I.2
Principales contraintes rencontrées
Plusieurs années après sa mise en oeuvre, les
résultats du programme Moukawalati demeurent extrêmement faibles.
Il faut dire que trois principales contraintes se dressent devant ce programme
et qui doivent être dépassées afin de lui donner une
nouvelle impulsion et lui garantir une certaine réussite.
La première contrainte est
liée à la lourdeur des procédures et des démarches
en raison tout d'abord de la multiplication des intervenants :
Centres régionaux d'investissement (CRI)
Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des
compétences (ANAPEC)
Banque... Chaque intervenant à sa logique propre et une
démarche qui lui est particulière. D'où les grandes
difficultés à accélérer l'étude des
dossiers, à améliorer les procédures et à
harmoniser les approches.
Ensuite, la lenteur du traitement des dossiers qui doivent passer
par plusieurs étapes : présélection, examen devant le
comité régional, étude du dossier par la banque... De
longs délais apparaissent nécessaires pour une étude
approfondie des projets avant de débloquer les fonds. Ce schéma
complexe s'apparente en fait à un véritable parcours du
combattant. La bureaucratie a largement contribué à faire
échouer cet important programme.
La seconde contrainte est relative
à l'environnement général et en particulier financier de
la MPE. Par exemple, malgré les mécanismes publics de garantie
des crédits, les banques demeurent très réticentes et ne
jouent pas tout à fait le jeu comme en témoigne le rythme de
traitement des dossiers et de déblocage des fonds. Elles continuent de
favoriser une pure logique de rentabilité financière au
détriment de l'approche du programme Moukawalati qui est d'essence
sociale. Ceci est d'autant plus préoccupant que la gestion de la
garantie est déléguée aux banques elles-mêmes. Pour
ces dernières, il s'agit de projets ordinaires auxquels il faudrait
appliquer les règles standards de prudence financière, de
viabilité économique et d'efficacité technique. Il faut
dire aussi que les banques ont bien assimilé l'expérience
malheureuse du «crédit jeunes promoteurs».
La troisième contrainte est le
manque d'expérience des porteurs de projets et des jeunes entrepreneurs
qui s'avère souvent pénalisante.
Cette inexpérience constitue une importante source de
l'échec des programmes de ce genre. De même l'absence ou du moins
la faiblesse d'une certaine culture d'entreprise et d'idées innovantes
représente de grands handicaps à la réussite du programme.
Il faut dire que le profil des porteurs de projets est essentiel dans ce
domaine.
Certes, un accompagnement pré et post création
a été prévu en termes d'élaboration du Business
Plan, de formation..., mais il reste insuffisant et plus ou moins
inadapté. De plus, les associations de micro crédit
chargées de cette opération fondamentale tout au long du
processus de création et de gestion des MPE par les jeunes ne semblent
pas bien outiller et n'ont pas suffisamment d'expérience dans ce domaine
stratégique pour garantir la survie et la pérennité des
projets réalisés. Ceci est d'autant plus problématique que
ce programme a avant tout un caractère politique, que l'approche des
associations de micros crédits est davantage sociale alors que la
démarche entrepreneuriale doit être purement économique et
financière. Faire fi d'un minimum de règles entrepreneuriales
risque de nous faire revivre la grande déception du «crédit
jeunes promoteurs».
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