CONCLUSION
123. A l'ère du numérique,
l'auteur-interprète joue ainsi un rôle majeur. Au centre des
débats entre public et professionnels, utilisateurs et producteurs,
s'ouvre à lui en ensemble de moyens de communication et de
commercialisation qui lui permettent d'acquérir notoriété
et indépendance. En quinze ans, l'Internet a influencé les moeurs
sociologiques, économiques et culturelles et la technologie n'a de cesse
de s'améliorer et d'influer toujours plus sur la vie de tous, promettant
toujours plus d'innovations, de « phénomènes »,
élargissant de façon exponentielle la société de
l'information. Mais ces développements sont à double tranchant :
Les bénéfices de ce nouveau monde sont à nuancer avec les
atteintes potentielles aux droits et intérêts des
créateurs.
124. Le droit actuel appréhende difficilement les
nouvelles exploitations numériques. Partant d'une volonté
légitime de protéger le Droit d'auteur, il ne sait pourtant pas
encore protéger au mieux les droits des auteurs. Il n'est nul doute
qu'il doit et peut s'appliquer sur Internet, comme la jurisprudence a pu
rapidement le démontrer, mais il ne sait encore prendre la mesure des
implications de ce nouveau milieu. La prise en compte tardive des profondes
modifications enclenchées par le numérique, et les alternatives
proposées pour instaurer un droit d'auteur moderne, adapté
à un univers totalement dématérialisé pourraient
ainsi poser le socle d'une éthique numérique et d'une
réelle paix sociale entre les différents acteurs, motivée
par l'auteur-interprète, moteur et essence de la création
musicale. L'auteur-interprète pourra alors pleinement s'adapter à
l'ère numérique grâce aux évolutions
nécessaires du droit
125. L'hégémonie des producteurs risque de
s'effacer en l'absence de politiques nouvelles et adaptées à
l'ère numérique au profit d'un public plus alerte quant aux
problématiques de la culture et de sa consommation. On ne peut nier la
réalité d'un système de demande et d'offre, fondement du
commerce et de la société. Les professionnels doivent donc savoir
adapter leur offre à la demande et non tenter d'imposer leur offre pour
harmoniser la demande. L'on peut se prendre à espérer une balance
des intérêts de l'ensemble des acteurs, qu'il s'agisse des
producteurs et labels, des musiciens, et des consommateurs. Toutefois,
certaines propositions sérieuses, comme la légalisation du
partage non-marchand, annoncent un possible renversement de situation au profit
des utilisateurs. L'on pourrait donc aboutir à un droit d'auteur au
profit de ceux-ci, au détriment des auteurs eux-mêmes. Ces
derniers doivent donc saisir cette opportunité qu'est l'Internet et son
champ d'expression et de connaissance grandiose pour se faire enfin entendre
des instances décisionnaires et s'assurer de la mise en place d'une
règlementation destinée à servir au mieux leurs
intérêts, dans le respect de ce que le droit d'auteur a
historiquement eu l'ambition d'être : Une protection de leurs
créations, oeuvres intimement liées à leur personne,
à leur profit, conciliée aux intérêts de l'ensemble
des acteurs du processus culturel.
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