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IV- ETUDE DES SCENARII.
Ce projet s'inscrit dans le cadre d'un travail visant
à proposer un modèle de service d'aide médicale urgente,
adapté à l'environnement guinéen et plus
particulièrement à celui de la capital Conakry.
Il est important de replacer les trois principaux points
constituant le cahier des charges de l'Etat de Guinée-Conakry, au centre
de la réflexion.
Ce service d'aide médicale urgente doit :
> Etre socialement acceptable:
utile et accessible
> Etre économiquement viable
: Rapport Coût / Efficacité minimum
> Etre médicalement valide
: Savoir médical, Savoir-faire médical, Ethique
médicale.
Pour celui-ci, deux principaux scénarii ont
été étudiés.
· Méthode
La méthode utilisée est double. Après
avoir définis des critères d'évaluation par rapport
à la situation de Conakry et au cahier des charges de l'Etat (au nombre
de 9), une analyse avantage/inconvénient est effectuée
modèle par modèle.
Une analyse comparative pondérée est ensuite
réalisée entre les deux modèles. Cette méthode,
rationnelle, permet de choisir entre deux systèmes clairement
identifiés. La pondération est effectuée en allouant
à chacun des critères des un score de 1 à 3 en fonction de
son importance dans la réalisation du projet.
Puis, une comparaison est réalisée avec les
signes (+) satisfaisant au critère, (-) non satisfaisant au
critère ou (=) satisfaction identique au critère.
· Critères retenus
Les critères retenus pour analyser les 2
modèles sont les suivants :
· La nature du modèle
· Le principe d'équité
· Les objectifs
· Les préoccupations
· La méthode
· La rapidité d'intervention
· L'efficience de la prise en charge patient
· Les ressources humaines nécessaires
· Les moyens logistiques et matériels
Une fois cette analyse faite, le choix est
déterminé par la meilleure réponse aux critères des
modèles étudiés
? La nature du modèle et principe
d'équité
IV-1. DIAGNOSTICS DES MODELES « SCOOP AND RUN
» ET « PLAY AND RUN ».
« Scoop and Run ».
Ce modèle a pour vocation d'être basé sur
une logique purement économique. Ce qui est en inadéquation avec
la faible solvabilité de la majorité des citoyens guinéens
et pas du tout dans l'esprit d'un gouvernement qui souhaite faire de ce projet
un véritable levier pour le développement de sa politique de
santé.
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« Stay and Play »
Ce modèle se veut avoir une dimension
médico-sociale avec une véritable implantation dans le tissu
sanitaire local via le renforcement des partenariats en matière de prise
en charge extra hospitalière et d'orientation des patients. Ces
partenariats concernent le service d'aide médicale urgence, les services
mobiles d'urgence et de réanimation et l'ensemble des
établissements de santé (hôpitaux, cliniques et
dispensaires).
? Objectif et
préoccupations
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? La méthode
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L'objectif principal de son modèle est son
développement économique. Il s'agit d'un modèle
fréquemment développé par le secteur privé dans un
esprit libéral. Il ne se positionne pas dans une dimension
médico-sociale, avec une vision à court terme.
Le modèle répond à la loi du
marché avec l'absence de régulation, dans un modèle
où l'équation est
1 appel = 1 transport.
Dans le contexte socioculturel et économique du pays,
la mise en place d'un service d'aide médical urgente
régulé s'avère nécessaire et l'expérience de
pays voisins le démontre (Cameroun, Benin par exemple). La
paupérisation de la population risque d'entraîner de
manière quasi systématique une inflation de la demande. Ce qui
nous laisse supposer des déplacements d'ambulance très, voire
trop importants à effectuer. Dans le cas présent, l'offre
créant la demande, il y a un risque accru de débordement des
ressources mais aussi la possibilité d'un engorgement des services
d'accueil des urgences.
La logique de ce modèle est avant tout une logique
médico-sociale.
Il se veut démocratique en faveur des plus
démunis. De part ces valeurs mises en avant par le modèle, il
s'inscrit dans la durée avec des projets de développement au long
terme, qui lui permettront de pérenniser ses actions .
