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Ecriture dramatique camerounaise contemporaine : visages, palmares, caracteristiques et outils de valorisation


par Marcelle Sandrine BENGONO
Université Yaoundé I - Master II 2019
  

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III-) -L'angle de traitement

Cette écriture francophone camerounaise se caractérise par le traitement à chaque fois différent de thème déjà abordés : il y'a de nombreuses réécritures. Ce traitement multiforme des mêmes thèmes favorise l'introduction de nouveaux sujets. Dans A la guerre comme à la Gameboy, Bvouma pour parler des atrocités de la guerre l'assimile à un jeu d'enfant. Il la peint à travers les yeux d'un enfant-soldat qui, bien qu'endurci par l'horreur de la guerre, reste et demeure un gamin qui utilise des images de dessins animés et des expressions infantiles comme moyen de communication. Nombreux sont les auteurs qui avant lui se sont penchés sur le sujet de la guerre, mais sous des angles différents.

Le parfum du souvenir de Mesima, traite de la question du viol sous une casquette double : viol physique dans l'enfance d'une part, et viol incessant de la société d'autre part. D'autres auteurs à l'instar de Koffi Kwahulé s'étaient déjà penchés sur la question avec son texte Jazz, qui a par ailleurs influencé une de ses interprètes camerounaise Nicaise Wegang.

Sufo Sufo aborde le sujet de l'immigration d'une manière très originale dans Debout un pied. Contrairement à plusieurs qui prennent position et empêche de « traverser » en dénonçant le quotidien précaire de plusieurs frères partis à l'aventure ; il oriente le débat sur la psychologie de ceux qui veulent partir, sur le dilemme qui existe entre cette soif d'ailleurs et cette peur de l'inconnu. Il laisse la liberté de penser et de décider à chacun de ses lecteurs-spectateurs. Avant lui l'auteur Bilia Bah pour le même thème écrivait Les châteaux de la ruelle sous un jour tout à fait autre.

Après avoir lu les pièces de la nouvelle vague d'auteurs camerounais un fait s'impose : l'écriture dramatique camerounaise francophone ne se contente plus seulement de « le dire ». Elle met également un point d'honneur sur le « comment le dire ». Pour s'inventer, elle se met au-dessus du tabou. Elle s'en empare et le démystifie. Elle ne recule devant rien. Au coeur du prétexte d'écriture transparait la complexité humaine nourrit par la différence et l'altérité.

IV-) -Les personnages

Lorsqu'on lit les nouveaux dramaturges, il transparait une volonté de donner la parole à tous, même à l'inattendu. Tout peut nous parler, les enfants, la conscience, Dieu, des morts, un arbre, le vide...

Tout étant signe ou symbole au théâtre, on s'attarde plus sur la construction psychologique du personnage, le physique est rarement pris en compte ; le costume également à moins qu'il ait un lien étroit avec le personnage ou qu'il lui ajoute une dimension, ou qu'il lui donne un sens. Dans Debout un pied par exemple, Sufo laisse parler « l'indéfini ». C'est un personnage qui incarne à la fois la conscience de tous les autres et qui est également un être omniscient. Dans la revue Théâtre public Bvouma clame que « Le personnage du mort est le plus vrai des personnages » (2019 : 102), parlant de sa pièce Je déteste le théâtre.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery