CHAPITRE II : DES RAPPORTS AUTEUR-PUBLIC
ENCOURAGES
107. La démocratisation de l'internet est
récente. Ce n'est que depuis le début des années 2000 que
le plus grand nombre -tout du moins dans les pays développés- y a
accès. La jeunesse d'aujourd'hui est née dans l'ère
numérique et a grandi en utilisant ces différents outils. Pour
Lawrence Lessig, la jeunesse est née d'une tradition de libre culture,
semblable à la liberté d'expression, à la liberté
du commerce ou aux marchés libres124 . Comme nous l'avons vu
plus tôt, la protection effective des droits d'auteur sur internet et la
volonté de sanction des usagers finaux est encore plus récente.
Ces jeunes sont alors imprégnés d'une culture non marchande,
où l'internet permet l'accès gratuit et quasi illimité aux
contenus.
108. Mais l'accès à la
société de l'information, la diffusion des contenus,
l'accès à la culture si ardemment défendu par les
utilisateurs méritent-ils le non-respect absolu des droits de
propriété intellectuelle ? Quand bien même la
réponse serait négative, la situation resterait inchangée.
Il semblerait donc opportun, comme le proposent les partisans du « No
copyright » et du « Copyleft », de promouvoir la
gratuité pour l'utilisateur final, ou un nouveau mode de financement des
artistes et de leur rétribution. Internet est un outil
démocratique permettant aux auteurs de se faire connaître,
partager leurs oeuvres et favorisant l'égalité des chances.
L'auteur n'est plus enfermé dans des barrières territoriales et
il peut s'adresser en simultané à un public international
grâce à une visibilité accrue. Il est en relation directe
avec son public et peut bénéficier ainsi des retours de celui-ci
et de ses conseils pour améliorer ses travaux et s'assurer une chance de
succès commercial bien plus grande.
121 Idem.
122 S. Canevet, et B. Jean, 2009 « L'évolution du
droit d'auteur à l'ère numérique », in La Bataille
Hadopi InLibroVeritas p.300
123 Benjamin Bayart
124 L. Lessig, 2004 «We come from a tradition of «
free culture » -no « free » as in « free beer » [...]
but « free » as in « free speech », « free markets
», « free trade » » in Free Culture, How big
medias uses technology and the law to lock down culture and contrôle
creativity p.14
109.
39
Joost Smiers, dont l'hostilité pour l'industrie
musicale et le droit d'auteur tel qu'on le connaît n'est plus un secret,
souligne avec adresse que « grâce aux réseaux
numériques, les paiements directs des artistes par le public seront
facilités sans passer par de grands groupes. L'enjeu [étant] de
briser les pouvoirs monopolistiques dans les industries culturelles et de
créer un nouveau système plus favorable aux intérêts
financiers des artistes et à la diversité culturelle
»125.
Section 1 : L'Internet en faveur d'un rapport direct
110. Le partage favorise l'innovation. Une oeuvre musicale
est un bien non rival, inépuisable. La libre diffusion participe
à la notoriété de l'auteur, cette notoriété
favorisant alors la rémunération de celui-ci par la vente de
produits dérivés (les concerts par exemple), favorisant de
nouveau la création. Le partage serait donc lié au cercle
vertueux de la création126
111. Grâce aux licences libres et Creative Commons, le
public n'est plus borné à son simple rôle de consommateur
de musique. Il peut désormais s'approprier les oeuvres, les
améliorer, mixer, intégrer dans ses propres créations, les
citer, traduire librement...127 Les meilleurs exemples d'une telle
mise en commun de la connaissance restent Wikipédia, Linux et Firefox.
Ces licences d'autorisation, contractuelles, respectant le cadre légal
de la propriété intellectuelle, mettent en place un degré
variable de liberté mais toutes ont en commun certaines
caractéristiques : La libre reproduction, la libre diffusion,
l'obligation de citer le nom de l'auteur, l'obligation de soumettre les
dérivés de l'oeuvre sous les conditions de la licence, et
impossibilité d'exercer un quelconque monopole sur cette oeuvre
dérivée. La limite reste toutefois la Licence Art Libre, lorsque
l'auteur est affilié à une société de gestion
collective. Le cas échéant, la SACEM pourrait alors demander une
rémunération pour l'utilisation faite des oeuvres de son
catalogue128.
