B. Les enjeux culturels du monitoring des
élections
Les positions culturelles de ces acteurs notamment les
Etats-Unis et la France sont appelées à s'étoffer. En
effet, ces pays ont été les principaux clients du Cameroun entre
1990 et 1993118. Cette relative prospérité des
échanges commerciaux semble liée à la priorité
accordée au commerce au détriment de l'aide à l'Afrique
par l'administration de Monsieur Bill Clinton.
De par son caractère biculturaliste, le Cameroun
constitue un enjeu culturel non négligeable à la fois pour les
anglophones et les francophones. En effet, certaines sources avaient
confié que l'administration du président Georges Bush père
souhaitait « ardemment une scission du pays en zone francophone et
anglophone, d'où le soutien massif apporte à l'homme de Bamenda
»119. Certes, il est difficile d'attester de la
fiabilité d'une telle allégation. Pourtant, l'on doit
reconnaître que le processus de construction de l'empire
démocratique universel120 donne lieu à un affrontement
culturel susceptible d'engendrer des conflits internationaux121.
Il paraît évident que la politique
étrangère des Etats-Unis d'après la chute du mur de Berlin
ait considérablement changé la façon de penser la
politique et de penser les politiques. Il ne fait non plus de doute que le
partage d'une langue bien qu'instrument de communication puisse tout aussi
être l'un des moyens les plus importants de transmission et de partage
d'une certaine culture122.
Au plan culturel, le Cameroun est un champ d'influence non
négligeable pour les acteurs du monitoring des élections,
notamment les américains et les français qui les puissances en
rivalité au Cameroun pendant l'élection présidentielle
anticipée du 11 octobre 1992 cela a conduit a assisté à la
confrontation entre l'offensive de l'angloculturelle ici
représenté par les Etats-Unis au détriment de la
francophoculturelle représenté par la France.
118 En effet, ces pays ont occupés les rangs de
sixième client du Cameroun en 1990-1991, puis cinquième en
1991/92 et 1992/93, pour se stabiliser au sixième rang en 1993/94 et
1994/95. Pour les produits comme le café robusta, le beurre de cacao, le
caoutchouc naturel et, bien entendu, le Pétrole brut qui sont les
principaux produits exportes par le Cameroun vers les Etats-Unis et la France.
Du troisième rang en 1990/91 et 1991/92, les Etats-Unis et la France
sont passés au quatrième rang des fournisseurs du Cameroun en
1992/93 avant de se retrouver au deuxième rang en 1993/94 et 1994/95,
cf. à ce sujet document de l'ancien Ministère de l'Economie et
des Finances, notamment la Direction de la Statistique et de la
comptabilité Nationale, 1996, voir aussi GATT, Cameroun : Examen des
politiques commerciales, 1995, vol. I et II, Tableau 3, pp. 172-174.
119 Africa Intemational, n°. 260, avril 1993 p.
14.
120 Valladao (A.G.A), Le XXème siècle sera
américain, Paris, la Découverte, 1993, p. 148.
121 Huntington, (S.P), "The clash of civilization?", in
Foreign Affairs, Summer 1993, vol. 72, n°3, pp. 22-49.
122 Monney Mouandjo, (S), Op.cit., p. 271.
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
CONCLUSION PARTIELLE
Ce chapitre est fondamental dans la mesure où il permet
de restituer les règles qui encadrent et les enjeux qui structurent le
monitoring des élections présidentielles depuis 1992 jusqu'en
2011. Il nous permet de comprendre la construction d'un phénomène
politique. En effet, il nous a permis de comprendre que le monitoring des
élections est une pratique encadrée par des règles
juridiques à la fois internationales et nationales, d'une part ; et
d'autre part par des règles pragmatiques tant internationales que
nationale d'autre part.
Ensuite, le monitoring des élections
présidentielles est aussi une pratique aux enjeux multiples ; il
convient donc de dire que d'un point de vue stratégique, les enjeux qui
structurent cette pratique sont à la fois politiques,
géostratégiques et aussi économiques et culturels qui
peuvent mettre en accord des puissances hier, et en désaccord
aujourd'hui.
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
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