III-4.4.2. Equité dans l'accès aux
soins.
Toute discrimination serait contraire à la morale
soignante. Les inégalités territoriales, sociales, humaines, sont
à
repérer et, dans toute la mesure du possible, à
compenser par des dispositions appropriées.
Le patient le plus éloigné fait l'objet d'une
plus grande propension à l'envoi de moyens lourds, le patient
socialement défavorisé fait l'objet d'une écoute encore
plus attentive, le patient qui appelle de façon
répétée comme celui qui appelle et ensuite refuse qu'on
lui vienne en aide sont à considérer comme des personnes
psychologiquement fragiles justifiant une vigilance accrue.
III-4.4.3. Engagement envers le patient sans conflit
d'intérêt.
Tout médecin est lié par un contrat de soins au
patient qui se confie à lui ou qui lui est confié.
Le médecin régulateur doit à son
patient, non pas un service quelconque, mais le service le plus
approprié en la circonstance. Cela suppose une compétence, mais
aussi l'absence de « conflit d'intérêt ».
Or la décision du médecin régulateur
consistant à confier une mission à un professionnel peut plaire
à ce professionnel, peut lui déplaire ou déplaire à
un autre professionnel susceptible de revendiquer ladite mission. La morale
commande que le médecin régulateur n'ait à l'esprit que
l'intérêt de son patient et qu'il fasse abstraction des pressions
dont il est l'objet, particulièrement celles liées au financement
à l'activité des structures de santé (y compris au sein de
l'établissement qui l'emploie).
Page 41 sur 71
III-5. LA MISE EN PLACE DU SAMU DANS UN PAYS EN VOIE DE
DEVELOPPEMENT.
L'organisation de la prise en charge des urgences en
médecine pré hospitalière a connu un niveau de
développement satisfaisant dans les pays développés. Les
services d'Aide Médicale d'Urgence (SAMU) offrent la réponse la
mieux adaptée à la détresse médicale. Leur impact
sur la réduction de la mortalité chez les patients victimes des
accidents de la voie publique ainsi que chez les malades atteints de
pathologies cardiovasculaires aigues ou de détresse respiratoire a
été démontré par de nombreux auteurs (1,2).
Cependant la mise en oeuvre et l'organisation d'un SAMU exigent des moyens
importants (matériels roulants, matériels
médico-techniques et communication, personnels compétents et en
effectifs suffisants) et une organisation rationnelle.
Dans les pays en voie de développement, pendant
longtemps, l'idée de créer un service d'aide médical
d'urgence a pu paraître inadaptée et un tel projet
considérer comme « un luxe ».
Effectivement, et particulièrement en Afrique
Subsaharienne, les problèmes sanitaires sont encore, de nos jours,
caractérisés par la persistance de maladies
épidémo-endémiques, dans un contexte économique
défavorable, avec pour conséquences majeures une mortalité
infantile et une mortalité maternelles très
élevées. De plus, leur système sanitaire est peu
performant et cette situation oblige les responsables de services de
santé à faire des choix spécifiques mettant en
première ligne la santé publique avec une large part
accordée aux soins de santé primaires et au programme
élargi de vaccination (3).
Si la primauté de la médecine préventive
se justifie, il n'est tout de même pas tolérable de perdre tant de
vies humaines en situations d'urgence pour des pathologies tout à fait
maîtrisables. Viennent s'ajouter de nombreux patients notamment des
sujets jeunes et des femmes en couches qui décèdent du fait des
conditions précaires de transport entre les hôpitaux
périphériques, le domicile et les centres hospitaliers de
référence où sont généralement
concentrés les moyens matériels et humains.
Cependant, l'aide médicale d'urgence ne se limite pas
seulement au transport médicalisé mais concerne aussi la
formation des personnels des services d'urgence, l'acquisition
d'équipement simples, robustes et indispensables pour les services
d'accueil.
Il s'agit également....ne pas créer un trop
grande différence entre les moyens embarqués dans les SMUR et les
équipements disponibles au sein des établissements.
De ce point de vue, et les différentes
expériences l'attestent, le projet de création d'un service
d'aide médicale d'urgence, en pays en voie de développement,
n'est pas du tout un luxe, mais même une nécessité qui nous
paraîtrait être une exigence.
Enfin, dans un système caractérisé par
la paupérisation du secteur public, comme cela est le cas en GUINEE
CONAKRY, l'allocation équitable des ressources de santé selon une
logique médico-économique acceptable constitue un enjeu certain
de développement politique et social, au même titre que la lutte
contre la pauvreté, l'exclusion et l'analphabétisme.
|