Il ·4 · TRAITEMENT THERMIQUE ET
HYDROTHERMIQUE
Un traitement hydrothermique revient à combiner
l'action de l'eau et de la chaleur pendant une durée variable (de
quelques secondes à plusieurs dizaines de minutes),
complétée souvent d'un traitement mécanique qui cisaille
le produit. D'autre part, les traitements thermiques proprement dits utilisant
l'eau contenue dans la graine.
II ·4 ·1 · TRAITEMENTS
HYDROTHERMIQUES
11 ·4 ·1 ·1 ·AGGLOMERATION
: Traitement hydrothermique largement utilisé en alimentation
animale, intervient à la fin de la fabrication d'un aliment
composé. Cette opération a pour but de réduire le volume
apparent de l'aliment, afin de faciliter le stockage, le transport et la
manutention. Les pertes au sol ou à l'auge, le tri par les animaux sont
également limitées. Ce traitement consiste à compacter
dans une presse un produit pulvérulent, après
éventuellement injection de vapeur vive dans la masse de farine à
l'aide d'un conditionneur (10 à 50 secondes).
Chapitre II Sources alternative de protéines :
Féverole et Pois
24
Les rouleaux de la presse forcent le mélange à
travers les orifices d'une filière (5 à 18 secondes),
créant ainsi une pression à l'intérieur de celle-ci (600
à 1 200 bars). Le produit en sortie de la presse atteint une
température de 65 à 98°C (KAYSI et MELCION, 1992; CREVIEU -
GABRIEL, 1999).
1441.2. CUISSONI -
EXTRUSIONI : Traitement thermique beaucoup plus drastique que
la granulation , son principe est de soumettre une matière
première ou un mélange, plus au moins hydratés, à
l'effet conjugué de la pression (jusqu'à 200 bars) et de la
température (de 90 à 250°C) pendant un temps cours
(inférieur à 30 secondes), et à les mettre en forme par
passage forcé au travers d'une ou plusieurs filières (KAYSI et
MELCION, 1992 ; CREVIEU - GABRIEL, 1999).
1441.3 FLOCONINIACE : Le
floconnage est une cuisson à la vapeur à basse pression,
injectée directement dans une colonne de conditionnement où le
produit est brassé à l'aide d'agitateurs horizontaux. Il
séjourne dans la colonne 10 à 20 minutes à
température de 92 à 96°C à pression
atmosphérique : l'humidité ajoutée sous forme de vapeur
est alors de 4 à 6%. La graine cuite, dont l'humidité finale est
de 18 à 19 %, est ensuite aplatie entre deux cylindres cannelés
tournant à vitesse identique, puis les flocons sont
séchés, refroidis, tamisés et ensachés.
11.42. TRAIT EMENITS
THERMIQUES
L'autoclavage a souvent été utilisé comme
méthode de référence en raison de sa souplesse. Il permet
d'évaluer la thermosensibilité d'un composant mais se justifie
peu au plan industriel (KAYSI et MELCION, 1992).
1442.1. INIFRANIISATIONI :
Le produit (graines prénettoyées), parfois
réhumidifié jusqu'à 18-20% d'eau est réparti en une
couche mono graine sur un tapis convoyeur. Au cours de ce transfert, dont la
durée peut varier de 40 à 90 secondes, le produit est soumis
à l'action de rayons infrarouges émis par une série de
brûleurs en céramique chauffés au gaz ou à
l'électricité. Ce rayonnement provoque la vibration des
molécules en accord avec leur fréquence de résonance.
L'intérieur de la graine peut atteindre des températures, la
perte d'eau au cours de l'irradiation seule est de 5 à 6%. Les graines
ainsi traitées sont aplaties dans un appareil à cylindre
cannelés pour être transformées en flocons
d'épaisseur voisine de 0,8mm, puis refroidis (Tableau 9).
