B. Les enjeux stratégiques des acteurs : Cas de
l'élection présidentielle de 1992
Dans le domaine des activités militaires, au sens
large, l'on peut signaler l'existence d'une assistance militaire
américaine dans le cadre de 1'International Military Education and
Training (IMET) pour lequel des dotations de 0,275 million de dollars et de
0,100 million de dollars furent allouées au Cameroun respectivement en
1991 et 1996. Il y a lieu de mentionner la formation des personnels cadres et
1'équipement des forces armées camerounaises pour laquelle aucun
chiffre n'est donné. De plus aucun accord formel ne lie le Cameroun et
les Etats-Unis dans le domaine de la coopération
militaire110.
Prisonnière des considérations
géostratégiques, la France ne veut pas prendre le risque de
soutenir la démocratisation du continent, démocratisation
susceptible de remettre en cause ses intérêts sur le continent.
Mais pour contenter l'opinion africaine, elle adopte une posture
progressiste111 : « Le discours de la Baule, abusivement et
surtout idéologiquement considéré comme le
détonateur du processus de démocratisation en Afrique
»112, n'est rien d'autre qu'un exercice
géostratégique de transformation des contestations politiques
africaines du début des années 1990 au mieux des
intérêts de la France. Dans le même temps, pour des raisons
géostratégiques, elle ne pouvait courir le risque de voir les
populations africaines devenir maîtresses de leur destin politique et par
conséquent, les Etats de son pré-carré s'émanciper
de sa tutelle politique, stratégique et économique au moment
même où, après avoir déclaré le nouvel ordre
mondial, les Etats-Unis venaient de proclamer la libre concurrence politique
entre les anciens de la guerre froide.
Soulignant cette duplicité française, monsieur
Jean Pierre Cot, ancien ministre français de la coopération
affirmait que « c'est très caractéristique de la
politique française (en Afrique) et notamment celle de monsieur
François Mitterrand que de tenir, d'un côté, un discours
généreux, d'entretenir des espoirs, et d'autre part, de
pérenniser une pratique qui vise exactement le contraire
»113. En clair, malgré ses prises de position en
faveur de la démocratisation du continent, la France devait garantir la
survie de ses « amis fidèles », même au prix du
maintien des Etats africains dans l'immobilisme et l'archaïsme politique.
De la survie politique des régimes africains dépendait la survie
des intérêts français en Afrique.
109 Lire à ce sujet le rapport de la mission
internationale des observateurs du NDI, Election présidentielle du 11
octobre 1992 au Cameroun, p 245-246, op cit. Lire aussi la déclaration
post-électorale préliminaire du 14 octobre 1992 et du Rapport
provisoire de la Mission d'Observateurs Internationaux du NDI aux
présidentielles du 28 octobre 1992.
110 Ebolo (M-D), Op.cit.,p. 57.
111 Fogue Tedom, (A), Enjeux géostratégiques
et conflits géopolitiques en Afrique Noire, Paris, L'Harmattan,
collection Défense, relation internationale, 2008, p. 109.
112 Ibidem, pp. 14-15.
113 Fogue Tedom, (A), Op. cit., p. 109.
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Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
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