5) - l'émancipation par
rapport aux sensations (pratyhara)
Pratyhara réalise une sorte d'isolement
sensoriel sans suppression des sources externes de stimulation, par une sorte
de déafférentation corticale physiologique par rapport aux
organes des sens. Nous verrons que l 'E.E.G. de yogins entraînés
conserve le rythme alpha en présence des stimuli externes de toute
nature : l'esprit connaîtrait " les choses telles qu'ellessont " sans
recevoir aucune fluctuation en les connaissant. Il est impossible de percevoir
la signification d'une telle phrase en dehors d'une pratique et de
vérifications expérimentales précises.
6)- La concentration
(Dharana)
C'est la fixation de la pensée en un seul point, soit
à différents niveaux corporels, soit sur le souffle
lui-même, soit sur des notions philosophiques ou encore sur l'observation
de ses propres pensées. Elle prépare la phase suivante.
7)- La méditation
(Dhyana)
Elle réalise un courant de pensée
unifiée, continuum de l'effort mental excluant toute tension, pour
assimiler l'objet de la méditation, libre de tout autre effort
d'assimilerd'autres objets. A aucun moment le continuum mental ne s'enrichit
latéralement, par des associations non contrôlées, des
analogies, des symboles, etc. Il s'agitd'une expérience qui ne peut se
comprendre correctement que dans la mesure où on a pu la mener à
bien. Cet état peut être interrompu par les stimuli externes
d'intensité suffisante ou par la volonté du méditant.
8) - " Samâdhi " ou
"Samadhi"
Union, totalité, accomplissement, achèvement,
mise en ordre, rangement, concentration totale de l'esprit, contemplation,
absorption. La huitième et dernière étape de la
méditation dans le raja yoga ; étape qui conduit l'esprit de la
personne a réaliser la Réalité Ultime.
C'est la libération dans l'unification totale
de soi, ou encore « enstase ». Il
y aurait à ce niveau coïncidence réelle entre connaissance
de l'objet et objet de la connaissance. Mircea ELIADEexplique
que le Samâdhi n'est pas conçu comme univoque. Il existe plusieurs
sortes de Samâdhi, ou plutôt d'états " enstatiques " en voie
de Samâdhi. Par exemple lorsque, abandonnant toute perception, même
celle des " réalités subtiles ", on expérimente " le
bonheur de l'éternelle luminosité et autoconscience du sattva ".
Il nous parait possible, au niveau de description par témoignage auquel
nous sommes réduits, de comparer cet état au régime des
images « mystiques » qui a été décrit
par DESOILLEdans la technique du Rêve
Éveillé Dirigé :
Les indiens connaissaient l'hypnose et la pratiquaient par
des méthodes issues du yoga, ils la considéraient comme un
état mental de concentration occasionnelle et provisoire sans
réelle valeur de libération, au contraire... L'assimilation qu'on
a voulu faire (105) de l'état de Samâdhi à l'Hypnose ne
peut que faire sourire. En effet, l'état de " vikshipta " (hypnose) est
expliqué par la pénétration spirituelle dans le corps
d'autrui selon des croyances extrêmement archaïques. Provoquer cet
état chez autrui est considéré comme un pouvoir magique
auquel peut accéder, sans qu'il soit bon pour lui de l'utiliser trop
systématiquement, le yogi entraîné.
Le vikshipta, pour BhattaKallata n'est qu'une paralysie,
d'origine émotive ou volitive du flux mental.Il est en
deçà de l'état de conscience normal, alors que le
Samâdhi est au delà
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