IV/ Cerner les représentations
Trois couples de concepts16 sont avancés par
Donnay et Charlier (1991) dans le but de cerner les représentations.
- le social et l'idiosyncrasique (la
spécificité individuelle) :
Les représentations ont une facette individuelle et une
autre sociale, selon le nombre d'individu qui les partage. Leur contenu
dépend de l'histoire de l'individu et de son expérience avec les
objets dans un environnement spécifique. Au sein d'un groupe, elles
assurent la communication et participent à l'édification des
rapports sociaux en développant des modèles de conduites propres
à chaque groupe. C'est ce qu'on appelle aussi la culture du groupe.
- un processus et un produit :
Pour Moscovisci, les représentations sont des processus
de médiations entre les concepts (à dominante cognitive) et des
perceptions du monde (à dominante sensorielle). Elles sont des filtres
de la réalité qui permettent aux individus de prédire les
événements et d'organiser une action en fonction d'anticipation.
Elles peuvent être appréhendées comme des processus en
tant que mode de construction et de structuration des connaissances. Leur
analyse portera sur les mécanismes de stockage, d'intégration
et de recouvrement de
16 D'autres couples de concepts
caractérisent la définition des représentations:
dynamique-équilibre ; sujet-objet ; contenu-fonction ; cognitif-affectif
et psychomoteur ; vrai-faux ; (Charlier 1989).
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l'information (Charlier 1989). Elles peuvent
être étudiées aussi, comme des produits. Dans ce cas, leur
contenu, leur modalité, leur structure et leur organisation seront
analysés.
- supports et produits de l'apprentissage
Pour les constructivistes et les cognitivistes en
général, les apprentissages se structurent sur la base des
représentations. Apprendre, c'est construire de nouveaux réseaux
sémantiques à partir des représentations et des
théories existantes, déjà stockées en
mémoire (supports) (p.101). Le produit de cet apprentissage consiste en
une nouvelle organisation représentationnelle (Charlier,
1989).
Tous les enseignants ont des théories de leur
professionnalité et des représentations sur lesquelles ils
articulent l'apprentissage de nouvelles pratiques éducatives. Ignorer
ces théories et ces représentations lors de l'introduction d'un
changement pourrait contribuer au développement de deux systèmes
de réponses parallèles utilisés en fonction des
situations.
Dans le cadre de notre travail, qui a pour objectif de
comprendre les causes du non engagement des enseignants dans le changement
imposé par la réforme curriculaire, nous allons essayer de cerner
les représentations en tant que processus et produit et en tant que
social et idiosyncrasique. Il nous serait difficile de les cerner en tant que
supports et produits d'apprentissage, car dans notre cas, l'apprentissage est
plus en relation avec l'expérience et l'autoformation qu'avec un
programme de formation possible à analyser.
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