112. En outre, le numérique facilite en partie
l'exploitation par un artiste de ses oeuvres. Alors qu'auparavant, la
communication était essentielle et nécessitait l'engagement de
coûteux frais de publicité pour l'affichage, la diffusion de spots
publicitaires télévisés ou radiodiffusés,
désormais, l'artiste peut louer un nom de domaine en son nom à
faible coût, être référencé pour gagner en
visibilité, et profiter des plateformes de streaming pour diffuser ses
maquettes et singles. Tout en dépensant peu, il peut même
rentabiliser son activité de promotion par des encarts publicitaires
ajoutés sur sa page web ou par les plateformes de streaming qui lui
reversent une partie des revenus, indexés sur le nombre de visionnages
de ses vidéos. Par ailleurs, dans l'espace physique, il était
nécessaire de produire des supports physiques engrangeant des
coûts de production et de distribution, et les disques non vendus
pouvaient constituer pour l'auteur une véritable perte sèche. Le
numérique permet la diffusion de titres
dématérialisés, sans coût de production du support,
les titres invendus sont indifférents puisque
dématérialisés, la notion de stock
125 J. Smiers, op. cit. p.61
126 L. Marino, op. cit. p.107
127 M. Dulong et H. Le Crosnier, op. cit. p.146
128 D. Geraud, op. cit. p.155
40
apparaît superflue. Egalement, si le monde physique
nécessite l'intervention de distributeurs prélevant une marge sur
la vente, et gérant la commercialisation, le numérique permet
à l'artiste de gérer tous les stades de la production et de la
distribution. Des sites comme PayPal permettent à l'artiste d'être
directement crédité du montant des achats effectué par les
utilisateurs, avec des frais relativement faibles129. Exit donc les
réseaux de production et de distribution complexes mettant en jeu de
nombreux intermédiaires. L'Internet permet à l'artiste de
contrôler l'ensemble du processus.
113. Toutefois, l'on ne peut nier le rôle
nécessaire de certains intermédiaires, véritables
professionnels de la communication et de l'investissement. L'artiste, s'il peut
être autonome, devrait toutefois conserver à l'esprit cette
idée. Non formé aux arts de la communication et du commerce, il
pourrait commettre certaines erreurs, ne pas profiter au maximum des
potentialités offertes par la communication numérique, perdre en
rentabilité et en visibilité. Le numérique a cela
d'intéressant en ce qu'il permet une exploitation autonome mais ne
l'oblige pas. C'est alors à l'artiste de faire le choix des
intermédiaires qu'il considère nécessaire selon leur
pertinence, choix permis avant l'avènement de l'ère
numérique qu'à une partie minime des artistes professionnels
disposant des fonds nécessaires et conséquents pour diffuser
leurs oeuvres.
Section 2 : Le public, au centre d'un nouveau modèle
économique ?
114. Les principes fondateurs de l'Internet sont la
gratuité et le libre accès, principe opposés de prime
abord au droit d'auteur. Les théories du No Copyright et Copyleft
rejettent le droit d'auteur dans sa forme actuelle. Si l'un rejette
l'idée même de monopole exclusif et la notion de droit d'auteur,
l'autre se limite à en questionner la pertinence du fonctionnement
actuel, et cherche une conciliation nouvelle et plus poussée entre ce
droit et l'intérêt du public. Cette conciliation ne peut se faire
que par de nouveaux modes de financement des productions culturelles et de
rémunération des artistes, et l'on trouve pléthore de
propositions sur Internet contrairement au modèle classique du droit
d'auteur fondé sur le droit de reproduction et celui de
représentation.
Paragraphe I : Le public, socle d'un nouveau
modèle économique
115. Alors que les systèmes d'abonnement classiques
restent anecdotique et cantonnés à certains domaines, qu'il
s'agisse de la pornographie ou des relations entre professionnels, serait
privilégiée la rémunération indirecte de l'artiste,
par le biais des revenus publicitaires ou subventions diverses.
116. Lors des débats préparatoires de la loi
Hadopi, la question de la licence globale a rapidement été
rejetée, car considérée comme non rentable pour les
artistes et l'industrie du disque, malgré que cette proposition ait
été validée par le Rapport Attali.
