6.2. Définition du concept :
Pour appréhender le terme de l'observatoire
territorial, il conviendrait d'avoir une vue sur la notion de l'observation
territoriale qui constitue le fondement.
« L'observation peut-être définie comme
l'action d'observer, de considérer avec une attention suivie la nature,
l'homme, la société, afin de mieux les connaître »
(DE SEDE MARGEAU)6.
Autres définitions de l'observation « C'est une
surveillance attentive à laquelle on soumet un être vivant, un
phénomène, un système » (Dictionnaire le Robert,
1992)7. C'est aussi « l'action de regarder avec attention
les êtres, les choses, les évènements, les
phénomènes pour les étudier, les surveiller, en tirer des
conclusions » (Dictionnaire Larousse, 2014).
A travers ces différentes définitions, nous
comprenons que l'observation est un moyen de produire des connaissances sur des
phénomènes qui peuvent être physiques, naturels ou sociaux
; donc applicable dans plusieurs domaines. Ces définitions nous montrent
également qu'elle permet de caractériser l'état d'une
situation donnée et de décrire les phénomènes
observés sur le territoire. Cela permet d'établir une
référence (à l'instant t0) qui servira de base pour la
mesure de l'évolution des phénomènes. Ce qui nous
amène à confirmer que l'observation assure les fonctions de
description, d'analyse, de suivi des phénomènes sur un territoire
donné et dans le temps. De ce fait, elle est le fondement pour
bâtir des diagnostics partagés et de définir et
d'évaluer des actions de développement.
Cependant, elle est liée à un
phénomène, à une thématique sur un territoire
donné, support sur lequel elle fonde son objet.
Selon Alexandre MOINE « le territoire est un
système complexe évolutif qui associe un ensemble d'acteurs d'une
part, l'espace géographique que ces acteurs utilisent, aménagent
et gèrent ».
Partant de cette définition et selon toujours le
même auteur, ce système est composé de deux
sous-systèmes absolument indissociables, qui sont les acteurs d'une
part, réunis par leurs jeux mutuels qui conduisent à
l'utilisation, à l'aménagement et à la gestion d'un
deuxième sous-
6 Tiré du cours de Master II AGPS 2012/2013 «
Méthodes et pratiques de l'observation territoriale ».
7 Tiré du cours de Master II AGPS 2012/2013 «
Méthodes et pratiques de l'observation territoriale ».
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système qui est l'espace géographique,
composé de lieux et d'objets qui interagissent au gré de leurs
localisation et surtout par le biais des aménités et des
contraintes que ces derniers offrent aux acteurs ».
A comprendre cette définition du concept du territoire
sous l'angle de la complexité et en perpétuel évolution,
le territoire doit être observé, décrit et compris par les
acteurs qui l'utilisent, l'aménagent et le gèrent pour
dégager ses spécificités et mesurer l'ampleur des
enjeux.
Enfin, nous retenons que : « L'observation territoriale
vise à travers la mutualisation des connaissances à fournir des
clés d'interprétation, des systèmes complexes que
représentent les territoires » (DE SEDE MARGEAU et al.
2009).
Cette définition nous permet d'appréhender
d'autres dimensions de l'observation territoriale, à savoir le partage
d'information et le partenariat multi-acteurs sur un territoire donné
pour faciliter la compréhension des territoires. A cet effet, elle
partage les mêmes principes que l'intelligence territoriale8 :
participation, partenariat et approche globale.
Comme le souligne Jean Jacques GIRARDOT « Si,
l'intelligence territoriale ne se réduit pas à un dispositif
d'observation territoriale, qui constitue seulement son artefact, les
observatoires territoriaux coopératifs et participatifs sont les outils
des « partenariats de développement » multisectoriels, qui
doivent permettre : le partage et la mutualisation des données, la
création d'espace d'échange et d'information des citoyens ».
De ce fait, l'observation territoriale constitue un puissant catalyseur de
l'intelligence territoriale.
Cependant, l'observation et l'intelligence territoriale
s'appuient mutuellement pour favoriser une meilleure gouvernance. Elles ont en
commun la production de connaissance et la définition des actions de
développement fondé sur l'exploitation d'un système
informatique de suivi des phénomènes ou de systèmes
d'information.
