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Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).


par Jacques Simo Djilo
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018
  

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CONCLUSION

Le patrimoine culturel est le moyen par excellence d'affirmation d'un groupe humain. Selon Darice Malabon, «  la production artistique a toujours fait le prestige des grands royaumes. Elle est l'étalon de mesure d'une civilisation et du degré de développement culturel »206(*). Cette affirmation est d'autant vraie que lorsqu'on aborde le patrimoine immatériel. Pour le cas spécifique de la chefferie Bandjoun, cette monarchie au coeur des Grass-fields a démontré sa gloire, son prestige et sa suprématie sur les hautes terres de l'Ouest à travers son faste patrimonial. Dès lors, ce patrimoine qui semblait être comme une ville sur le pic d'une colline s'est rapidement retrouvé dans un couloir de régression progressive. Ce recul étant la résultante des facteurs externes et internes. Au plan externe, il ressort que les faits qui sont à l'origine de la destruction du patrimoine culturel Bandjoun sont : les alinéas naturels, les facteurs historiques, les facteurs religieux et l'action politique du colon. En outre la destruction du patrimoine culturel de la chefferie Bandjoun trouve ses racines en internes notamment une mauvaise conservation des objets patrimoniaux, les querelles de successions, l'attribution fantaisiste des titres de notabilité, la rupture de transmission du savoir-faire et une désinvolture manifeste de la jeunesse. Cependant une question centrale s'impose : La chefferie Bandjoun est-elle restée les bras croisés face à la dégradation de son patrimoine ? La réponse à cette question nous amènera à examiner dans le prochain chapitre les stratégies de protection de ce patrimoine, depuis la fondation de la chefferie jusqu'en 2005.

CHAPITRE IV : LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN

INTRODUCTION

La proposition des stratégies des solutions pour un éventuel inventaire ou une éventuelle protection et conservation est une activité qui relève absolument du domaine de la muséologie. C'est pourquoi notre intention dans ce dernier chapitre n'est point de faire des propositions mais, au contraire, dans la posture d'un historien, étudier les différentes stratégies adoptées par les acteurs en charge du patrimoine culturel Bandjoun en tant que source d'écriture de l'histoire Bandjoun, en vue de protéger les productions culturelles matérielles et immatérielles de cette chefferie. Certes, notre fourchette chronologique se situe entre 1904 et 2005. Mais nous estimons qu'il sera judicieux qu'avant d'explorer les stratégies de protection de la période coloniale et postcoloniale il faille s'interroger sur ce qui a été fait en matière de protection du patrimoine culturel Bandjoun avant la colonisation.

4.1 LES STRATEGIES DE PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL BANDJOUN AVANT L'ARRIVEE DES PUISSANCES OCCIDENTALES

Cette période s'étend de la fondation du royaume (XVème siècle) jusqu'à la pénétration allemande à Bandjoun plus précisément entre 1904 et 1905. C'est une période très longue et marquée par des attitudes développées par des monarques dans l'optique de protéger le patrimoine culturel de leur ressort territorial. Etudier cette période revient à examiner les mécanismes de protection du patrimoine culturel Bandjoun mis en place par les 11 premiers monarques. Ainsi, nous retenons que pour sauvegarder le patrimoine culturel Bandjoun, certaines stratégies nécessaires :

4.1.1 Le renforcement des pouvoirs du fo

La destruction du patrimoine culturel d'un peuple s'accomplit pleinement lorsqu'une situation d'instabilité s'impose telle que nous l'avons vue dans le précédent chapitre avec les querelles de succession. Ainsi, à partir du VIIIème siècle, le royaume Bandjoun s'affirmait déjà comme une prestigieuse chefferie de par sa grandeur, sa richesse culturelle et patrimoniale. Alors à partir du règne de Notouom III, certaines chefferies vassales (to) voulaient s'émanciper. C'est pourquoi les monarques pensant que cette émancipation pouvait conduire à une guerre décidèrent de renforcer le pouvoir du roi et de ses notables (nkamvu'u). Pour soutenir cette thèse, Jean Paul Notué affirme : « Devant la menace latente de sécession de certains to' et de certains notables fortunés, l'accroissement du pouvoir du fo et des nkamvu'u s'avéra nécessaire. La centralisation politique et la hiérarchisation croissante de la société s'accentuèrent. »207(*)

* 206 Malabon, D., « Art et artisanat Bamendou : le savoir faire ancestral » in Ngim nu Magazine Festival Bamendou, n0 001, 54ème Editions, Mars 2019, p. 28.

* 207Notue J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.46.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand