2.2. REVUE DE LA LITTERATURE
Que sait-on sur la problématique que l'on veut
investiguer ? Au préalable, nous avons effectué une lecture
de recherches proches du thème à étudier qui est
l'étayage en lien dans cette recherche avec l'inclusion scolaire. Cette
démarche a permis de préciser les questions de recherche. Le
bilan des connaissances dans ce domaine a été organisé
à travers deux angles d'attaques articulés autour du concept
d'étayage, à savoir : l'étayage socio affectif et
l'étayage langagier ou cognitif).
2.2.1.
Etayage socio affectif
2.2.1.1.Etayage sousforme de médiation
Une perspective interactionniste du développement de
l'enfant est développée par Vygotski. Pour lui, « le
développement de l'enfant est conçu comme le résultat
d'une sociogenèse. » (De Weck, 2010, p.151),
c'est-à-dire que l'enfant acquiert son langage grâce à son
environnement social. « C'est dans l'interaction avec des personnes
plus compétentes (adultes généralement, mais
également pairs plus âgés) que les enfants réalisent
des apprentissages ».A partir de l'idée que
l'expérience de l'enfant n'est jamais purement sensori-motrice, mais
qu'elle est mise en forme, d'emblée, par le langage de l'adulte, alors
la construction de l'action et la construction de la pensée vont de pair
puisqu'elles sont dès l'origine portées dans l'espace du langage
et de la parole. L'étayage langagier ou dialogique consiste en une mise
en mots qui peut permettre à l'enfant de transformer la situation.
L'éducateur permet de mettre du sens sur la situation à un moment
donné. L'intervention de l'adulte consiste à prendre en mains les
éléments de la tâche qui excèdent initialement les
capacités du débutant, lui permettant de se concentrer sur les
éléments qui demeurent dans son domaine de compétences et
de les mener à bien: une intervention didactique qui peut être
mise en acte aussi bien dans le guidage que dans l'accompagnement : « les
fonctions d'étayage »:
- enrôlement : la première tâche
évidente du tuteur est d'engager l'intérêt et
l'adhésion du chercheur ;
- réduction des degrés de liberté : cela
implique une simplification de la tâche par réduction du nombre
des actes constitutifs requis pour atteindre la solution. En
réalité, le tuteur qui soutient, comble les lacunes et laisse au
débutant mettre au point les éléments constitutifs
auxquels il ne peut parvenir ;
- maintien de l'orientation : le tuteur a pour charge de les
[les capacités de débutants] maintenir à la poursuite d'un
objectif défini. Cela comprend pour une part le fait de maintenir
l'enfant dans le champ et, pour une autre part, le déploiement d'entrain
et de sympathie pour maintenir sa motivation ;
- signalisation des caractéristiques
déterminantes : le tuteur signale ou souligne par de multiples moyens
les caractéristiques de la tâche qui sont pertinentes pour son
exécution ;
- contrôle de la frustration : la résolution de
problème devrait être moins périlleuse avec le tuteur que
sans lui ;
- la démonstration : le tuteur imite sous une forme
stylisée un essai de solution tenté par l'élève (ou
considéré comme tel) dans l'espoir que le débutant va
alors l'imiter en retour sous une forme mieux appropriée».
Ceci a été interprété comme avoir
à faciliter l'apprentissage en évitant la « surcharge
cognitive » de l'élève, en délimitant l'espace du
problème, en lui posant des questions sur les stratégies qu'il
met en place et en lui demandant de préciser sa pensée. Faire
parler l'élève en train de réaliser une tâche, ce
peut être l'obliger à parler ses stratégies pour l'aider
à trouver la bonne solution que le guide possède
déjà (par un guidage qui a sélectionné les bonnes
questions à se poser ou la bonne procédure à suivre). Ce
peut être partir dans l'exploration des faisabilités, permettre de
problématiser pour que l'élève choisisse lui-même la
stratégie qui lui convient et même en invente une qu'il
expérimentera sans que l'accompagnateur ait un cadre
préétabli.
Dans les deux cas, l'enseignant n'est pas, lui, le
médiateur, ce sont les codes, les outils, les signes utilisés
pour donner du sens aux actions qui sont les médiateurs du sujet en
conflit avec la situation dans laquelle et pour laquelle il utilise ces signes.
L'étayage est dans le fait de mettre en présence l'apprenant avec
ces signes.Ces signes, ces éléments tiers sont différents
selon les préoccupations des auteurs:
Le terme de guidance a été employé,
notamment dans le dispositif de l'évaluation formatrice pour
désigner une intervention qui ne se veut pas positive et qui consiste
à faire expliciter les procédures en même temps qu'on les
met en place, de remonter au raisonnement qui permet le choix de tel ou tel
critère.
Dans l'intervention en pédagogie, pour une
médiation «psychique»: l'enseignant organise des situations,
des activités qui font médiation. Les médiations ici
encore, se font par l'introduction d'objets, de tâches,
d'activités (l'imprimerie, le journal, la coopérative dans la
pédagogie Freinet) investi(e)s par les sujets d'une fonction d'ouverture
contre la suture, pour y introduire du jeu, décoller l'un de l'autre les
deux pôles de la relation. On parle alors de « dispositif de
médiation »qui assure une médiation externe afin de
provoquer une médiation du sujet avec lui-même, entre
soi-même et son propre devenir-autre que la suture paralysée. Ces
activités assurent une fonction transitionnelle où se
développe l'automouvement de chacun.
Dans les pratiques professionnelles, l'institution dans
laquelle on travaille est ce tiers que le professionnel représente,
incarne. Le tiers est toujours une manifestation de la Loi qui
réglemente la relation sous la forme d'un contrat plus ou moins
tacite.
L'expert doit donc fournir une aide à l'enfant afin
qu'il parvienne à réussir une tâche. Cette aide doit
être adaptée au niveau de l'enfant ; cela veut dire que
l'expert doit utiliser un langage « ni trop éloigné, ni trop
proche de ce qu'il est capable de réaliser seul. » (De Weck, 2010,
p.151).
Comme le montre De Weck (2010, p.58), « l'adulte
assume dans l'interaction la part encore difficile pour l'enfant et met en
évidence les caractéristiques cognitives, langagières et
interactionnelles de la tâche ». La première chose que
l'adulte met en place dans l'étayage, c'est de préserver l'enfant
de toutes distractions en essayant de garder constamment l'attention de
l'adulte et de l'enfant dans l'interaction. La deuxième chose, c'est
l'adulte qui fournit des moyens de représentation lorsque l'enfant ne
peut pas encore comprendre le but qu'il faut atteindre. La troisième
chose, c'est de souligner l'importance des « formats d'interaction ».
Ce que Bruner nomme les « formats d'interaction » consistent en
situations ritualisées et jeux de rôles répétitifs.
Dans le jeu de rôle, l'adulte met en place, le même scénario
en exécutant les mêmes actes dans le même ordre et en
utilisant les mêmes mots. La réalisation de jeux
répétitifs rend les verbalisations prédictibles pour
l'enfant, cela favorise sa prise de parole dans l'interaction. L'adulte peut
aussi faire les demandes et les réponses si l'enfant n'y arrive pas
encore. Les formats permettent de créer des situations de communication
que l'enfant pourra utiliser dans d'autres circonstances. Bruner a
constaté que de multiples apprentissages se faisaient grâce aux
« formats d'interaction ». Ces formats sont construits la plupart du
temps juste au-delà des capacités de l'enfant afin de travailler
dans «la zone proximale de développement ».
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