Paragraphe 2 : Les usages politiques du principe de
transparence dans la dynamique interne du monitoring des élections
présidentielles
L'un des éléments d'analyse des usages internes
du monitoring des élections présidentielles peut aussi se faire
en examinant de près le défi et le souci, un tant soit peu la
transparence et la stabilité comme gage de cette action (A), et aussi
d'envisager cela comme un appel à un dialogue politique des
différents acteurs de la scène politique camerounaise (B).
A. L'argument de transparence comme vecteur de
stabilité sociopolitique : cas de des élections
présidentielles de 1992
L'élection constitue un mode de désignation par
les citoyens de leurs représentants ou de leurs
délégués soit à l'échelon local, à
l'échelon national, soit à la désignation ou au choix de
son président. Elle constitue un mode de participation du citoyen
à la vie politique de son pays. La transparence dans un tel processus
confère une légitimité au Président élu.
L'importance des mécanismes d'accès aux positions de pouvoir
politique se mesure aux conflits qui marquent régulièrement les
élections dans notre pays depuis le début des années 90.
Et cela ne réside pas seulement dans l'organisation du scrutin
présidentiel en soi, mais aussi dans une périodicité fixe
et de dates convenues, depuis 1992, date du retour au
multipartisme249. Ces représentants des citoyens acceptent en
effet de confronter leurs différences, selon une règle commune :
la méthode démocratique.
Au Cameroun, comme dans le reste des pays africains, les
élections cessent d'être ce que Max Weber appelait « des
chances de puissances »250, mais deviennent l'occasion de
conflits internes qui déchirent l'unité nationale au grand dam
des populations. Ces dernières sont victimes d'une mise à
l'écart dans le déroulement du processus électoral, et
payent les conséquences désastreuses des affrontements dont elles
ne sont pas à l'origine.
Le début des années 90 voit émerger au
Cameroun des organisations nationales et internationales s'impliquant de plus
en plus dans l'organisation et la tenue d'élections libres et
transparentes. L'action des organisations à travers le monitoring des
élections a été marquée par « une
intensification des luttes et une contestation de plus en plus violente des
systèmes autoritaires. Ces mouvements ont
247 Ibidem, p. 19.
248 Sob (P), «Art. cit.», p 20.
249 Nkainfon Pefura, (S), Op. cit., première de
couverture.
250 Olivier(I), Le vote, 2ème Edition
Montchrestien, 2000, p. 23.
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
mis dans la rue des capitales et principales villes
africaines de nouvelles procédures de mobilisations et une nouvelle
thématique idéologique »251.
L'opposition qui dénonçait la fraude a
intensifié sa campagne pour une réforme du code électoral,
notamment. La mise en place d'une Commission Indépendante pour la
conduite et la gestion des élections au Cameroun. Face à toutes
ces revendications, les propositions de la tripartite ne seront pas prises en
compte ; et pour signifier son mécontentement, on assiste au boycott par
les grandes figures de l'opposition de l'élection présidentielle
du 12 octobre 1997252. Le rôle de la société
civile ne doit pas consister à se rallier derrière un opposant
pour combattre un régime donné. Elle doit plutôt être
impliquée en amont du processus électoral en encourageant les
populations à s'inscrire sur les listes électorales ; elle doit
aussi éclairer les citoyens sur les projets des différents
candidats en vue de favoriser des choix rationnels.
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