CHAPITRE II : RESSOURCES ET LOGIQUES DU MONITORING DES
ELECTIONS PRESIDENTIELLES AU CAMEROUN
« Un groupe électique de personnes issues de
milieux divers se trouvent derrière ces activités d'observation.
Mais elles ont un point commun : leur compétence, des années
d'expérience, un esprit et leur dévouement. »123
S'il est facile de discuter des règles des enjeux et du
monitoring des élections, il l'est moins en ce qui concerne les
ressources ainsi que les logiques de la dynamique de mise en oeuvre des
missions de monitoring des élections présidentielles. Les
missions de monitoring des élections présidentielles ne peuvent
en effet être comprises que dans la dynamique réelle des
circonstances particulières à chaque élection et à
chaque pays124. Dans le cas du Cameroun et en ce qui concerne les
élections présidentielles, il s'agit donc pour nous d'affirmer
que comprendre la dynamique de mise en oeuvre des élections qui
s'applique aux élections présidentielles, c'est comprendre
comment est organisée l'élection du Président de la
République au Cameroun. La dynamique de mise en oeuvre du monitoring des
élections présidentielles peut ici être intéressante
parce qu'elle permet d'examiner les questions liées aux ressources des
acteurs du monitoring des élections présidentielles et à
leur inégalité (Section 1), et ensuite d'analyser le
déploiement réel des acteurs sur le terrain (Section 2).
SECTION 1 : LES TYPES RESSOURCES ET LES INSUFFISANCES
DES ACTEURS DU MONITORING DES ELECTIONS
L'organisation et le déploiement des missions de
monitoring des élections présidentielles recours à la
mobilisation des ressources à la fois financière, humaine et
matérielle (Paragraphe 1), l'organisation d'un scrutin
présidentiel peut mettre en évidence certaines insuffisances
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les types de ressources des acteurs du
monitoring des élections
L'organisation des élections, tout comme leur
monitoring nécessite des ressources à la fois financières
(A), humaines (B) et matérielles (C). Ces ressources permettent aux
acteurs d'assurer une bonne préparation d'une part et d'autre part un
bon déploiement sur le terrain.
A. Les ressources financières
Les ressources financières pour le monitoring des
élections, pour certains acteurs, proviennent de l'Etat, du moment
où l'organisation des élections incombe à l'Etat, à
travers le Ministère de l'administration territoire et de la
décentralisation (MINATD). Elles sont prélevées dans le
budget de l'Etat, c'est-à-dire du contribuable125. Ces fonds
camerounais, ces fonds sont généralement destinés
à
123 Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe (OSCE), L'observation des élections,
p.5.
124 Monney Mouandjo, (S), Op. cit., p. 283.
125 L'imprimerie nationale avait réalisé en dix
jours, cinquante millions de bulletins de vote pour les huit candidats en lice.
Quatre-vingt-dix tonnes de papier et des équipes de travail se sont
relayées 24/24 heures pour préparer ce scrutin. Mais il faut dire
qu'aucun chiffre n'est clairement avancé pour dire combien a
coûté
Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
l'organisation matérielle des élections. En
année électorale l'élaboration d'un budget des
élections, après l'évaluation des besoins et les
estimations des dépenses par opération, est assurée par le
MINATD du moment où est encore ce département ministériel
qui était en charge de l'organisation des élections comme ce fut
le cas lors de la première élection présidentielle
anticipée du 11 octobre 1992, ou encore celle du 12 octobre 1997 et le
11 octobre 2004126. Au-delà des dépenses liées
à l'informatisation des opérations électorales, le budget
des élections a permis au MINATD d'acquérir du matériel
pérenne127. En ce qui concerne les acteurs non
étatiques comme la société civile nationale ou
internationale, les ressources financières pour le monitoring de
l'élection présidentielle anticipée du 11octore 1992 leurs
ont été octroyées par leurs organismes de leur budgets de
fonctionnement. C'est le cas du Comité national des droits de l'homme et
des libertés, qui est une institution indépendante de
l'administration mais qui fonctionne sur le budget de l'Etat voté par
l'Assemblée nationale (AN) ; par contre le NDI, une Organisation non
gouvernementale américaine qui reçoit les fonds dans sa
quête de promouvoir la démocratie dans le monde. Ces ONGs
américaines sont chargés de déposer un rapport
auprès ce département d'Etat américain à la fin de
leur mission de monitoring des élections ; c'est pour cette raison que
nous pensons que les acteurs non officiels comme ces ONGs sont le prolongement
de la politique américaine dans les Etats et leur intervention peut
conduire à des changements dans ces Etats-là. Les ressources
financières d'autres acteurs comme les institutions diplomatiques
accréditées au Cameroun viennent des fonds liés à
la promotion de la démocratie128. A l'occasion de
l'élection présidentielle du 11 octobre 2004, hormis le budget
voté par l'Etat pour la préparation de ce scrutin, l'Organisation
internationale de la francophonie (OIF) a mis à la disposition du
Cameroun une somme d'un montant de 53.000 milles euros, soient environ
34.765.721 millions de francs CFA destiné à un appui financier
à l'organisation matérielle de cette
élection129. De nombreuses organisations de la
société civile camerounaise qui ont participé au
monitoring de cette élection l'on fait sur fonds propre, d'autres avec
l'appui financier et des appels à fonds des programmes de certaines
organisations internationales comme la Délégation aux droits de
l'homme de l'OIF, qui a appuyé des ONGs à travers son fonds
d'appui à la démocratie et à la société
civile130.
Seules les ressources financières ne suffisent pas pour
mener à bien une mission de monitoring des élections ; d'autres
ressources sont aussi importantes telles que les ressources humaines et
matérielles.
l'organisation des élections présidentielles au
Cameroun depuis celle de 1992. Par contre, en ce qui concerne les autres
élections c'est-à-dire les élections couplées
législatives et municipales de 2002 ainsi que les partielles qui s'en
sont suivies on les évalue à 17. 761.529.943 FCFA en terme de
dépenses ; le double scrutin du 22 juillet 2007 quant à lui a
coûté un peu plus de 26.803.344.958 FCFA, Lire à ce sujet
Abdoulkarimou, Op.cit., pp. 124128.
126 Abdoulkarimou, Op.cit.,p. 125. Lire aussi le
rapport de l'administration et le rapport du NDI, sur l'élection
présidentielle anticipée du 11 octobre 1992.
127 Idem.
128 Voir Ebolo (M-D), « L'implication des
puissances occidentales dans les processus de démocratisation en Afrique
: analyse des actions américaine et française au Cameroun
(1989-1997) », in Polis, Revue camerounaise de Science politique,
vol. 1, Numéro spécial, février 1996, pp. 51-56.
129 Cf. Organisation Internationale de la Francophonie (OIF),
Rapport de la mission d'observation de l'élection
présidentielle du 11 octobre 2004, p. 28 ; lire aussi, La
Commission Nationale des Droits de l'Homme et des Libertés (CNDHL),
Le Rapport Général sur l'observation de l'élection
présidentielle du 11 octobre 2004.
130 L'Organisation Internationale de la Francophonie
(OIF), Election présidentielle du 11 octobre 2011 au Cameroun,
p. 4.
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
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