4.2.2. Les canaux
de transmission du quantitative easing à l'économie réelle
sont plus ou moins efficaces
Certains canaux de transmission du quantitative easing
à l'économie réelle sont plus efficaces que d'autres. Le
positif : on observe une réduction des taux d'intérêts
des dettes souveraines et des autres taux de marché ainsi qu'une
réduction des spreads de taux entre les pays de la zone euro, une
reprise du crédit aux ménages et aux entreprises et un euro
faible qui stimule les exportations. Pour le négatif : les
anticipations d'inflation sont scotchées à des niveaux trop
faibles, le quantitative easing n'a pas eu d'effets positifs sur les valeurs
boursières européennes.
La baisse des taux souverains s'est poursuivie et s'est
répercutée sur tous les autres taux de marché,
d'échéances plus ou moins longues, publics ou privés via
les canaux des taux d'intérêt et des effets d'annonce (cf. Annexe
12).
En effet, l'annonce du programme puis les achats
réalisés par la BCE ont permis de continuer à faire
baisser les taux à long terme des obligations souveraines. Le mouvement
a été d'autant plus fort pour les pays
périphériques. On note une poursuite du mouvement de convergence
entre les taux des pays périphériques et les taux allemands.
Cependant, après avoir atteints leur plus bas le 17
avril 2015, les rendements obligataires ont fortement rebondi au milieu de
l'année 2015 (+80 points de base pour le Bund) nous faisant croire
à un « flash crash », à l'instar de celui
qu'a connu en octobre 2014 le marché des bons du trésor
américain, pourtant réputé le plus liquide et le plus
large du monde.
Les taux d'intérêt atteignent maintenant des
niveaux très faibles, voire négatifs sur certaines
maturités courtes. Les spreads de taux entre les différentes
maturités se sont considérablement réduits jusqu'à
atteindre des valeurs extrêmes (40 points de base d'écart de
rendements entre une obligation à 10 ans et une obligation de
maturité 3 mois en avril 2015).
On relève des signes encourageants pour le
crédit. Les crédits aux ménages et aux entreprises sont
repartis à la hausse en 2015 grâce à une liquidité
abondante pour les banques en échange des titres risqués, des
taux d'intérêt bas et de critères d'octroi réduits
(cf Annexe 13). Il faut maintenant que la relance du crédit stimule
l'investissement et l'emploi pour espérer relancer l'inflation.
La baisse de l'euro face au dollar permet de gagner en
compétitivité à l'export. Cette dépréciation
de l'euro (cf. Annexe 14) est une bonne chose pour l'économie de la zone
euro qui exporte plus qu'elle importe (balance des échanges
extérieurs positive). Avec un euro dévalué, les produits
de la zone euro sont plus compétitifs ce qui stimule le commerce et donc
la croissance et l'inflation.
Les anticipations d'inflation s'affichent à des niveaux
encore bien trop faibles.L'annonce du QE a permis de redresser les
anticipations d'inflation, en indiquant aux agents que la politique
monétaire devenait encore plus accommodante et ainsi que les taux
directeurs étaient amenés à rester faibles pendant une
longue période (au moins jusqu'à la fin du programme d'achats
d'actifs). Mais cela ne semble pas suffisant. Les anticipations d'inflation
restent figées à des niveaux très faibles, traduisant
ainsi un manque de confiance des individus pour le futur.
Figure 21 : Anticipations d'inflation dans la zone
euro (en %, enquête réalisée auprès de
professionnels et d'experts) - Source : BCE
La bourse n'a pas profité de l'afflux de
liquidités (cf. Annexe 15) et l'effet de richesse est faible en zone
euro. On s'attendait à ce que les bourses européennes grimpent en
2015 suite à l'annonce du quantitative easing (effets des portefeuilles,
réduction des primes de risque et afflux de liquidités). Elles
ont progressé fortement au début de l'année grâce
à un triple choc favorable aux entreprises européennes (des taux
qui n'ont jamais été aussi bas ce qui favorise le crédit,
une baisse de l'euro qui favorise les exportations et une baisse du prix du
pétrole et du coût des matières premières). Elles
ont fortement corrigé le reste de l'année, effaçant les
gains du début d'année, à cause du dossier grecque, du
krach sur les marchés asiatiques et plus généralement des
faibles perspectives de croissancemondiale et d'une situation
géopolitiquecompliquée.
Le canal de la richesse a été peu actif,
d'autant plus que les actions représentent une part beaucoup moins
importante du patrimoine des ménages (10% en zone euro contre 25% aux
Etats-Unis). Aussi, les européens ont une plus faible propension
à dépenser leur gain que les américains, ce qui limite la
puissance de ce canal en zone euro.
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