129 3.4% du montant de la transaction et 0.25 centimes
d'euro, cette commission diminuant plus montant de la transaction est
élevé. [En ligne]
https://www.paypal.com/fr/webapps/mpp/paypal-fees
(consulté le 07/06/2014)
41
La licence globale repose sur un principe relativement proche
de celui de la copie privée : La règlementation autorise les
internautes à accéder librement aux contenus artistiques et de
les exploiter à des fins non commerciale, en contrepartie d'une
rémunération versée aux artistes en fonction de leur
popularité sur les réseaux. Cette rémunération
trouverait sa source dans une taxe prélevée sur l'achat d'outils
informatiques, les abonnements à Internet ou sur le chiffre d'affaire
réalisé par les diffuseurs. Pour Aurélie Filippetti, alors
ministre de la culture, « la légalisation des échanges
non marchands se heurte aujourd'hui à trop d'obstacles juridiques,
économiques et pratiques pour pouvoir constituer, à court terme,
une réponse crédible à la problématique du piratage
», propos confirmés par son successeur, Madame Fleur Pellerin,
désormais ministre déléguée à l'Economie
numérique. Madame Filipetti semble avoir oublié le temps
où elle luttait devant l'Assemblée Nationale pour «
l'émergence d'un nouveau modèle économique associant
artistes et internautes (...) fondés sur une contribution
créative associée à des budgets publics massifs de soutien
à la création »130. Par ailleurs, l'on
regrette qu'une telle initiative soit écartée pour des raisons
pratiques, alors qu'une telle licence serait à rapprocher de la copie
privée qui a su faire ses preuves au fil des ans. Parmi les principales
critiques , l'on retrouve : des critères d'allocation des subventions
arbitraires, décidés par l'administration, des règles
variables d'un Etat à l'autre, une source induite
d'inégalité et d'injustice, avec une rémunération
non fondée sur le mérite mais sur le seul statut, induisant une
démotivation des artistes, motivation déviée pour
rechercher des subventions, et pour les artistes non subventionnés, la
nécessité de « bâcler » leur travail pour
augmenter leur rendement. De plus, exiger des créateurs une production
gratuite, non rémunérée directement, ne favorise sans
doute pas la création simple, immédiate et impulsive
dictée par l'impulsion artistique.
117. Il semblerait que des groupes de réflexion
planchent sur la légalisation du partage non marchand, sans licence
globale, permettant aux utilisateurs de diffuser des oeuvres numériques
sans l'autorisation de leurs auteurs. Cette possibilité apparaît
particulièrement dangereuse : Les utilisateurs seraient bien
naturellement attirés vers les sites gratuits et légaux, au
détriment des sites proposant les mêmes biens, mais cette fois
payants. Les auteurs seraient alors privés d'un revenu tiré de la
vente directe de leurs oeuvres. De l'hégémonie des producteurs
l'on passerait à la surpuissance des diffuseurs, seuls capables de
fournir des revenus publicitaires importants à ceux qu'ils
hébergent. Le piratage apparaît alors bien moins néfaste
pour l'auteur-interprète que la légalisation de cette pratique.
« Il est nécessaire que l'interdit persiste pour retenir une
trop grande pratique »131. Cette légalisation
permettrait à chacun de reproduire et représenter n'importe
quelle oeuvre, de la publier gratuitement sur un réseau pair-a-pair,
afin de le partager tout en écartant le créateur et en le privant
d'une possibilité de revenu. D'autant que la plupart des consommateurs
de biens culturels sont prêts à payer. Ceux qui ne le sont pas ne
consomment généralement pas, que ce soit payant ou gratuit. La
130 Débats parlementaires du 22/09/2009
131 « La HADOPI contre l'emploi du future ! »
[en ligne]
http://cupfoundation.wordpress.com/2014/04/03/hadopi-contre-emploi/
(consulté le 07/06/2014)
42
gratuité ne profiterait donc qu'à une frange de
la société132, ou ne ferait qu'inciter une partie plus
grande des utilisateurs à ne pas investir dans la culture.
118. Le public pourrait donc être la base d'un nouveau
modèle économique en ce qu'il participera toujours
financièrement au développement de la culture, mais de
façon indirecte et généralisée, par la
création d'un réel « impôt pour la culture ».
Néanmoins, l'idée d'une légalisation du partage
non-marchand sans contrepartie des utilisateurs apparaît être
manifestement néfaste pour la culture. Si l'idée est pourtant
étudier, et sera sans doute abordée lors de prochains
débats parlementaires, l'on peut considérer qu'il s'agit de
l'illustration de la création d'un nouveau groupe de pression s'opposant
au lobbying des industries de la production musicale. Le risque est alors que
le public prenne la force de ces derniers et influe sur l'instauration de
règlementation en sa faveur, ce qui encore une fois ne pourrait pas
tourné à l'avantager des titulaires naturels des droits d'auteurs
: les auteurs eux-mêmes. Néanmoins, d'autres propositions
émergent sur l'Internet de la part d'utilisateurs sensibilisés
aux problématiques que nous avons pu développer au long de cette
étude et d'autres pistes de réflexions émergent, imaginant
l'instauration d'un modèle économique tout à fait nouveau
en matière musicale.
