CHAPITRE 5 : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE
DE LA MISE EN PLACE DU CARREFOUR
« Un réseau routier bien construit et bien
entretenu est essentiel à la croissance économique et à la
lutte contre la pauvreté dans les pays en développement »
[Rapport Banque Mondiale, 2008].
C'est par ces propos que nous commençons ce chapitre.
Le cas du Mali est surtout particulier, sans débouché sur la mer
; l'importance de la route se situe à plusieurs niveaux.
Au plan national, la réalisation des axes routiers a
été un facteur de développement des échanges
commerciaux (transport des marchandises), et la réduction des
coûts de transport.
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Au plan régional, ils ont permis le
désenclavement des zones de production en améliorant
l'écoulement des produits agricoles dans les villes (Diéma,
Kayes, Nioro), réduisant ainsi les coûts de transport.
Enfin, en plus de ces facilités de transport et de son
coût, cela s'est traduit localement par le développement des
métiers, par la valorisation des produits locaux au travers de la mise
en place des petites unités de production et de transformation et
l'amélioration des recettes fiscales de la collectivité
locale.
5.1. Le développement des métiers source
de création d'emploi et de revenus
L'arrivée de la route a favorisé le
développement des métiers existants et l'apparition de nouveaux
métiers dans la ville. Ces métiers sont la plupart
localisés au carrefour le long de la route goudronnée à
cause de l'abondance des flux humains, mais aussi à l'intérieur
de la ville. Ces métiers le plus souvent nouveaux pour la ville de
Diéma sont facteur de création d'emplois et de revenus pour la
population.
Au cours de nos enquêtes, nous avons recensé au
carrefour 197 pratiquants d'un métier. Ces métiers constituent de
l'auto-emploi pour le promoteur de l'atelier ou de l'activité. De plus,
nous avons recensé 53 ouvriers ou aide-ménagères
salariés.
Lors de l'enquête adressée aux artisans, 70% des
artisans enquêtés déclarent gagner 90 000 à 125 000
Fcfa par mois de leur activité et 30% affirment encaisser 150 000
à 180 000 Fcfa par mois. Certains artisans confirment qu'avant la mise
en place du carrefour, ils gagnaient moins de 50 000 Fcfa par mois. Ces
chiffres témoignent du poids du carrefour dans l'économie de
Diéma et de la vitalité des activités.
Aussi, l'enquête révèle que 95% de ces
patrons d'atelier ou promoteurs d'activités sont des étrangers.
Ils sont venus d'autres villes du Mali (Nioro, Kolokani, Bamako, Ségou),
mais aussi des pays voisions (Mauritanie, Burkina Faso, Tchad etc.).
Les activités pratiquées occupent le domaine
public, à cet effet ils payent à la Mairie la taxe communale en
raison de 1000 Fcfa par mois par activités.
En outre, il ressort des enquêtes la présence des
vendeurs ambulants (nous les avons estimés à 200 selon les
périodes de la journée) qui n'ont pas de place fixe. Ils ne
payent ni impôt ni taxe à la collectivité. Ces vendeurs
ambulants le plus souvent des ruraux venus des villages environnants prennent
des produits (biscuit, bouteille d'eau, carte de recharge
téléphonique
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etc.) aux boutiquiers et les revendent aux voyageurs ou autres
acheteurs en augmentant le prix du produit de 5 à 10% selon les
produits.
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