Paragraphe 2 : Les enjeux économiques et culturels
du monitoring des élections : cas des élections
présidentielles de 1992 et de 1997
L'enjeu peut s'entendre comme la chose pour la possession ou
le contrôle duquel une entreprise est engagée114. C'est
ce que l'on gagne ou perd dans un jeu. Dans le cadre du présent travail,
il s'agit d'analyser tour à tour les enjeux économiques (A) et
les enjeux culturels (B) des acteurs du monitoring.
A. Les enjeux économiques des acteurs du
monitoring des élections
L'analyse des relations franco-africaines depuis la
période des années 90 laisse paraître un soutien multiforme
et quasi permanent de la France aux régimes
africains. Cela se vérifie par exemple à travers
l'élection présidentielle de 1992 au Cameroun. A l'issue de cette
première élection présidentielle pluraliste, qui mettait
aux prises Monsieur Paul Biya, soutenu par la France et Monsieur Ni John Fru
Ndi
soutenu par la diplomatie américaine, Monsieur LeFloch
Prigent, président d'ELF de l'époque fait des déclarations
selon lesquelles c'est avec l'appui de sa compagnie que
le président Paul Biya a pu s'imposer115.
Par ailleurs, après la longue période de défiance
née après l'élection présidentielle de 1992 et afin
de mieux servir leurs intérêts dans le pays, les Etats-Unis
décident de changer d'attitude et de cohabiter harmonieusement avec le
pouvoir de Yaoundé. Le soutien américain au régime du
président Paul Biya s'illustre à la veille de
l'élection présidentielle de 1997. Redoutant les trucages
électoraux, l'opposition refuse de se présenter devant les
électeurs, tant
que les garanties de transparence ne seront pas données
par le pouvoir. Dans l'espoir que les Etats-Unis fassent pression sur le
président Paul Biya pour garantir la transparence du scrutin, un des
leaders de l'opposition, Monsieur Samuel Eboa
rencontre le successeur de Madame Frances Cook (ancienne
ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun) qui lui répond que «
c'est la stabilité politique du Cameroun qui
intéresse les Etats-Unis et non le soutien à
tel ou tel candidat ou formation politique »116. Selon
Alain Fogue Tedom :
« la réponse du diplomate américain, en
fait un revirement au regard de 1992, (...) et annonçait par le fait
même le renoncement de son pays par rapport à sa volonté
initiale et officielle de ramener aux africains en même temps que le
libéralisme économique, la démocratie. Elle
dévoilait la réconciliation intervenue entre le gouvernement
camerounais et les intérêts américains. C'est donc sans
surprise qu'après la création en 1999 de la multinationale
américaine EXXONMOBIL, fruit de la fusion d'ESSO et de MOBIL, jusqu'ici
limité en Afrique Noire dans le raffinage et la distribution, on
apprendra qu'elle a obtenu des autorités camerounaises le permis de
prospecter du pétrole sur deux gisements off-shore : Ebodjé et
Ebomé Marine »117.
114 Dictionnaire encyclopédique, Paris, Quillet,
1985, p.878.
115 Fogue Tedom (A), Op.cit., p. 82.
116 Fogue Tedom, (A), Op.cit, p. 84.
117 Idem.
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
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