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Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).


par Jacques Simo Djilo
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018
  

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2.2.2 Un système religieux calqué sur le modèle des peuples des Grass-fields.

La religion est une grande une grande branche culturelle sur laquelle se greffent plusieurs éléments constitutifs du patrimoine culturel immatériel. Contrairement aux affirmations européocentristes qui niaient toute existence d'une religion africaine, on constate de nos jours que les littératures, les discours de plus en plus récents démontrent que l'Afrique avant le contact avec l'extérieur avait développé un puissant système religieux. C'est à cet effet que Dominique Zahan, affirme : « Si l'on compare la dévotion des africains aux sentiments religieux de l'européen occidental, on a l'impression qu'il n'ya pas de commune mesure entre eux, pas plus qu'entre les exigences de l'âme des fidèles »134(*). Le système religieux Bandjoun qui caractérisait Bandjoun correspond à la description faite par le révérend père Engelbert Mveng. « L'Homme est ainsi au centre d'un triangle dont le sommet est occupé par un être suprême et la base d'un côté par les dieux et l'autre par les ancêtres »135(*). Ce patrimoine religieux Bandjoun fonctionnait ainsi qu'il suit :

Ø La croyance en un Dieu unique appelé Si

Les Badjoun croyaient en un seul Dieu créateur de toute chose et dont on ne peut faire une représentation. Cette croyance était tellement encrée dans les traditions au point où on rattachait l'expression Siaux appellations des fo. A titre illustratif si Notouom (Dieu deNotouom,) tuep si (Place de Dieu)... Guamgne Therèse nous rapporte qu'il a plusieurs caractéristiques :il est Omniscient, Omnipotent, Omniprésent136(*).

Ø Le culte des ancêtres.

Les Bandjoun comme tout autre Bamiléké et même africain croyait que les morts n'étaient pas morts. Ils croyaient fermement que les ancêtres étaient non seulement des dépositaires des traditions mais aussi un intercesseur par excellence auprès de Si. Jean Paul Notue précise que le culte des ancêtres est une pratique assez originale qui réside absolument dans la conservation des reliques. Il déclare : «Lecrâne du défunt était religieusement conservé et recevait des offrandes »137(*). Ce culte des ancêtres est ce que Fouellefak Kana Célestine appelle dans son travail « la notion d'intermédiaire » en évoquant l'organisation religieuse du peuple Bamiléké en général. Elle soulignait par ailleurs que «  Dans l'Afrique traditionnelle, les ancêtres se présentent comme les gardiens de la tradition, d'une chaîne de valeurs transmises de génération en génération »138(*).

Ø Les Offrandes- Prières- Sacrifices-Invocations

Depuis la fondation de la chefferie Bandjoun, ces cérémonies ont toujours animé la vie religieuse du peuple Todjom. Elles étaient les facteurs déterminants d'établissement d'une relation harmonieuse entre un fils ou une fille Bandjoun, les ancêtres et Si. D'abord parlant des prières, elles étaient généralement collectives et se faisaient à des circonstances particulières telles les naissances, la mort, le mariage, la maladie, de morts anormales et surtout en période de guerre. Fotso Leonard dit Sa'a Fotso Tadjuego nous précise que lorsqu'un membre d'une famille mourrait dans des conditions peu élucidées, le chef de famille faisait cuire une viande qui, après cuisson, était mise dans une calebasse (cup po'o). Commençant par lui, chaque membre de famille prenait un morceau. Après cette communion, tous se tenaient par la main en formant un cercle fermé récitaient la prière suivante :

Le chef de famille : Nous nous réunissons ainsi dans le cadre du cercle familial devant Dieu et devant notre ancêtre (il prononce le nom de l'ancêtre.) Devant qui ?? Relance-t-il. L'Assistance répond : Devant Dieu et devant notre ancêtre. (En prononçant le nom de l'ancêtre. Le chef de famille : Si notre frère ou notre soeur est malade ou décédé (e) et que quelqu'un a quelque chose à y voir à cette situation, il donne quoi ? L'Assistance répond : Il donne sa tête ou il paye avec sa tête. . 139(*)

