2.3. THEORIE EXPLICATIVE
La présentation de cette théorie qui
caractérise notre étude s'articule autour des deux points
suivants : l'étayage selon Vygotski puis selon Bruner. C'est ainsi que
le concept d'étayage bien qu'introduit par Bruner, trouve son origine
dans les travaux de Vigotski.
2.3.1.
Médiation sociale et conduite d'enseignement-apprentissage
Selon ce modèle, l'enfant se construit dans un
environnement social issu d'une culture. Les interactions sociales favorisent
le développement de l'enfant car elles lui fournissent tous les
éléments dont il a besoin pour se développer. Selon lui,
le processus de développement de l'enfant obéirait à des
étapes précises. Ce dernier parle d'une zone proximale de
développement (ZPD) qui renverrait à la distance entre le niveau
développemental actuel tel qu'il est déterminé par la
résolution indépendante de problème et le niveau de
développement potentiel tel qu'il est déterminé au cours
de la résolution des problèmes, sous le contrôle d'adultes
ou en collaboration avec des pairs plus avancés. En d'autres termes, la
ZPD est « la différence entre les performances de l'enfant
laissé à lui-même et les performances du même enfant
quand il travaille en collaboration ou avec l'assistance de l'adulte ».
(Vygotski, 1978, p.86). En outre le guide qui peut être
considéré comme un médiateur accompagne l'enfant dans le
développement proximal en lui permettant d'accéder au monde qui
l'entoure et par la même occasion à résoudre des
problèmes. Enfin, il lui permet d'accéder à des
connaissances et à des pratiques en lien avec la société
où il vit et sa culture.
Dans la lignée des travaux de Vygotski,
Jérôme Brunerpose :
- la pensée de l'enfant est d'origine sociale :
c'est par la médiation sociale que se construise les connaissances ;
- l'apprentissage précède le
développement (inverse de Piaget pour qui il faut attendre un certain
niveau de développement pour apprendre quelque chose de neuf) ;
- il y a une spécificité des conduites
d'enseignement-apprentissage scolaire par rapport aux conduites
enseignement-apprentissage quotidiennes.
Pour Bruner, la médiation sociale lors des conduites
d'enseignement-apprentissage (interaction de tutelle) s'exerce sur un mode
communicationnel (dialogique). Il introduit deux concepts clefs rendant compte
des processus de régulation dans ces interactions de tutelle, celui
d'étayage et de format.
Interactions entre un adulte et un enfant grâce
auxquelles l'adulte essaye d'amener l'enfant à résoudre un
problème qu'il ne sait résoudre seul. Les processus
d'étayage permettent la mise en place de formats (formes
régulatrice des échanges) et l'adulte guide l'enfant pour qu'il
se conforme à ces formes standardisées, à ces patterns
d'échanges réguliers et ritualisés. C'est à
l'intérieur de ces formes que l'enfant grâce à
l'étayage de l'adulte, pourra s'autonomiser vers des conduites de
résolutions.
Lié au concept de ZPD, l'étayage désigne
"l'ensemble des interactions d'assistance de l'adulte permettant à
l'enfant d'apprendre à organiser ses conduites afin de pouvoir
résoudre seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au
départ". L'adulte prend en charge les éléments de la
tâche que l'enfant, l'élève ne peut réaliser seul.
