3.2 Les risques pour l'image de soi dans la recherche
d'appartenance et de reconnaissance
3.2.1 Complexes et image négative de soi
Cette recherche de la perfection sur les réseaux
sociaux, de soi et de son quotidien, malgré une mise en scène
très travaillée, peut amener les individus à
développer des sentiments négatifs vis-à-vis
d'eux-mêmes. Nous pouvons développer des troubles de notre image,
face à des individus sportifs exposant continuellement leur physique et
leurs performances. Parfois, nous utilisons la personnalité des autres
comme moteur (Mayer, 2018)169 pour leur ressembler, pour
espérer obtenir la reconnaissance de ces individus que l'on
idéalise. Nous pouvons également parler de l'exemple des
influenceurs. Les auteurs parlent d'une influence frappante des instagrammeurs
professionnels sur les abonnés, mais nous nous rendons compte que
certaines personnes « lambda » ont autant de pouvoir que ceux-ci.
Nous pouvons en apporter la preuve avec le nombre d'abonnés : lors de
notre analyse de contenus, nous remarquons que trois comptes « lambda
» comptabilisent 50 500, 165 00 et 10 100 abonnés tandis que
certaines influenceuses ne comptabilisent que 5346 ou 9029 abonnés.
167 Entretien Camille, 07 juin 2019
168 Entretien Zélie et entretien Justine, le 03 juin
2019
169 MAYER, Agathe. Complexes : Attention aux réseaux
sociaux. Top Santé, 08 mars 2018.
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Lors de nos entretiens, nous avons relevé que les
influenceurs occupent une grande place dans le fil d'actualité des
individus et les inspirent. Malgré le fait que les personnes regardent
beaucoup les photos des autres personnes et des professionnels qui parfois, les
font se sentir mal, il y a quand même une évolution positive sur
Instagram. En effet, prenons l'exemple de Morgane et d'Elise170 qui
ont su s'accepter et rejeter les dictats grâce aux influenceuses
féministes qui les inspirent. Comme évoqué
précédemment, Instagram créé des normes
esthétiques auxquelles les individus doivent se plier afin de se sentir
« comme les autres », amenant ainsi une pression sur soi et son
image. Les stéréotypes de beauté diffusés sur les
réseaux sociaux peuvent amener à complexer, notamment le
tiraillement entre l'image que l'on voudrait avoir de soi et celle que l'on
possède réellement. Nous remarquons d'après notre analyse
que les individus continuent de se sentir complexés face aux canons de
beauté diffusés sur les réseaux sociaux. Instagram demeure
un média de l'image qui pousse les instagrammeurs à se comparer.
Ils se questionnent sur eux-mêmes et leur apparence quitte rejeter son
identité. Les photographies véhiculant les
stéréotypes de beauté confrontent les personnes à
des sentiments négatifs : la jalousie, les complexes et donc la peur de
ne pas être reconnu par les autres « Ça me donnait
l'impression d'être banale et en-dessous de la société
» (Morgane171). Certaines personnes se remettent
même en question « je me demandais si j'étais normale
» (Elise172) Mais peu à peu certains prennent
conscience de la non-réalité de ce qu'ils voient, de la mise en
scène des clichés auxquels il ne sert à rien de se
comparer. Instagram devient pour certains un lieu de revendication de soi et de
sa différence, de son corps, de ses droits. Quelques personnes
n'hésitent plus à s'exposer malgré leurs divergences face
aux normes habituelles du réseau social. On essaye de renverser la
tendance, de s'exprimer. Mais ce phénomène n'est pas externe
à notre problématique. Certains tentent de ressembler aux
clichés de beauté auxquels ils sont confrontés, et
d'autres essayent de se créer une identité et d'être
reconnus pour leurs particularités. Nous pouvons revenir sur le
paradigme d'Axel Honneth expliquant le besoin des minorités collectives
de faire accepter leur existence et leur différence auprès de la
société. Le besoin d'être reconnu pour soi auprès de
ses pairs est le sentiment qui anime chacun, qu'il soit conforme aux autres ou
au contraire, qu'il revendique ses dissemblances.
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