II- Le cadre méthodologique
Dans l'optique de traiter ce sujet, nous observerons une
démarche particulière pour
43 BOIS DE GAUDUSSON (Jean Du), « Les
élections entre démocratie et crise : l'enjeu stratégique
des opérations électorales ». In, Prévention des
crises et promotion de la paix : démocratie et élections dans
l'espace francophone, Volume II. Textes réunis par Jean-Pierre
VETOVAGLIA, Jean Du Bois de Gaudusson, Albert BOURGI, Christine DESSOUCHES,
Joseph MAÏLA, Hugo SADA et André SALIFOU, Bruyant, Bruxelles, 2010,
p.179.
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Le consensus en droit électoral camerounais
parvenir à un résultat positif. La
méthode est alors une organisation rationnelle de l'esprit en vue de
parvenir à un but, de découvrir et de démontrer la
vérité44. Dans cette perspective, nous emprunterons la
méthode de l'exégèse (A), mais aussi celle de
l'herméneutique (B) afin de répondre à la double exigence
d'objectivité et d'exactitude.
A- L'approche principale : l'exégèse
Toute activité objectivant une compréhension
rationnelle de la réalité est un défi majeur pour tout
esprit qui s'essaye à la recherche en droit. Ainsi, dans le cadre qui
est le notre, l'exégèse, méthode par excellence du
positivisme et par ailleurs du juriste 45 aidera à la
description et à l'explication des textes ayant consacré le
consensus dans la sphère de régulation des élections. Le
fait marquant de cette approche nous a permis de nous rendre compte que
« la conception la plus étroitement juridique ne dissocie pas
légitimité et légalité (...)46.
L'approche exégétique à donc la particularité
d'expurger l'analyse du phénomène juridique de toute
considération politique, sociologique et même économique.
C'est du moins la tâche à laquelle s'était livré le
« maître de VIENNE » HANS KELSEN lorsqu'il établissait
sa Théorie pure du droit. Cette dernière devait marquer
la distanciation nécessaire du théoricien vis-à-vis de son
objet d'étude.
Mais cette approche louable suffira-t-elle à rendre
compte du consensus en droit électoral lorsqu'on sait que la
problématique du consensus est fortement imprégnée des
considérations d'ordre sociologique, et dont le droit entend encadrer ?
Cette question qui amène à rappeler avec LEON DUGUIT47
que dans la mesure où le droit émerge des
nécessités sociales en vue de préserver la
solidarité sociale, il y a lieu de considérer que
l'exégèse à elle seule ne permet pas véritablement
de cerner les enjeux actuels d'une telle étude. C'est que le dogmatisme
dans lequel cette approche nous enferme constitue un obstacle majeur à
la compréhension globale du
44 Le Robert, Dictionnaire alphabétique et
analytique de la langue française, SNL Le Robert, 1988, p.650.
45 VICTORIA (Villa), « La science du droit
», traduction française, Paris, LGDJ, 1989. Cité par
Atangana Etienne (J.L.), La révision des constitutions en droit
camerounais, Thèse, Université de Douala, 2012, p.54.
46 RIVERO (Jean), op.cit., p.58.
47 Cité par MBALLA OWONA (Robert), «
Réflexions sur la dérive d'un sacro-saint principe : la
souveraineté du peuple à l'épreuve des élections au
Cameroun », Juridis Périodique, n°88,
Octobre-Novembre-Décembre, 2011, p.93.
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Le consensus en droit électoral camerounais
phénomène juridique. Nous nous accorderons donc
avec ATANGANA ETIENNE JOËL LOUIS, auteur de La révision des
constitutions en droit camerounais que nous ne saurons réduire la
recherche à une simple analyse du système normatif, et en
l'occurrence celui des élections. Aussi conviendra-t-il de
dépasser l'analyse des textes qui consacrent le consensus pour
épouser finalement un fond dialectique afin « d'affranchir la
recherche juridique du dogmatisme de l'école de l'exégèse
», comme l'a suggéré LOUIS ASSIER-ANDRIEU. Au surplus,
d'échapper au piège du « statu quo idéologie
».
Au demeurant, la prise en compte du contexte actuel autorise
à s'interroger sur la finalité même du consensus.
L'approche de l'herméneutique permettra donc de l'aborder.
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