A. Les activités électorales proprement
dites
Que ce soit les scrutins présidentiels du 11 octobre
1992, du 11 octobre 1997, du 11 octobre 2004172 ou encore du 09
octobre 2011, du temps du MINATD, de l'ONEL ou encore de l'ELECAM, la mission
confiée à ces organisations était pour ainsi dire,
à son paroxysme : l'organisation, la gestion et la supervision des
opérations de vote. Le défi majeur consistait à assurer le
bon fonctionnement de tous les bureaux de vote établis sur
l'étendue du territoire national à l'occasion des scrutins
présidentiels, du déroulement des opérations de vote des
opérations de dépouillement des élections
présidentielles (le respect des horaires d'ouverture et de
clôture, le déroulement des opérations de vote, le
dépouillement du scrutin et la transmission des résultats).
L'heure d'ouverture d'une élection, fut-elle
présidentielle est fixé par décret convoquant le corps
électoral173. Elle est généralement
fixée à huit heures. Dans la pratique, l'heure ainsi fixée
n'est pas toujours respectée. En effet, dans de nombreux cas, des
intempéries et aléas sont à l'origine de l'arrivée
tardive du matériel, d'une partie du matériel, du
président ou d'un membre de la commission locale de vote. A l'occasion
de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992 par exemple, les
bureaux de vote avaient ouvert avec un retard à Tibati à cause de
l'accident du véhicule transportant le matériel
électoral174. Quant au déroulement du vote, avant le
début des opérations de vote, les contrôles d'usage sont
faits et des concertations rapides ont généralement lieu. Le plus
important de ces contrôles a trait à l'examen de l'urne. L'urne
est ainsi ouverte et présentée aux différents membres du
bureau de vote, ainsi qu'aux observateurs présents. Lorsque l'urne en
bois était encore utilisée175, elle était
ensuite fermée et les clés des cadenas remises à des
personnes différentes176.
Après toutes les vérifications, le premier
électeur rentre dans le bureau de vote. Il est procédé
à la vérification de son identité et à sa
présence sur la liste électorale. Il prend par la suite
lui-même les bulletins de vote des différents candidats en lice
pour
172 La mission d'observation s'est déployée sur le
territoire du Cameroun, selon la répartition ci-dessous, ce qui
lui a permis de visiter, 303 bureaux de vote aussi bien en ville
qu'à la campagne. Les annulations de vols
intérieurs l'ont malheureusement empêchée de
se rendre dans les provinces du Nord.
Mme Agathe Okumba d'Okwatsegue, Provinces du Centre et du
Littoral
et M. Bertrand Salifou (Yaoundé À Douala)
MM Assane Seck et Théophile Adoua, Province du Sud et MM.
Pierre Scharff et Jean Claude Hounyvi,
Province de l'Est
MM. Norbert Ratsirahona et Province du Centre
MM. Xavier Michel (appui technique) et Abraham Zinzindohoue,
Province du Littoral
Mohamed Traore (appui technique) (Douala)
MM. Gustave Dodin et Roger Mengue, Province du Nord-Ouest
M. Dominique Caillaud, Province de l'Ouest
David Bongard (appui technique)
M. Rosario Marchese, Province du Sud-Ouest
Abdoulaye Diarra (Limbé)
173 Lire décret n°2011/277 du 30 aout 2011 portant
convocation du corps électoral en vue de l'élection du
Président de la République.
174 Cameroon tribune du 1 novembre 1992.
175 Les urnes en bois ont été utilisées pour
la dernière fois lors de l'élection présidentielle du 11
octobre 1997.
176 L'on imagine un seul instant les difficultés
supplémentaires qu'engendrait l'introduction du bulletin de vote unique
qui, avec des candidatures multiples, pourrait bien atteindre des mètres
!
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
le scrutin, ainsi qu'une enveloppe vide, et se dirige vers
l'isoloir ou il met le bulletin de son choix dans l'enveloppe et jette les
autres dans le sac-poubelle prévu à cet effet. A sa sortie de
l'isoloir, il fait constater aux membres du bureau de vote qu'il n'est porteur
que d'une enveloppe qu'il introduit dans l'urne. Il appose ensuite son
empreinte digitale qu'il a au préalable trapper dans un bocal d'encre
sur sa carte d'électeur, à l'endroit prévu à cet
effet, et appose sa signature sur la liste électorale
d'émargement. Il est important de relever qu'en zone rurale, et parfois
même en zone urbaine, des électeurs ne savent pas toujours comment
voter. D'où des questions du genre « qu'est-ce que je dois faire ?
», posées régulièrement le jour de l'élection.
Cette situation a pour conséquence les lenteurs constatées
parfois dans les opérations de vote. D'où ce constat fait par un
candidat, monsieur Garga Haman Adji, lors de l'élection
présidentielle du 09 octobre 2011 : « chaque électeur, pris
individuellement, prend plus de trois minutes. Conséquence, on risque de
ne pas faire la moitié des électeurs avant 18 heures ».
La suspicion entre le président de la commission locale
de vote et les membres représentants des partis politiques et des
candidats, ceux de l'opposition particulièrement, est à l'origine
de l'ambiance électrique qui règne parfois au sein des bureaux de
vote. Au fil du temps, ces relations sont devenues de plus en plus conviviales.
Lors de l'élection présidentielle du 11 octobre 2004 par exemple,
l'on a vu le représentant local du Social democratic front (SDF) relayer
l'information faisant état du nombre insuffisant des bulletins de vote
du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) dans la zone
de Bonamoussadi-Douala.
En principe, le vote prend fin à 18 heures. Aucun
électeur arrivé après cette heure ne doit plus voter. Par
contre, les électeurs présents devant le bureau de vote à
cette heure sont admis à voter. L'heure de la fin des opérations
de vote est mentionnée sur le procès-verbal. Le
dépouillement le décompte se font dans le bureau de vote, en
présence des électeurs qui le désirent, des observateurs
encore présents dans ledit bureau, dans la mesure où la salle
peut les contenir. L'urne est ouverte et les bulletins de vote sont
comptés. Un scrutateur extrait, l'un après l'autre, les bulletins
des enveloppes, les passe à un autre qui lit à haute voix le nom
du candidat. Deux scrutateurs relèvent les résultats sur une
feuille de pointage. Les procès-verbaux de dépouillement sont
rédigés sur place, et chacun des membres de la Commission locale
de vote en reçoit un exemplaire, celui détenu par les
représentants du MINATD d'abord, de l'ONEL ensuite, d'ELECAM depuis la
dernière élection présidentielle de 2011. Cette innovation
date de la création de l'ONEL et de l'ELECAM. Elle était un
acquis, voire, un gage de transparence et une limite aux fraudes. Lors des
premières échéances électorales au Cameroun, entre
1992 à 2011, l'on a noté des situations ou, pour des raisons
diverses, les urnes étaient transportées à la
Sous-préfecture pour le dépouillement. Cette situation, bien que
prévue par la loi, est en voie de disparaître.
Traditionnellement, le MINATD faisait une déclaration
le soir des élections pour présenter au public un bilan global du
déroulement des élections. C'était
généralement l'occasion pour lui de remercier tous les acteurs du
processus électoral et d'annoncer, si possible, les premières
tendances issues des urnes177.
177 Parce qu'elle peut influer sur les résultats, la
publication des tendances méritait d'être encadrée par la
loi, ce d'autant plus que la proclamation des résultats relève
d'institutions bien précises.
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
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