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L'obéissance en droit pénal camerounais. à‰tude de la jurisprudence.

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par ARMEL CHALAIR DJIEDJEU TCHOUAKE
Université de Dschang - Master II 2010
  

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B- Les hypothèses d'exonération

S'il se trouvait que le sujet exécute un ordre illégal, on essaierait de voir s'il a réellement voulu en arriver là. On parle ainsi de l'existence de la volonté et de l'intention dans l'accomplissement de l'acte : sinon il y aurait été contraint ; et il en sera exonéré. Exonérer signifie que ne lui sera point imputée la faute (1). De même, celui qui a refusé d'exécuter un ordre illégal ne peut être poursuivi (2).

1) En cas de contrainte

Le code pénal camerounais en son article 77 dispose que la responsabilité pénale ne peut résulter ni du cas fortuit, ni de la contrainte matérielle irrésistible198. La contrainte physique s'exerce sur le corps même de l'auteur de l'infraction, qui devient en quelque sorte un jouet entre les mains de « forces » d'où la terminologie « irrésistible ».

La contrainte morale s'exerce non sur le corps mais sur la volonté de l'auteur de l'infraction. Pour prendre un exemple explicite, une personne que l'on oblige sous la menace d'une arme à feu, à frapper un tiers. Si on lui tient de force le bras pour porter le coup, il y a contrainte physique. La contrainte morale porte donc par nature une atteinte moins profonde au libre arbitre de la personne qui pourrait tenter de résister : il obéit malgré lui.

A la différence du trouble mental qui fait disparaître le discernement de l'auteur des faits, la contrainte supprime la volonté. C'est en cela qu'elle constitue une cause subjective d'irresponsabilité. Toutefois, la contrainte provient le plus souvent de circonstances objectives extérieures à l'auteur des faits. La contrainte suppose que l'auteur se trouvait dans l'impossibilité absolue d'y résister. Cette condition expressément prévue par la loi est logique. Si l'auteur de l'infraction avait la possibilité de suivre un autre comportement et qu'il ne l'a pas fait, ses actes sont l'expression de sa propre volonté, et il n'y a aucune raison qu'il n'en réponde pas

198 Le code pénal français en son article 122-2 renchérit « N'est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l'empire d'une force ou d'une contrainte à laquelle elle n'a pu résister ».

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devant un tribunal répressif. Sa liberté de choix a peut être été restreinte ce qui justifiera une peine légère, mais il conservait son libre arbitre et donc demeure responsable.

Si l'ordre d'accomplir un acte manifestement illégal ne peut jamais constituer un fait justificatif, l'obéissant pourra toutefois, dans certains cas, être déclaré irresponsable s'il démontre qu'il a agi sous la contrainte.

Dans l'hypothèse de la contrainte surtout matérielle, il y a suppression de la liberté physique qui donne à l'homme contraint le rôle d'instrument et lui enlève celui d'agent du délit. On ne saurait donc imputer à ce dernier la paternité des faits incriminés : c'est pourquoi le juge a acquitté pour défaut d'imputabilité un chauffeur de taxi qui a été mêlé par contrainte à des crimes de vol aggravé et d'assassinat perpétrés par un groupe de malfrats qu'il avait pris abord de sa voiture, croyant qu'ils étaient des clients honnêtes199. Dans le cadre de l'armée, s'il y a abus d'autorité, telle que définie au code pénal, l'obéissance hiérarchique est une excuse absolutoire qui entraîne une exemption de la peine qui sera alors infligée au supérieur. L'excuse joue donc au profit du préposé qui a obéi à un ordre donné par son supérieur hiérarchique, dans le champ de ses attributions et dans un domaine où il lui était dû obéissance200.

2) L'irresponsabilité de celui qui a refusé d'obéir à un ordre illégal

Le refus d'exécuter un ordre manifestement illégal ne saurait nous semble-t-il être reproché ni sur le plan pénal201, ni sur le plan disciplinaire202.

Mais le ministère français de la défense a publié une instruction ministérielle relative aux devoirs du soldat à qui un ordre illégal a été ordonné. Désormais, le texte indique clairement que le militaire mis dans une telle situation doit refuser les ordres illégaux, et le révéler de ce fait par tous les moyens directement et dans les plus brefs délais : soit au ministre de la défense, soit à son chef d'Etat-major, soit à l'inspecteur

199 T.G.I. de Bafia, jugement n°78/crim du 8 mai 1996, cité par ONANA ETOUNDI (F), op.cit p. 50.

200 Extrait du document de l'Etat Major français, 1998.

201 Code pénal du Nicaragua, art.379 : « Est exempt de peine celui qui diffère d'exécuter un ordre manifestement contraire aux dispositions de la constitution... ».

202 Projet de code pénal international, art.6.0 : « Nul ne sera puni pour avoir refusé d'obéir à un ordre de son gouvernement ou de ses supérieurs qui, si exécuté, aurait constitué un crime ». (Source : www.pénalorg/pdf/livr-annexe-11.pdf.)

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général de son armée. Cette instruction ne fait que préciser les modalités pratiques par lesquelles un militaire peut et doit rendre compte d'un ordre manifestement illégal qu'il aurait reçu, et auquel il est tenu par la loi de ne pas y obéir.

Refuser de se plier aux ordres du supérieur peut s'avérer fatal pour le subordonné dans le cadre de l'armée et de la fonction publique. En effet, un refus peut donner lieu à des sanctions indirectes : le subordonné voit sa vie professionnelle dirigée par son supérieur donc refuser d'accomplir serait prendre des risques professionnels importants. Le supérieur prend des décisions essentielles pour le déroulement de la carrière du sujet placé sous ses ordres, par exemple la notation ou l'avancement. A l'opposé, la notation peut être facilitée et l'avancement rapide. Mais au quotidien, le supérieur peut charger le subordonné des tâches ingrates, le pousser à l'erreur et le sanctionner aussitôt : ce sont tout simplement des scènes de vengeance ; mais au moins, ce dernier n'aurait pas vu sa responsabilité pénale engagée.

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