2.2.2.
Etayage langagier ou cognitif
Les bases d'assistance sur le plan cognitif ou langagier
concernent la prise en charge par l'enseignant (dans son rôle de tuteur)
de certains aspects de la tâche, la signalisation des
caractéristiques spécifiques et la suggestion des modèles
de résolution.
2.2.2.1. Le langage à l'école : un langage
d'étayage basé sur le dispositif de tutelle
Bruner (1983) s'appuie sur la notion de zone proximale de
développement de Vygotski pour étudier la nature du dispositif de
tutelle et les moyens d'aide employés par l'expert. De cette
façon, il définit le dispositif de tutelle comme les interactions
entre l'adulte et l'enfant par lesquelles l'adulte permet à
l'élève de résoudre des problèmes qu'il ne peut
résoudre seul. Ainsi, des formats doivent être mis en place pour
que l'enseignant guide l'enfant dans le tutorat dans des interactions
régulières et formalisées. C'est à travers ces
formats que l'élève se détachera progressivement du
dispositif de tutelle pour parvenir à une autonomie dans
l'apprentissage. Ce dispositif permet non seulement un progrès rapide de
l'élève en ayant bénéficié mais aussi
l'apprentissage d'un savoir supérieur au niveau actuel de
l'élève. Paradoxalement le tutorat mène à
l'autonomisation de l'élève puisque l'échange d'aide avec
un adulte lui permet de résoudre des problèmes supérieurs
à ses capacités actuelles.
Par la suite Bruner identifie six fonctions de
l'étayage. L'étayage étant défini comme l'ensemble
des interactions d'aide du dispositif de tutelle. L'expert doit avoir
conscience de ces six caractéristiques pour proposer des conditions
efficaces d'apprentissage à l'apprenant.
Ainsi, l'étayage doit débuter avec une phase
d'enrôlement ce qui permet de susciter l'intérêt de
l'élève et de déclencher son adhésion dans la
tâche proposée. L'adulte a alors pour rôle d'expliciter les
enjeux et les finalités de la tâche pour inciter
l'élève à entrer dans la tâche. Ainsi,
définir la compétence visée d'une activité avant
que l'élève n'entre dans la tâche va permettre à
celui-ci de faire écho avec des activités déjà
mises en place en mettant en oeuvre cette compétence.
Puis, la réduction des degrés de liberté
consiste, pour le tuteur à prendre en main une partie de
l'activité pour garder l'élève concentré sur la
tâche sur laquelle repose l'apprentissage et lui éviter une
surcharge cognitive. Cette réduction de la tâche limite le nombre
d'activités au sein même de la tâche en partageant la
tâche entre l'élève et ses pairs ou l'élève
et l'enseignant.
Il faut également maintenir l'orientation de
l'élève vers le but fixé de l'activité. Cette forme
d'étayage mise en place par le tuteur, incite l'élève
à garder en vue l'objectif final de la tâche. Au cours de
l'activité, l'orientation doit être maintenue plusieurs reprises
ce qui permet de conserver une perspective durant la réalisation de la
tâche et de ne pas se perdre en utilisant des procédures de
résolution.
Le tuteur se doit de rappeler les caractéristiques
déterminantes de la tâche c'est-à-dire de faire comprendre
l'écart entre la tâche effectuée par l'élève
et la tâche attendue par l'enseignant. Celui-ci souligne alors les
aspects essentiels de la tâche. Par exemple, il peut rappeler au cours de
l'activité les consignes annoncées au début de la
séance ou encore les différentes étapes qui amènent
la résolution de la tâche.
De même, un contrôle de la frustration doit
prévenir l'élève d'une démotivation en cas
d'échec et ainsi faire en sorte que l'élève aidé ne
devienne pas dépendant de cet étayage.
Enfin, une démonstration de la tâche par
l'enseignant consiste non seulement à imiter la tâche à
effectuer mais aussi à styliser l'action pour souligner ses gestes et
les justifier par rapport au but. On peut dire qu'il y'a un apprentissage dans
la démonstration dès lors qu'il y'a une imitation de
l'élève, qu'elle soit immédiate ou différée.
En effet, en imitant la tâche à exécuter,
l'élève intègre déjà d'une certaine
façon les caractéristiques de la tâche au vu du
résultat à atteindre.
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