Paragraphe II : Le public, nouveau groupe
d'influence pour l'instauration d'un nouveau modèle économique
119. Des plateformes de financement participatif ou
crowdfunding émergent progressivement. Les principales sont aujourd'hui
les sites My Major Company et Kick Starter. Une des premières
utilisations de tels sites pour la création et la
rémunération des auteurs fut le film cinématographique
« Le Projet Blair Witch ». Avec un budget de 40.000 euros,
il a permis de récolter 15 millions d'euros de
bénéfices133. Ces sites regorgent aujourd'hui de
nombreux projets faisant appel au financement des internautes, et des artistes
méconnus ont pu gagner le devant de la scène grâce à
ces plateformes tremplin, à l'image d'Irma (Nomination aux Victoires de
la Musique 2013), Grégoire (Multiples nominations aux Victoires de la
Musique et Disque de Diamant pour son album « Toi + Moi »). Le
système séduit : L'artiste n'a nul besoin de recourir aux
prêts couteux auprès des banques, l'investisseur sait
précisément où son argent va être investi
contrairement au système bancaire, si le projet n'atteint pas la somme
espérer, le financeur reprend sa mise, le système repose sur un
réel altruisme où l'un permet à l'autre d'obtenir le
financement nécessaire pour réaliser son projet... Le Parlement a
d'ailleurs parfaitement compris les enjeux de telles plateformes et ces
possibilités d'expansion, préparant depuis peu une
législation propre à la matière134
132 J.M. Bruguière, 2007 Droit d'auteur et culture
Thèmes & Commentaires, La propriété intellectuelle
autrement Ed. Dalloz p.68
133 J. Farchy, 2003, Internet et le droit d'auteur, la
culture Napster op. cit. p.56
134 P. Ordonneau « Crowdfunding : Finance
émotionnelle ou rationnelle ? » [en ligne]
http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-98939-crowdfunding-finance-emotionnelle-ou-rationnelle-1006967.php
(consulté le 07/06/2014)
120.
43
Mais la révolution se situe sur un autre terrain.
Framasoft, association francophone de la « culture du libre
»135, fer de lance de la promotion des logiciels libres,
dispose dans sa base de données de plusieurs millions de logiciels,
services en lignes, livres et musiques. Cette nébuleuse autour de
laquelle se développent de nombreux projets (Une maison d'édition
: Framabook, un blog d'information : Framablog, une équipe de traduction
: Framalang, une plateforme de vidéos : Framatube, une « forge
logicielle » : Framacode...) est la plateforme tournante des utilisateurs,
informaticiens et développeurs web. Selon son fondateur, Alexis
Kauffman, les logiciels libres garantissent quatre libertés :
L'utilisation libre et gratuite du logiciel , la possibilité
d'étudier le fonctionnement du logiciel, de le modifier et l'adapter, et
le droit de dupliquer et de redistribuer des copies, gratuitement ou à
titre onéreux136. Selon lui, « le logiciel libre
s'est développé en réaction à la tentative de
certains, comme Bill Gates ou Steve Jobs, de privatiser cela. C'est une
façon de préserver la situation antérieure ». Et
d'ajouter que l'on « criminalise des gens qui ne font que partager
[...]. Or, Internet est un outil dont la respiration est la copie ».
A l'origine centrée sur le développement de logiciels libres,
cette philosophie a été ensuite transposée dans le domaine
de l'art, avec pour objectif de promouvoir l'esprit du libre et la diffusion
des oeuvres, considérées comme des biens communs137.
Un « code de bonne conduite » diminue le risque que le
travail des différents intervenants ne soit
récupéré par le secteur marchand. Le volet musical de
cette véritable sphère numérique est le site web Framazic,
concentrant la musique « libre ». Mais ce que ses développeurs
entendent par liberté n'est pas tant la gratuité, mais les
libertés d'utilisation accordées aux utilisateurs138.
Avec l'apparition des tablettes et smartphones, l'utilisation d'annuaires et
site web dédiés a diminué au profit des « stores
» tels ITunes et Google Play. Mais les récents scandales
liés à l'espionnage généralisé par la NSA ou
la censure systématique d'Apple ont rendu les utilisateurs
méfiants, qui ressentent un besoin toujours plus fort de
préserver la confidentialité de leurs données, ce que
Framasoft prétend garantir.