Ce modèle met au centre de son organisation un service
de régulation médicale. Ce dernier permet la juste utilisation
des ressources disponibles du système, et des services mobiles
d'urgences et de réanimation notamment, en étant chargé de
déclencher les interventions des UMH et de les orienter.
Ayant une vision la plus exacte sur la disponibilité
des différents établissements de santé, il évite
également un engorgement supplémentaire des services
d'urgence.
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? La rapidité
d'intervention
? L'efficience de la prise en charge
patient
« Scoop and Run ».
Le principe de base de ce modèle reste la
rapidité de l'équipe d'intervention à arriver sur les
lieux de la victime et de la transporter dans l'hôpital le plus proche
. La devise de ce système est la
fameuse « Golden Hour » ou « Heure d'Or », laps de temps
maximal au cours du quel la victime doit être acheminée vers une
équipe médicale. Ce qui nécessite un maillage de l'offre
de soins assez large pour répondre à cette exigence, avec des
établissements de santé en nombre et des service d'accueil
d'urgences performants capable d'accueillir un nombre important de victimes /
patients à peine stabilisés. Ce qui n'est pas le contexte
sanitaire de la ville de Conakry.
La prise en charge du patient est assurée par des
personnels non médicaux de type « secouristes » ou «
paramédics ».
Les gestes de premiers secours sont apportés sur le lieu
d'intervention et la stabilisation de l'état de la victime / du patient
se veut minimale ; le modèle en misant sur la rapidité à
laquelle de la victime / du patient sera acheminé vers l'hôpital
le plus proche.
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« Stay and Play »
Dans ce modèle, la rapidité des interventions
effectuées est un paramètre important car nous sommes avant tout
dans une dimension de médecine d'urgences. Par conséquent, il
faut arriver le plus rapidement possible sur les lieux où se trouve la
victime.
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« L'hôpital se déplace hors de ses murs
», tel est la règle de ce modèle. La victime / patient est
prise en charge par une équipe médicale et paramédicale
directement sur le lieu d'intervention. L'ensemble des gestes
nécessaires à la stabilisation de la victime-patient est
effectué. La médicalisation du transport permet donc, ici,
d'avoir une parfaite continuité de la prise en charge médicale
depuis le lieu d'intervention jusqu'au service aval. La victime-patient est
orientée vers la structure ou le service le plus approprié. La
véritable plus-value de ce modèle est un délai de prise en
charge médicale raccourcie.
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« Scoop and Run ».
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« Stay and Play »
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? Les ressources
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Les équipes d'intervention, nécessaires pour la
réalisation
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Ce modèle nécessite un personnel formé tant
chez le
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humaines
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de ce modèle, ne possèdent pas de personnel
médical dans
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personnel médical que le personnel paramédical.
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leur composition. Il s'agit d'un avantage certain ; tant sur
le
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Il s'agit de formation spécifique à la
médecine d'urgence et
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plan du recrutement de cette catégorie de personnel qui
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à ses gestes.
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est difficile comparativement aux autres (comme par
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Celle-ci est nécessaire à une prise en charge
efficace et
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exemple personnel paramédical ou chauffeur), que sur le
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rapide de la victime-patient, dès l'arrivée du SMUR
sur les
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plan économique car il s'agit de la catégorie de
personnel
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lieux d'intervention.
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la plus chère.
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Cependant, les médecins sont une ressource difficile
à recruter et onéreuse.
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? Les moyens
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Le modèle « Scoop and Run » n'est pas un
système régulé.
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Ce modèle est constitué d'unités mobiles
hospitalières qui
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logistiques et
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Cette caractéristique engendre donc un grand nombre
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devront être équipées au plus proches des
équipements
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matériels
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d'interventions. Cela a pour conséquence de mobiliser
un nombre de personnel et un nombre de véhicule engagés
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disponibles dans les unités de soins intensifs.
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d'autant plus importants. Cette logistique, tant humaine
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De ce fait, il serait nécessaire dès la mise en
place du
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qu'en terme de véhicule, engendre des coûts
conséquents.
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projet, d'avoir à disposition des unités mobiles
hospitalières équipées ce matériel
spécifique.
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