Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).par Jacques Simo Djilo Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018 |
4.1.2 La création des « cases patrimoniales embryonnaires »Dès la fondation du royaume, le premier roi Notwegom avait déjà intégré la nécessité de conserver le patrimoine culturel tant matériel qu'immatériel. C'est pourquoi sous sa gouvernance, il créa un endroit hautement sacré pour conserver les objets royaux. A cet endroit, il avait déposé des bracelets, des outils de chasse et surtout une calebasse contenant de la terre venant de la chefferie mère (Népeguè)208(*). Il ressort clairement que le souci de protection des biens culturels ne nait pas avec le contact avec l'occident mais bien plus avec la fondation même du royaume. 4.1.3 La création des sociétés secrètesLe savoir, le savoir-faire et le savoir-être sont des paramètres fondamentaux d'une civilisation donnée. Ces différents savoirs sont portés par le patrimoine culturel matériel et immatériel. Lorsque ce patrimoine n'est pas conservé dans des structures appropriées, il finit par disparaitre. Cette hypothèse est entièrement vérifiable lorsqu'il s'agit particulièrement du patrimoine immatériel. Les premiers monarques Bandjoun avaient déjà assimilé cet impératif de protection du patrimoine culturel du royaume mais aussi de transmission aux générations futures. C'est pourquoi ils ont oeuvré pour la mise en place des sociétés secrètes considérées comme cadre par excellence de conservation, de protection et de transmission de ce patrimoine aux générations qui allaient suivre. C'est le cas de la société madjon209(*) créée par le Monarque Dugnechom, le Nkamvu'u crée sous l'initiative de trois monarques Notouom I, Notouom II et Kapto ceci entre 1525 et 1575210(*). 4.1.4 L'adoption d'un code sociétal rudeLes valeurs morales et éthiques sont des composantes à part entière du patrimoine culturel d'un peuple. Ces valeurs ont tellement évolué au point où certaines nations au monde aujourd'hui s'identifient directement à travers une valeur sociétale. Cependant ces nations ne conçoivent plus cette valeur comme étant un élément spontané et fermé à une époque, mais plutôt comme un bien acquis des anciens et qui doit être pérennisé dans le temps et dans l'espace. Les premières structures sociales Bandjoun telles que conçues par les premiers monarques Bandjoun étaient calquées sur le modèle non d'une société parfaite mais d'une société qui recherchait la perfection. Mais alors, cette perfection ne pouvait être atteinte que si des prédispositions sociales et judiciaires étaient prises. A ce sujet référence peut être faite au monarque Kapto (1625-1675) qui s'engagea fortement pour la préservation du patrimoine moral et éthique de Bandjoun. Louis Perrois et Notué Jean Paul écrivent à son sujet : Kapto édita des lois particulièrement sévères contre l'adultère, le vol et autres forfaits. Chaque châtiment correspondait à une faute particulière. Les coupables, selon les cas, étaient brûlés vifs et publiquement sur la place du marché (adultère), vendus comme esclaves au loin, exclus de la communauté ou exposés sur une place publique, enterrés jusqu'au cou, la tête rasée et enduite d'huile de palme 211(*). Cette attitude ainsi décrite démontre à suffisance le souci de la chefferie Bandjoun par l'intermédiaire de ses monarques de laisser aux générations futures une société équitable, juste et harmonieuse. * 208 Ibid, p.43). * 209 Le madjon est une société sécrète qui avait pour but d'initier les jeunes au métier des armes et d'effectuer les travaux d'ordre communautaire tels que : construction des cases, des ponts... * 210 Notue J.P., « Le royaume Bandjoun (Leng Djo ou Gung Djo ) : Histoire, contexte de la création artistique, arts et traditions dynamiques » ..., p.44. * 211 Perrois, L et Notué J-P., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la panthère et la mygale..., p.97. |
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