Tableau 9. Influence du floconnage d'une
féverole entière ou décortiquée sur
certaines caractéristiques physico-chimiques
(CERNING-BEROAD 1977; MELCION et VALDEBOUZE, 1977)
Chapitre II Sources alternative de protéines :
Féverole et Pois
25
Type de graines
|
Traitements et conditions de floconnage
|
Caractéristique de
l'á-amylolyse
|
Facteurs antitrypsiques (UTI /mg)
|
Vi
|
Fh (%)
|
|
Non traitées
|
4,6
|
8,0
|
6,40
|
|
Floconnées :
|
35,0
|
50,5
|
0,39
|
Graines
|
|
|
|
|
entières
|
* température finale : 92-94°C
|
|
|
|
|
* humidification : + 4,6%
|
|
|
|
|
* temps de séjour : 33 minutes
|
|
|
|
|
Non traitées
|
5,1
|
6,5
|
7,70
|
|
Floconnées :
|
28,6
|
44,5
|
0,38
|
Graines
|
|
|
|
|
décortiquées
|
* température finale : 95-96°C
|
|
|
|
|
* humidification : + 3,2%
|
|
|
|
|
* temps de séjour : 19 minutes
|
|
|
|
11.42.2. EXPANSION : Dans ce
procédé, la chaleur est communiquée aux graines par l'air
porté à 280-300°C en lit fluidisé. En 90 à 120
secondes, le produit atteint 130 à 150°C et l'eau interne,
brutalement vaporisée, peut provoquer l'éclatement de la graine.
Cet effet mécanique peut être complété par un
floconnage tandis que l'air chaud est recyclé (BERTHET, 1987).
11.42.3. TAOSTAGE : Il
s'agit essentiellement d'un chauffage direct de la graine, utilisant
simultanément plusieurs modes de transmission de la chaleur : Conduction
(support solide), convection (air chaud) et rayonnement. Le produit est
introduit dans un appareil à tambour, où il est brassé par
des palettes disposées à l'intérieur du cylindre. La
chaleur est en grande partie transmise par l'air de combustion et par
rayonnement, grâce à un déflecteur en céramique qui
capte les calories émises par un brûleur situé à
l'arrière de l'appareil (600 à 900°C) et la restitue dans la
totalité au tambour. La graine est récupérée
à la sortie et l'air chaud recyclé.
11.8. UTILISATION DES GRAINES DE
FÉVEROLE ET DE POIS EN ALIMENTATION DU LAPIN
Chapitre II Sources alternative de protéines :
Féverole et Pois
26
L'utilisation de protéagineux en alimentation a eu un
regain d'intérêt suite à l'embargo imposé par les
Etats-Unis en 1973 à l'exportation du soja en raison de conditions
climatiques désastreuses. Les Européens ont alors perçu
leur trop grande dépendance vis-à-vis de l'extérieur pour
couvrir leurs besoins en protéines végétales,
destinées principalement à l'alimentation animale (FROIDMONT et
LETERME, 2005).
Pour faire face à son déficit en
protéines, l'union européenne, qui importe 70 % de sa
consommation, cherche à développer les protéagineux comme
substitut au soja dans l'alimentation des monogastriques (PERROT, 1995 ;
CREVIEU - GABRIEL, 1999). Parmi ces matières utilisées ont peut
citer la féverole, le pois et le lupin. Ces matières
premières sont utilisées pour leurs richesses en protéines
(18 à 30%) et en lysine, et constituent un bon complément pour
les céréales.
Cependant, l'incorporation massive de ces matières
premières dans l'aliment conduit parfois à des valeurs de
digestibilité inférieures à celles des régimes
à base de soja, ainsi qu'à de fortes variations de
digestibilité des protéines. Ces variations de
digestibilité, sont dues en particulier aux facteurs antinutritionnels.
De ce fait des recherches sont menées dans ce sens: la sélection
variétale et l'application de traitements technologiques au niveau de
l'industrie des aliments de bétail (CREVIEU - GABRIEL, 1999).
Chez le lapin, peu de travaux de recherche sont menés
dans le but de remplacer partiellement ou totalement le tourteau de soja, par
des sources alternatives de protéines, tels que la féverole, le
pois. Les résultats des performances de croissance sont rapportés
dans le Tableau 10.