Ce système d'information ou observatoire est un
dispositif permettant de suivre un ou divers phénomènes ou
indicateurs et leur évolution dans le temps sur un territoire
déterminé, avec des acteurs qui ont un objectif commun
(développement de leur territoire) et des attentes diverses.
8 « L'intelligence territoriale se décrit donc
comme l'organisation de l'ensemble des connaissances utilisées et
partagées par un ensemble d'acteurs dans le cadre d'un territoire
donné, afin d'observer et d'analyser collectivement pour une meilleure
gouvernance » (A.MOINE, Cours M2 AGPS 2012-2013).
68
Par ailleurs, les définitions d'un tel outil sont
diverses et assez polysémiques, pour les besoins de cette étude
et du contexte de développement de Diéma, la définition
qui correspond le mieux est la suivante : « Un observatoire est un
dispositif d'observation (du territoire pour ce qui nous intéresse) mis
en oeuvre par un ou plusieurs organismes, pour suivre l'évolution d'un
phénomène, d'un domaine ou d'une portion de territoire dans le
temps et dans l'espace. La plupart des Observatoires se présentent sous
la forme d'applications informatiques dans lesquelles des données sont
agrégées et restituées sous la forme synthétique de
tableaux, cartes, et/ou d'indicateurs statistiques » (IT. Pornon, 02).
« Cependant, les observatoires peuvent aussi se
présenter sous la forme de dispositifs inter institutionnels de suivi
non instrumentés. Dans les faits, leurs modes de fonctionnement
s'apparentent alors davantage à ceux de services études en charge
de la production régulière d'indicateurs, de tableaux de bords
sur une thématique et/ou un territoire donné »9
Ces différentes définitions, nous permettent
d'appréhender les contours d'un observatoire territorial. Elles
permettent d'assigner cinq objectifs complémentaires aux observatoires
territoriaux. Il s'agit de :
- la collecte et la structuration des données
dynamiques : un observatoire doit caractériser l'état d'une
situation donnée et de décrire les phénomènes sur
le territoire. Cette première étape permet d'établir une
référence (à l'instant T0) qui servira de base pour la
mesure de l'évolution des phénomènes.
Il doit ensuite caractériser l'évolution des
phénomènes, pour cela il doit intégrer des mises à
jour répétées.
- l'évaluation de l'impact des politiques publiques :
un observatoire à souvent comme mission la définition et
l'évaluation des politiques publiques ou des actions de
développement. Il s'agit de rendre objective une situation et de
disposer d'un état des lieux partagé du territoire.
- L'instauration d'un lieu d'échange entre les acteurs
: un observatoire constitue un lieu d'échange entre les
différents acteurs. Il fédère des acteurs qui ne
travaillaient que dans une logique sectorielle. Alors que l'observatoire
s'appuie sur une démarche participative globale associant l'ensemble des
acteurs du territoire.
- l'aide à la décision : un observatoire est un
outil de connaissance du territoire. A ce titre, il facilite la prise de
décision pour les élus. Il est aussi présenté comme
un outil
9 Tiré du cours de Master II AGPS : Méthodes et
pratiques de l'observation territoriale, DE SEDE MARCEAU).
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au service de la réflexion de ses
bénéficiaires par la valorisation des données qu'il
collecte. Dans ce cas, il joue les fonctions de prospective (prévoir un
futur meilleur).
- la communication : un observatoire doit communiquer
auprès des élus et de leurs techniciens, des partenaires et du
grand public, sur l'évaluation des politiques et financements publics.
Cette communication concerne aussi bien la promotion d'une action que son
évaluation dans une optique d'orientation des actions politiques.
Bref, il ressort de l'analyse des définitions et des
objectifs ci-dessus cités qu'un observatoire est un outil de
connaissance des territoires au travers des diagnostics partagés pour
une vision partagée du développement ; mais aussi un outil de
partage d'information et de renforcement de partenariat entre acteurs au
travers de l'organisation des concertations régulières.
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