CONCLUSION GENERALE
L'objectif à atteindre dans cette étude
était d'analyser les facteurs du processus d'étayage qui rendent
compte sur le niveau d'adaptation de l'élève déficient
visuel en milieu scolaire. Spécifiquement, il s'agissait de comprendre
en quoi les facteurs socio affectifs, cognitifs ou langagiers rendent compte du
niveau d'adaptation de l'élève déficient visuel dans les
lycées d'enseignement généraux. En effet, nous avons
constaté que malgré l'existence des textes légaux qui
recommandent l'éducation inclusive au sein des établissements
scolaires, le statut de la personne handicapée reste toujours
mitigé. D'où la question de recherche suivante : quels sont
les facteurs du processus d'étayage qui rendent compte du niveau
d'adaptation scolaire des déficients visuels ? Pour répondre
à cette question de recherche, nous avons formulé
l'hypothèse suivante : la qualité du processus
d'étayage rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel. Celle-ci se décline en deux hypothèses
secondaires qui sont :
- HR1 : l'aspect socio affectif du processus
d'étayage rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel ;
- HR2 : l'aspect cognitif ou langagier de lu processus
d'étayage rend compte du niveau d'adaptation de l'élève
déficient visuel.
Pour explorer ces hypothèses, nous avons adopté
un devis qualitatif. Les données ont été collectées
par un entretien semi structuré que nous avons adressé à
un échantillon restreint de deux déficients visuels
fréquentant au lycée bilingue d'Ekounou. A cette population nous
avons associé la participation du corps éducatif,
constitué d'enseignants titulaires des déficients visuels
interrogé lors des entretiens. Le corps éducatif était
constitué de deux Conseillers d'Orientation et de deux enseignants. En
dehors de ces éducateurs, nous avons aussi eu un entretien avec l'un des
parents d'élèves, puis un focus group mené avec certains
camarades de ces élèves à besoins spéciaux.
Les données traitées ont été
faites à partir de l'analyse de contenus. Un guide d'entretien a
été défini au préalable. Les principaux
résultats de l'analyse sont les suivants :
- Premièrement, la qualité du processus
d'étayage socio affectif est favorable à l'adaptation des
déficients visuels en milieu scolaire ;
- Deuxièmement, la qualité du processus
d'étayage cognitif ou langagier est favorable à l'adaptation des
déficients visuels en milieu scolaire.
Au demeurant, il apparaît clairement à travers
nos résultats que la théorie de l'étayage
élaborée par Bruner (2003) est clairement justifiée. La
qualité du processus d'étayage mis sur pied par
l'éducateur a une grande importance quant à l'adoption et
l'élaboration d'un modèle d'inclusion. En fonction de nos
investigations en milieu scolaire, il en ressort une absence d'encouragement et
de mise en confiance des élèves déficients visuels par les
éducateurs (Conseiller d'Orientation et enseignant). Par ailleurs, nos
résultats montrent qu'il y'a absence de prise en charge d'une partie du
discours, absence d'interaction et que les techniques d'animation ne sont pas
mises en place par tous les éducateurs. Enfin, il est à noter que
dans nos établissements scolaires l'enseignant et le Conseiller
d'Orientation n'adoptent pas une attitude qui permet à
l'élève malvoyant d'être serein et de participer au cours.
Les éducateurs n'articulent pas assez à haute voix et font leur
cours sans tenir compte que les élèves déficients visuels
doivent retranscrire les cours en braille. Toutes choses qui démontrent
que l'étayage langagier et cognitif est faible. Grâce à
l'exploitation de ces données, cette recherche interpelle la
communauté éducative sur la nécessité d'oeuvrer en
synergie pour la formation et l'insertion sociale des enfants frappés
de cécité en vue de faciliter leur autonomisation. Les parents et
les autres membres de la communauté éducative doivent apporter
leur contribution pour permettre aux déficients visuels de s'adapter au
milieu scolaire. Dans la même lancée, cette recherche incite les
responsables et les autres acteurs de notre système éducatif de
mettre en place des formes d'adaptation pédagogiques que l'enseignant
et le Conseiller d'Orientation pourraient mettre en oeuvre. Enfin cette
recherche lève le voile sur les problèmes d'adaptation scolaires
des élèves malvoyants.
Des élèves, à cause de leur handicap
continuent d'être des victimes d'une société qui n'a pas
été suffisamment éduquée pour venir en aide aux
personnes présentant un handicap quelconque. Dans le souci
d'améliorer l'autonomie des personnes handicapées, une
brèche est tendue aux différents acteurs éducatifs pour
vulgariser au moyen de l'inclusion, les compétences des
déficients visuels au sein de la communauté toute entière
en général et au sein du Cameroun en particulier. Même si
la mise en place de l'inclusion au sein de nos établissements scolaires
reste assez difficile du fait de la précarité du niveau de vie,
les enseignants doivent se battre afin d'intégrer au maximum tous les
élèves avec ou sans handicap. L'inclusion est un bon moyen pour
mettre tous les élèves sur un même pied
d'égalité.
Dans la logique inclusive, c'est à l'école de
s'adapter pour apporter une réponse scolaire au plus près des
besoins de chaque élève. Chaque élève a donc sa
place à l'école ordinaire, quel que soit un handicap, il
« suffit » de mettre en place les adaptations
nécessaires. Cette différence majeure vient du
processus selon lequel, l'intégration fonctionne de
l'extérieur vers l'intérieur. Ainsi, un enfant que l'on
intègre est à priori hors de l'école (puisqu'on veut
l'intégrer...) et l'intégration va consister à le placer
dans le milieu ordinaire. Le processus de l'école inclusive est
inverse : l'enfant est à priori dans l'école ordinaire et
celle-ci doit s'organiser pour trouver les aménagements permettant une
scolarité au mieux des besoins de tous les élèves.
Lorsqu'une école accueille des enfants présentant des besoins
très importants, elle sera alors amenée à recourir
à des moyens et services spécialisés. On le comprend, la
difficulté de l'école inclusive, c'est de conjuguer adaptation
aux élèves et milieu scolaire. L'adaptation se fait depuis
longtemps dans beaucoup de classes et établissements
spécialisés, il s'agit maintenant de rendre le
spécialisé ordinaire.L'inclusion est un dispositif qui fonctionne
parfaitement lorsque l'écart entre les besoins de l'enfant à
besoins particuliers et ceux des autres enfants considérés comme
« dans la norme » n'est pas trop important, notamment du
point de vue cognitif. La situation est différente pour les
élèves qui doivent composer avec une déficience importante
entre leur niveau et celui des autres enfants de la classe supposés
être dans la norme. Plus l'écart est important, plus la situation
est difficile à gérer pour les enfants comme pour les
enseignants, les parents et les professionnels accompagnateurs.
L'intégration en milieu scolaire a donc des limites.
Or, l'école inclusive, ce n'est pas
l'intégration de tous les enfants en classe ordinaire sans aide
extérieure, qui peut être considérée comme le niveau
d'intégration le plus poussé. On voit bien les limites d'une
telle scolarité pour les élèves ayant des besoins
très importants, de même que l'inquiétude des parents et
professionnels qui ne savent pas comment prendre en compte la différence
dans un dispositif construit pour être homogène. L'école
inclusive suppose de partir des besoins des élèves et de les
prendre en compte dans un cadre ordinaire. Le mot ordinaire prend alors tout un
autre sens que « même enseignement pour tous ». Il
s'agit de trouver un dispositif dont les adaptations seront rendues normales.
Dans ce cadre chaque sortie d'un enfant à besoin éducatif
particulier est problématique : l'enfant est marginalisé et
exclu d'un groupe qui continue son cours ordinaire. Pour devenir inclusive, il
est donc nécessaire d'envisager une transformation de l'école
afin de rendre possible la prise en compte des besoins éducatifs
particuliers des élèves. L'école inclusive offre la
possibilité de mettre en place des dispositifs de réussite
scolaire au sens où les enseignements que l'on va leur proposer vont
correspondre à leurs besoins et donc qu'ils seront capables d'apprendre
ce qui leur est enseigné.
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