39-57 177 JAURÉGUIBERRY, Francis. La déconnexion aux technologies de communication. Réseaux, vol. 186, no. 4, 2014, pp. 15-49 59 |
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