Chapitre II Sources alternative de protéines :
Féverole et Pois
27
Tableau 10. : Les résultats des
différents travaux de recherche pour la valorisation de la
féverole et le pois dans l'alimentation du lapin à
l'engraissement.
Auteurs
|
Protéagineux
|
Taux
d'incorporation
|
CMQ (g/j)
|
GMQ (g/j)
|
IC
|
Rdt
(%)
|
COLIN et LEBAS, 1976
|
Fèverole Pois
|
20%
22%
|
/
/
|
36
37,9
|
3,39
3,65
|
/
/
|
FRANCK et al, 1978
|
Pois
|
30%
|
96,8
|
31
|
3,15
|
/
|
SEROUX, 1984
|
Féverole Pois
|
28 %
30%
|
135,6
137,9
|
43,8
44,2
|
3,11
3,12
|
62,00
61,7
|
LEBAS, 1981
|
Féverole
|
36%
|
/
|
38
|
3,60
|
/
|
BERCHICHE et LEBAS, 1984
|
Féverole
|
36
|
133,4
|
42,7
|
3,44
|
59
|
BERHICHE et al, 1988
|
Féverole
|
37%
|
146
|
40,70
|
3,45
|
56,1
|
MAITRE et al, 1990
|
Féverole
|
10%
|
118,6
|
35,8
|
3,26
|
/
|
BERCHICHE et al, 1995a
|
Féverole
|
26,5%
37%
|
125,8
123,6
|
42,8
40,7
|
2,95
3,05
|
56,8
56,4
|
BERCHICHE et al, 1995b
|
Féverole
|
26%
35%
|
115,8
108,9
|
38,9
37,4
|
3,0
2,92
|
/
/
|
LOUNAOUCI, 2002
|
Féverole
|
30%
|
101,91
|
28,73
|
3,55
|
68,35
|
LOUNAOUCI et al, 2008
|
Féverole
|
30%
|
97,06
|
31,06
|
3,13
|
70,7
|
Chez le lapin, l'introduction des graines de féverole
et de pois remonte au premier essai de LEBAS et COLIN (1976). Peu de travaux de
recherche sont menés dans le but de déterminer les limites
d'incorporation. SEROUX, (1984) et BERCHICHE et LEBAS (1995a et b) ont
rapportés un taux optimum de 30% de pois et de 37% de féverole,
au delà les performances
Chapitre II Sources alternative de protéines :
Féverole et Pois
28
zootechniques seront altérés. Le tableau 11
résume les limites d'incorporation des graines de féverole et de
pois dans l'alimentation des lapins, volailles et ruminants.
Tableau 11. Taux d'incorporation des graines
de féverole et pois chez les lapins, volailles et
ruminants.
|
Taux d'incorporation
|
Féverole
|
Pois
|
Lapin en croissance
|
10 à 37%
|
10 à 30%
|
Poulet
|
<10% poussin en croissance
< 20% : finition 5-10% Poule pondeuse
|
20 à 25%
|
Ruminants
|
30 à 40 %
|
Jusqu'à 100%
|
La consommation chez le lapin des aliments à base de
féverole et de pois varient de 96,8 à 147g/j comparativement aux
aliments témoins à base de soja (10 à 15%) des
différents essais (90,5 à 150g/j). FRANCK et al, 1978;
SEROUX, 1984; MAITRE et al, 1990 ne rapportent pas d'effet
significatif sur la quantité d'aliment ingérée. Les gains
moyens quotidiens et l'indice de consommation des lapereaux à
l'engraissement ne sont pas influencés par l'introduction de
féverole ou du pois dans l'aliment granulé lorsque ces derniers
sont bien équilibrés (FRANCK et al, 1978; SEROUX, 1984;
MAITRE et al, 1990, LOUNAOUCI 2002; LOUNAOUCI et al, 2008).
L'utilisation de féverole à 30% complémenté avec
dl-méthionine permet d'obtenir les mêmes performances d'abattage
que celle d'un aliment soja (BERCHICHE et al, 1996 ; LOUNAOUCI et
al, 2008).
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