III-2-) -La thématique
Dans cette pièce comme dans les deux
précédentes, il y a une thématique unique. Ici c'est le
théâtre. On perçoit deux entités qui s'opposent et
s'affrontent. Il en ressort un besoin de révolution d'une part, mais
surtout d'une opposition farouche à un ensemble de normes et de
conventions d'autre part. L'auteur opère une mise en abyme du
théâtre.
III-3-) -L'esthétique
Le dramaturge choisit de poser des questions sur le
théâtre au travers de ce texte. Il ne donne pas des noms à
ses personnages mais il les nomme au travers de ce qu'ils représentent
réellement : Les comédiens, les bouches, les personnages.
L'auteur utilise la mise en abyme du théâtre comme
esthétique. Cette dernière qui tire son origine de la peinture,
permet d'apprécier ou de juger un art au travers de lui-même. Ce
texte de Martin Ambara est donc du théâtre dans le
théâtre. Par le théâtre lui-même, la question
de la façon de faire et de penser le théâtre est remise au
goût du jour. L'esthétique questionne la pratique
théâtrale telle qu'elle est faite de nos jours. De plus tout est
mystère et requière des clefs de lecture franches pour une bonne
compréhension. Le quatrième mur au théâtre est
souvent briser au travers des comédiens pour atteindre le public
potentiel. Dans cette pièce de Martin Ambara, on perçoit une
adresse directe au public mais qui ne passe pas forcément par le canal
du comédien. Ambara va jusqu'à personnifier le
Théâtre et l'amène à s'auto censurer. Un autre
rituel, très présent dans l'écriture de l'auteur c'est la
mort. Dans cette pièce également l'auteur trépasse et
laisse le théâtre dans ce questionnement tandis que le fruit de
son imagination survit. Cela s'explique par ces personnages qui continuent de
vivre alors que l'auteur n'est plus.
III-4-) -La langue
Fidèle à lui-même, Ambara a une langue
complexe et souvent sombre. Les mots forment un système qui se
déploie comme un manifeste. Le discours semble ne pas avoir de
chronologie. C'est par contre un mécanisme, tout entier qui revendique
un théâtre qui lui est propre. Ce texte d'Ambara est un
labyrinthe. Le lecteur, dès qu'il croit comprendre, est à nouveau
rattrapé et ralenti par la réalité. Faisant un
parallèle avec le théâtre contemporain, nous comprenons que
Martin Ambara s'interroge sur lui. Il cherche des voies de
renouvèlement. A l'image de son personnage principal, il sait qu'il faut
repenser les choses, qu'il y'a des multitudes de pistes mais laquelle
choisir ? Tout est encore codé. Le mystère de la langue ne
s'arrête pas uniquement la beauté des mots ou la construction des
phrases. Il traduit aussi l'essence même du théâtre actuel.
Cette langue est mystique et le lecteur tentera de lui trouver des codes pour
la déchiffrer. Découvrons-la dans ces quelques lignes :
L'auteur : La borne entre
deux lignes, l'endroit précis de la ligne où le souffle
s'étiole, meurt pour se régénérer. Le lieu
où il dynamise et tonifie et les sillons qu'imprime le cri sur la
feuille, pour que s'entendent les spasmes du corps des mots en érection
devant la vulve de la vierge. P.54
Cette langue parle aussi du sexe. Cela peut se comprendre
dans le contexte de cette pièce qui veut une nouvelle naissance de l'art
théâtral. Le sexe symbole de désir à assouvir et
origine de création. Nous le voyons également dans la
réplique suivante :
Un comédien : Un
bordel oui, pas un foutoir...Un nid de minettes en mini : « dix
francs la sucette mon grand, le double pour le tuyau d'échappement, et
quinze francs pour le tunnel central. Ça te dit ? P.8
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