C- La problématique et l'hypothèse du
sujet
Il convient de déterminer la question centrale de notre
sujet (1) et d'élaborer une réponse provisoire que nous nous
chargerons de vérifier par la suite (2).
1- La détermination de la
problématique
Dans le cadre de la recherche, la problématique
s'entend d'un « ensemble construit, autour d'une question principale,
des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettront de
traiter le sujet choisit »40. L'étude des processus
électoraux en Afrique telle que JEAN DU BOIS DE GAUDUSSON41 a
pu s'en rendre compte, renseigne que « les élections
disputées depuis 1990 sont portées par un bilan ambigu ».
Mais comment expliquer ce bilan mitigé ? BABACAR GUEYE pense en
effet que « les manipulations, intimidations et recours à la
force qui émaillent bien des élections en Afrique sont les signes
du refus d'accepter les règles du jeu démocratique, souvent
à l'origine de troubles postélectoraux » 42 . Cette
situation justifie amplement qu'on se penche sur la pertinence de la mise en
oeuvre du consensus en droit électoral. En considérant alors un
contexte marqué par la remise en cause de la loi électorale, on
peut autrement se poser la question suivante : l'articulation du droit
électoral camerounais permet-elle un enracinement conséquent du
consensus?
2- L'hypothèse de travail
Ainsi qu'on peut l'observer, la remise en cause des règles
électorales au Cameroun reste des plus vives malgré les efforts
consentis par les autorités étatiques. S'il en est ainsi, c'est
sans doute
39 Raymond GUILLIEN, Jean VINCENT,
Lexique des termes juridiques, op.cit.
40 BEAUD (Michel), L'art de la thèse,
Paris, La découverte, 2003, p.38.
41 Cité par Dodzi KOKOROKO, « Les
élections disputées : réussites et échecs
», Seuil, Pouvoirs, Revue Française d'étude
Constitutionnelles et Politiques, n°129, 2009, p.115.
42 GUEYE (Babacar), op. cit., pp.24-25.
Le consensus en droit électoral camerounais
parce que les mécanismes existant ne permettent pas
encore de garantir une certaine pérennité du consensus aussi bien
dans la formulation des règles que dans la mise en place du dispositif
institutionnel devant conduire l'ensemble des opérations de vote. De ce
postulat, et dans la mesure où la recherche de la vérité
s'emploie à établir et à expliquer les
phénomènes, l'hypothèse de recherche se positionne comme
un effort pour résoudre la contradiction engendrée. Il s'agit en
clair d'une explication anticipée, c'est-à-dire a priori, sans
que le fait y soit confronté. Vu sous cet angle, notre sujet appel
à poser provisoirement qu'au Cameroun, le consensus s'illustre davantage
comme une entreprise dont l'issue reste relative eu égard à la
méthodologie empruntée pour sa mise en oeuvre. L'inscription de
la démocratie électorale camerounaise aux standards
internationaux ne vaudra son effectivité qu'à travers la
convergence des valeurs sociales fondées sur un consensus
débarrassé de toute suspicion, gage de la paix et de la
stabilité politique.
À la réalité, le problème du
consensus en droit électoral n'est pas spécifique au Cameroun
puis qu'il se pose aussi avec acuité dans d'autres pays et plus
particulièrement ceux d'Afrique noire francophone. Il n'est pas donc
erroné de dire que celui-ci est inhérent à tous les
systèmes électoraux. C'est du moins la lecture
opérée par le professeur JEAN DU BOIS DE GAUDUSSON, lorsqu'il
écrit que « ni au Sud, ni au Nord, il n'existe
d'opérations électorales parfaites »43. Sans
prétendre à une analyse exhaustive, seul le Cameroun demeure
notre champ expérimental. En conséquence, les droits et cadres
géographiques étrangers ne seront abordés qu'à
titre de droit comparé.
En outre, le point de départ retenu dans le cadre de
notre recherche est l'année 1990. Le choix de cette date n'est pas
hasardeux car elle a marqué le renouveau du constitutionalisme d'Afrique
noire francophone, et dont les élections ne sont restées
insensibles. Ceci permet de mettre en lumière l'évolution du
cadre légal des élections depuis les transitions politiques des
années 1990.
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