Le sacrifice qui était pratiqué à la chefferie Bandjoun avait pour vocation de renforcer le lien entre les populations et les êtres surnaturels. L'originalité du sacrifice qui était fait à Bandjoun résidait dans le sang qui coulait. Le sacrifice généralement prenait la forme d'un repas sacrificiel prescrit par les prêtres et prêtresses. Une fois de plus Fouellefak Kana Célestine en abordant le système religieux Bamiléké lève une équivoque au sujet de ce repas. «  C'est un repas symbolique puisque ceux qui le font savent que les crânes des morts ne mangent pas, mais que Dieu, les parents morts ou témoins de leur bonne volonté d'avoir gardé les liens de fidélité avec les morts [...] C'est un acte de réparation et de restauration des liens avec Dieu à travers les ancêtres»140(*). Dominique Zahan renchérit : «  Bien plus, le sacrifice est la clef de voûte de cette religion, il constitue la prière par excellence, celle à laquelle on ne saurait renoncer sans compromettre gravement les rapports entre l'homme et l'invisible car qui dit sacrifice dit sang s'écoulant des bêtes égorgées ».141(*)

Les offrandes à la chefferie Bandjoun d'après la tradition orale ont une origine très lointaine. D'ailleurs, l'un des monarques était réputé pour ses multiples offrandes à Si à travers le pum tsé. 142(*)L'offrande avait un caractère purement généreux qui traduisait le degré d'amour, de solidarité de celui qui l'offre. Ces offrandes étaient composées principalement de l'huile de palme, du vin, de l'eau, du sel, des viandes d'animaux domestiques tels que les chèvres, poules, moutons, les produits agricoles tels le maïs, le plantain, le pistache.

Les offrandes, le sacrifice et les prières s'accompagnaient automatiquement des invocations et se faisaient dans des lieux saints ou sacrés appelés Tuep si. Moudze Paul dit sa' Wato chef de la concession Sa'a Wato au quartier Mbouo Bandjoun nous renseigne que ces lieux saints étaient présents pratiquement dans toutes les concessions du village143(*).

Photo 26: lieux sacrés ( tuep si)

Source : Cliché Simo Djilo le 12- 01- 2019 à Hiala.

Les deux images illustrent parfaitement ce que nous pouvons appeler les temples religieux à Bandjoun. La première image est un tuep si communautaire tandis que la seconde image est l'illustration d'un tuep si individuel.Les deux lieux saints sont parsemés par cette espèce végétale symbolisant la paix (feken), des pierres formant pratiquement un cercle. Le premier lieu sacré est situé en bordure d'une grande route et le deuxième à l'intérieur d'une concession familiale. Le premier tuep si étant communautaire tandis que le second est familial. Ces deux lieux saints situés pratiquement à l'ouest de l'entrée de la chefferie auraient été fondés par des grands dignitaires sous l'ère du roi Fotso I.

* 134 Zahan, D., Religion, Spiritualité et Pensée Africaines, Paris, Payot, 1970, p. 34.

* 135 Mveng, E., L'art d'Afrique noire (Liturgie cosmique et langage religieux), Yaoundé, Clé, 1964, p. 34.

* 136 Entretien avec Guamgne Therèse le 23- 03- 2019 à Houa.

* 137 Notué, J-P et Perrois, L., Rois et Sculpteurs de l'Ouest Cameroun : La panthère et la mygale, Paris, Co-published, Katharla Ostom, 1997, p. 64.

* 138 Fouellefak, Kana, C., « Le Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké au Cameroun (1906- 1995) », thèse soutenue en vue de l'obtention du grade de Docteur en Histoire, Université Lumière Lyon, 2004-2005, p.92.

* 139 Entretien avec Fotso Leonard dit Ta sa'a Tadjuego le 22 décembre 2018.

* 140 Fouellefak, Kana, C., « Le Christianisme occidental à l'épreuve des valeurs religieuses africaines : le cas du catholicisme en pays bamiléké au Cameroun (1906- 1995) ..., p.96.

* 141 Zahan, D., Religion, Spiritualité et Pensée Africaines, Paris, Payot, 1970, p. 95.

* 142 Il s'agit d' après Albertin Koupgang du musée, du roi NOTOUOM I qui, en l'honneur de ses ancêtres de Baleng et en action de grâce au Dieu qui l'a accueilli et établi. Il témoignait sa foi en Dieu, par le sacrifice de Pu'msé.

* 143 Entretien avec Moudze Paul dit sa'a Wato le 23- 03-2019 à Mbouo.

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