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Le monitoring des élections présidentielles au Cameroun de 1992 à  2011.

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par Jean Pierre Loic NKULU ATANGANA
Université de Douala - Master II Recherche  2012
  

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SECTION 2: LES LIMITES DU DEPLOIEMENT DES MISSIONS DE MONITORING DES ELECTIONS

S'il est tout à fait admis que le déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles a eu de mérites certains, il ne fait pas non plus de doute que ces mérites portent inévitablement quelques limites. Les limites du déploiement des

sauf cas de flagrant délit. Pareil pour que les membres du Conseil Electoral, nommés pour quatre ans renouvelables, le Directeur Général et le Directeur Général Adjoint, dont les mandats sont de cinq ans éventuellement renouvelables, que bénéficient des garantis d'inamovibilité. Pour asseoir son fonctionnement, ELECAM est doté de deux organes : Le conseil Electoral (CE) et la Direction Générale des Elections (DGE).

335 La loi n° 2006/011 du 29 décembre 2006 portant création, organisation et fonctionnement d' ELECAM dispose que « Après l'adoption du budget de l'Etat par le Parlement, le Ministre chargé des finances effectue des déblocages de fonds au profit d'Elections Cameroon, au titre des dépenses prioritaires de l'Etat, conformément aux dotations inscrites dans la loi de finances ».

336 Cf. section 8,2 de la loi portant création d'ELECAM.

337 Voir en annexe composition de la DGE.

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missions de monitoring des élections présidentielles pourraient ainsi être de deux ordres majeurs, à savoir les limites de fond (Paragraphe 1) et les limites de forme (Paragraphe 2).

Paragraphe 1: Les limites de fond des missions de monitoring des élections

Au-delà des objectifs officiellement communiqués pour justifier l'envoi ou le déploiement d'une mission nationale ou internationale de monitoring des élections présidentielles, il demeure. Une difficulté qui procède essentiellement de cette association entre l'exigence pratique et celle de la réalité qui, de fait, ne se situe pas dans le même ordre. Cette démarche abouti fatalement à des hésitations qui finissent malheureusement parfois par biaiser les objectifs initiaux visés par ces missions de monitoring des élections présidentielles et en même temps, créent de nouvelles difficultés338. Les limites de fond du déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles tiennent donc d'abord à un inconfort conceptuel (A) autant qu'à un inconfort épistémologique (B).

A. L'inconfort conceptuel des missions de monitoring des élections

L'inconfort conceptuel des missions de monitoring des élections présidentielles est tributaire des a priori de base fondés sur une interprétation stricte de la Charte des Nations Unies, de la DUDH, du PIDCP et des différentes chartes continentales dans leurs dispositions relatives au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, et la réalité de l'impératif du maintien des liens de coopération avec les anciennes colonies et au refus d'un alignement systématique à une ligne définie parfois par les puissances occidentales par le biais des organisations internationales ayant une influence sur les Etats du Sud en général et sur le Cameroun en particulier dont les régimes politiques sont en quête de repères idéologique claires depuis la chute du mur de Berlin339.

Cet inconfort est donc fondamentalement conceptuel en ce qu'il ne parvient pas à donner un contenu satisfaisant au mécanisme de monitoring des élections présidentielles qui risque de mettre entre parenthèses d'autres enjeux pourtant non négligeables.

Cette situation a conduit, à termes, à des remises en cause, et du rôle même, des missions de monitoring des élections au Cameroun depuis la toute première élection présidentielles anticipée du 11 octobre 1992 au cours de laquelle nous avons pu observer plutôt une bataille entre les puissances occidentales cherchant soit à s'affirmer, soit à se trouver une place dans l'environnement économique, politique, stratégique parfois géostratégique et culturelle ; au lieu de se préoccuper réellement des avancées démocratiques au Cameroun340.

La problématique de la juridicité des missions de monitoring des élections présidentielles naît de la volonté de leur trouver à tout prix une justification juridique alors qu'en réalité le monitoring des élections présidentielles n'est pas, à proprement parler, une notion juridique341 mais d'abord et fondamentalement un mécanisme

338 Ndoumou, (F.D), Op. cit., p. 265.

339 Monney Mouandjo, (S), Op. cit., p.345.

340 Ebolo, (M.D), Op. cit., p.175.

341 Cf. rapport de la 3ème réunion préparatoire du symposium de Bamako où le rapporteur précise que les missions internationales d'observation des élections ne procèdent d'aucun texte juridique objectif.

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politique autant par nature que par destination et qu'il n'appartient qu'au droit d'encadrer. Car en effet, les différents textes traitant des propositions de code de conduite devant guider l'envoi ou le déploiement des missions de monitoring des élections présidentielles dont la valeur juridique n'est jusqu'alors pas établie, ne suffisent pas à faire de ce mécanisme une technique juridique. Or, rechercher absolument l'essence du monitoring des élections présidentielles nous semble inopportun, dans la mesure où cela ne résout absolument pas le problème de la définition juridique de ce monitoring mais ne fait, de notre point de vue, qu'influencer la philosophie générale du droit aux élections libres tel que prescrit dans les différents instruments juridiques internationaux y relatifs. Mais le problème n'est pas résolu pour autant dans la mesure où les acteurs de cette activité recherchent une orientation claire sur la juridicité de ce mécanisme à laquelle se heurte aussi la problématique de l'opportunité de ces missions.

Dans sa volonté d'appliquer à toute force la règle de droit et devant l'inconfort avéré au sujet de la juridicité des missions de monitoring des élections présidentielles, se pose naturellement la question de l'opportunité de ces missions. Cette situation s'est essentiellement fait remarquer au début, dans la deuxième partie de la décennie 1990, à travers les premiers rapports de fin de mission342. On voyait systématiquement revenir cette formule désormais rituelle dans certaines organisations, à savoir notamment que « malgré les quelques insuffisances constatées, l'élection s'est déroulée dans le calme et la sérénité sur toute l'étendue du territoire »343. Cette série d'interrogations sans réponses satisfaisantes a donc donné lieu à son tour à une sorte d'incapacité objective à donner une orientation claire à ce mécanisme et du coup à rendre encore plus difficile une réelle évaluation de la pratique au sein de l'organisation.

De la même manière, le défaut de vision claire de ce mécanisme a donné lieu quelques fois à des sarcasmes dans certains pays d'Afrique où les missions de monitoring des élections n'ont été le plus souvent en réalité que des moyens de conforter les intérêts de certaines puissances occidentales comme la France ou encore les Etats-Unis, au mépris du respect de la volonté réellement exprimée par les peuples344. Il y a là une sérieuse accusation qui témoigne autant de la difficulté des acteurs du monitoring des élections de se situer par rapport à une approche consensuelle et rigoureuse du mécanisme de monitoring des élections et des finalités réellement attachées à celui-ci dans la confrontation aux réalités de l'action politique, elle aussi, quelquefois soumises à des pressions et contraintes juridiques.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault