II-7-) -Les didascalies
Dans À la guerre comme à la Game Boy
les didascalies sont introductives de chaque partie et n'apparaissent plus tout
au long du déroulement. Très spéciales dans leur
construction, elles sont une véritable poésie. A l'origine les
didascalies sont une note ou un paragraphe rédigé à
l'intention des acteurs ou du metteur en scène, donnant des indications
d'action, de jeu ou de mise en scène. Dans notre contexte, elles ne sont
pas comme à l'accoutumée des indications scéniques
à proprement parler. Elles plantent un décor dans chaque esprit
comme chacun le conçoit. L'adverbe « comme » montre
l'intensité des faits que chacun percevra selon son vécu. Ces
didascalies n'imposent pas, elles suggèrent.
Comme après une tornade.
Ou un cyclone.
Ou une fiesta.
Un jeune garçon.
Une jeune fille.
Un vieux transistor.
Cette didascalie introductive de la pièce permet
à chaque lecteur-spectateur la liberté de s'inventer un monde
pour installer les personnages. Nous le voyons également ici :
Une pensée.
Des souvenirs en bribes.
Comme un air de nostalgie.
Contrairement à la conception des didascalies
classiques qui faisaient office de mise en scène, celle-ci appelle
à la capacité du lecteur de se créer un univers. Elle
donne ainsi une grande liberté à la mise en scène car les
possibilités d'écriture scénique sont nombreuses. Espace
de mise en scène imaginaire pour le lecteur, la didascalie devient
également un lieu de doute, voire de contradiction. Les didascalies dans
cette oeuvre s'inspirent de la poésie. Encore un champ d'une discipline
autre que le théâtre qui est convoqué.
II-8-) -Les personnages
À la guerre comme à la Game Boy est un
monologue. Une voix unique celle de cet enfant soldat. Mais l'auteur nous
impose un autre personnage, muet cette fois, une jeune fille à qui boy
killer s'adresse. Il lui raconte sa vie. L'auteur dramatique construit le
personnage principal, d'un point de vue psychologique. Ce dernier est plus
important pour les écritures contemporaines et celles camerounaises en
particulier. Il faut tout construire dans la tête du personnage. On
pourrait parler d'une écriture spirituelle ou psychologique. Un conflit
intérieur anime le personnage qui porte en lui plusieurs
blessures : La mort de sa mère, un père inconnu, un oncle et
un frère de la tribu ennemie, trop de morts à son actif. Tous ces
conflits qui en s'extériorisant se traduisent par une réelle
violence, par beaucoup de colère et un endurcissement du coeur, une
transformation de l'enfant qu'il est pourtant :
Ça pleure tout le temps, un enfant.
Est-ce que tu m'as déjà vu pleurer,
moi ? P.15
Ils veulent me prendre pour un enfant alors que le sergent
Zapata était un grand mais j'ai ramené sa tête la semaine
passée au commandant pour son anniversaire. P.14
Nous pouvons dire que l'action du personnage boy killer prend
sa source dans la réalité intérieure qu'il vit.
|