III-) -L'angle de traitement
Cette écriture francophone camerounaise se
caractérise par le traitement à chaque fois différent de
thème déjà abordés : il y'a de nombreuses
réécritures. Ce traitement multiforme des mêmes
thèmes favorise l'introduction de nouveaux sujets. Dans A la guerre
comme à la Gameboy, Bvouma pour parler des atrocités de la
guerre l'assimile à un jeu d'enfant. Il la peint à travers les
yeux d'un enfant-soldat qui, bien qu'endurci par l'horreur de la guerre, reste
et demeure un gamin qui utilise des images de dessins animés et des
expressions infantiles comme moyen de communication. Nombreux sont les auteurs
qui avant lui se sont penchés sur le sujet de la guerre, mais sous des
angles différents.
Le parfum du souvenir de Mesima, traite de la
question du viol sous une casquette double : viol physique dans l'enfance
d'une part, et viol incessant de la société d'autre part.
D'autres auteurs à l'instar de Koffi Kwahulé s'étaient
déjà penchés sur la question avec son texte Jazz,
qui a par ailleurs influencé une de ses interprètes camerounaise
Nicaise Wegang.
Sufo Sufo aborde le sujet de l'immigration d'une
manière très originale dans Debout un pied.
Contrairement à plusieurs qui prennent position et empêche de
« traverser » en dénonçant le quotidien
précaire de plusieurs frères partis à l'aventure ; il
oriente le débat sur la psychologie de ceux qui veulent partir, sur le
dilemme qui existe entre cette soif d'ailleurs et cette peur de l'inconnu. Il
laisse la liberté de penser et de décider à chacun de ses
lecteurs-spectateurs. Avant lui l'auteur Bilia Bah pour le même
thème écrivait Les châteaux de la ruelle sous un
jour tout à fait autre.
Après avoir lu les pièces de la nouvelle vague
d'auteurs camerounais un fait s'impose : l'écriture dramatique
camerounaise francophone ne se contente plus seulement de « le
dire ». Elle met également un point d'honneur sur le
« comment le dire ». Pour s'inventer, elle se met
au-dessus du tabou. Elle s'en empare et le démystifie. Elle ne recule
devant rien. Au coeur du prétexte d'écriture transparait la
complexité humaine nourrit par la différence et
l'altérité.
IV-) -Les personnages
Lorsqu'on lit les nouveaux dramaturges, il transparait une
volonté de donner la parole à tous, même à
l'inattendu. Tout peut nous parler, les enfants, la conscience, Dieu, des
morts, un arbre, le vide...
Tout étant signe ou symbole au théâtre,
on s'attarde plus sur la construction psychologique du personnage, le physique
est rarement pris en compte ; le costume également à moins
qu'il ait un lien étroit avec le personnage ou qu'il lui ajoute une
dimension, ou qu'il lui donne un sens. Dans Debout un pied par
exemple, Sufo laisse parler « l'indéfini ». C'est un
personnage qui incarne à la fois la conscience de tous les autres et qui
est également un être omniscient. Dans la revue
Théâtre public Bvouma clame que « Le personnage du
mort est le plus vrai des personnages » (2019 : 102), parlant
de sa pièce Je déteste le théâtre.
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