Bruner repère 6 fonctions :
- L'enrôlement correspond aux
comportements du tuteur (adulte ou enfant) par lesquels il s'attache à
engager l'intérêt et l'adhésion de son (ou ses)
partenaire(s) envers les exigences de la tâche ;
- La réduction des degrés de
liberté correspond aux procédures par lesquelles le
tuteur simplifie la tâche par réduction du nombre des actes requis
pour atteindre la solution. Utilisant le vocabulaire cognitiviste, on pourrait
dire qu'il libère l'enfant d'une partie des tâches afin de lui
éviter une surcharge cognitive ;
- Le maintiende l'orientation consiste
à éviter que te novice s'écarte du but assigné par
la tâche. Le tuteur a pour mission de maintenir ce dernier dans le champ,
bref de garder le cap. Le cas échéant, il lui faut motiver
à nouveau son partenaire débutant ;
- La signalisation des caractéristiques
déterminantes suppose que le tuteur indique ou souligne par
divers moyens les caractéristiques de la tâche qui sont
pertinentes pour son exécution ;
- Le contrôle de la frustration a pour
finalité d'éviter que les erreurs du novice ne se transforment
en sentiment d'échec et, pire, en résignation ;
- La démonstration ou présentation de
modèles peut impliquer l'exécution
d'une compétence en présence de l'élève, mais
aussi une sorte de « stylisation » des démarches ou
l'achèvement de la tâche ou encore l'explicitation des
étapes.
Pour Bruner (1987), apprendre est un « processus
interactif dans lequel les gens apprennent les uns des autres ». C'est
dans ce sens qu'il a contribué à développer le
modèle social de l'apprentissage. Bruner affirme que le modèle
transmissif n'est plus à mesure de répondre convenablement aux
exigences de maîtrise de savoir-faire, de cheminement vers l'autonomie,
d'acquisition du jugement, de capacité à s'auto-évaluer.
Bruner voit phis le rôle de l'enseignant travers la mise en oeuvre d'un
processus Métayage. Les fonctions de ce processus attestent que ce qui
est bénéfique tient autant aux aspects socio-affectifs qu'aux
aspects cognitifs ou intellectuels.
Le processus d'étayage produit souvent deux sortes
d'effets :
- effets immédiats : celui qui est aidé parvient
à faire des choses qu'il ne réussirait pas à faire
correctement tout seul ;
- effets d'apprentissage à long terme : ils sont le
fruit du travail verbal d'explicitation et de compréhension des
exigences de la tâche à réaliser et des procédures
de résolution.
Bruner (2003) a élaboré six types de fonctions
sur l'étayage. Ces fonctions sont : l'enrôlement, le
contrôle de la frustration, le maintien de l'orientation, la
réduction des degrés de liberté, la signalisation des
caractéristiques à la tâche et la présentation des
modèles. Il en ressort donc deux aspects de l'étayage :
l'aspect socio-affectif et l'aspect cognitif et langagier. L'aspect
socio-affectif consiste au comportement de l'enseignant ou du tuteur en salle
quant à l'adhésion de l'élève aux activités
d'enseignement ; le contrôle de la frustration c'est-à-dire
éviter de frustrer le novice en lui accordant un temps d'expression
conséquent pour s'exprimer ; et de maintenir le novice dans un
champ de manière à lui faire garder le cap et le cas
échéant le motiver. Tandis que l'aspect cognitif et langagier
consiste en la prise en charge d'une partie du discours et l'utilisation de la
reformulation ; le soulignage par l'enseignant des caractéristiques
de la tâche pertinente pour son exécution ; et
l'exécution d'une compétence en présence de
l'élève en explicitant les étapes. BRUNER avec ces six
(06) fonctions sur l'étayage met en évidence l'importance
d'humaniser davantage les rapports entre l'éducateur et
l'élève en accordant une attention particulière à
l'élève déficient visuel fréquentant dans un
lycée d'enseignement secondaire général.
L'adulte en s'ajustant aux comportements du jeune enfant (en
interprétant ces comportements) en vient à standardiser certaines
formes de l'action conjointe liées aux contextes de communication. Ces
formes standardisées sont les formats. Ce n'est pas l'échange
lui-même mais sa structure de base. Ces formats se construisent dans les
échanges pré linguistiques et "permettent à l'adulte
et à l'enfant de faire faire des choses l'un à l'autre par
adjonction du langage à des moyens non verbaux". Puis ils se
complexifient et s'agglomèrent en routines. Il existe des patterns
d'échanges réguliers et ritualisés dans les communications
maître-élève.Le format est une confessionnalisation des
formes de l'interaction nécessaire à l'échange et par
là même aux enseignements. H structure et calibre les
échanges à l'intérieur d'un cadre stable.
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