121. Une autre piste de réflexion,
révolutionnaire et sans doute bien difficile à mettre en oeuvre,
a été proposée par la cupfoundation139. Partant
du principe que le commerce des biens immatériels repose encore sur le
modèle économique et commercial des biens matériels, avec
un prix indépendant du nombre d'acheteur, ses auteurs ont
élaboré un nouveau modèle supprimant les
intermédiaires et liant directement le succès d'une oeuvre aux
revenus de son créateur. Le prix d'une oeuvre reste aujourd'hui
élevé car tentant de prendre en compte les effets de la copie
illégale, l'offre légale reste ainsi chère, incitant
à un cercle vicieux où l'usager continue à se tourner
encore et toujours plus vers la copie illégale. Dans ce nouveau
modèle, l'oeuvre serait mise en vente par l'auteur à un prix
déterminer « P1 », prix payé par le premier acheteur.
Le prix initial serait fonction du nombre d'acheteurs le
précédent. Pour les derniers acheteurs, le prix
135 Framasoft est une association loi 1901 au budget de
100.000€ annuels, dont 80% de donations.
136 A. Rousseaux, 2013, « L'univers de la culture libre
et non-marchande a sa galaxie : Framasoft » [en ligne]
http://www.bastamag.net/L-univers-de-la-culture-libre-et(consulté
le 07/06/2014)
137 Idem.
138 Idem
139 L. Fournier, 2012 « Economie des biens
immatériels, le réseau ?net » [en ligne]
http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/75/73/33/PDF/eco_fr.pdf
(consulté le 07/06/2014)
44
serait alors proche de 0. L'auteur fixerait également
un prix « R » correspondant au maximum de bénéfices
qu'il accepte de recevoir de la vente de son oeuvre, tout en renonçant
à un revenu potentiellement infini. Une fois ce maximum atteint,
l'excédent viendrait en remboursant du prix versé par les
acheteurs précédents jusqu'à obtention d'un prix nul ou
quasi nul. La transaction ne serait alors plus instantanée, mais
initiée à un instant T sans fin dans le temps. Elle est
établie entre un vendeur et un ensemble croissant d'acheteurs. Le
vendeur se voit crédité de P1 jusqu'au maximum attendu tandis que
l'acheteur versera P1 avant de tendre vers un remboursement au moins partiel de
ce prix. Plus il y a d'acheteurs, plus on tend vers une limite donnant
satisfaction à chacun, en toute transparence. Enfin, comme le vendeur
fait connaître explicitement son revenu maximal escompté,
l'acheteur potentiel peut évaluer la popularité de l'objet et
estimer le montant du remboursement et sa vitesse. Le principal écueil
de cette théorie reste la crainte d'une saturation du système du
fait du nombre important d'opérations financières. Les auteurs de
la proposition suggèrent, pour pallier ce risque, la création
d'une nouvelle monnaie, propre aux biens immatériels. Un compte
fonctionnant comme une carte de téléphone prépayée,
sans possibilité de débit, cette monnaie ne servant qu'à
acheter des biens immatériels, directement à leurs auteurs, sans
intermédiaires. Par ailleurs, ce nouveau modèle étant
automatisé, sans intervention humaine, les banques ne pourraient - a
priori - prélever de commissions. L'avantage majeur serait l'abolition
des droits patrimoniaux de l'auteur à son décès, qui
n'auront plus de raison d'être puisqu'il n'y aurait plus à
résoudre le problème de l'attribution des gains sur les oeuvres
anciennes. Il s'agirait alors d'un nouveau modèle de partage marchand,
incompatible avec la légalisation du partage non marchand cité
plus tôt.
122. Ainsi, qu'il s'agisse du financement participatif, des
propositions propres au No Copyright comme la mise en place d'une
économie culturelle numérique, ou des idées rattachables
au Copyleft comme la vulgarisation des licences libres, le public, qui peut
s'entendre de toute personne consommant de la musique sur l'Internet semble
ouvert à des discussions pour la modification et l'amélioration
du droit d'auteur appliqué à l'Internet. Ces propositions,
légitimes et viables, donnent une image raisonnable des utilisateurs,
non campés sur leurs positions et avides prétentions
égoïstes. Cette crédibilité, couplée à
une connaissance de plus en plus grande du droit d'auteur par ces acteurs,
pourrait alors à court terme leur permettre d'avoir un réel
impact sur les instances décisionnaires.
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