4)- Le contrôle
respiratoire (pranayama) :
il s 'agit de rythmer aussi lentement que possible la
respiration en la soumettant à un rythme stable et durable, tout en
restant attentif à ne pas dépasser les possibilités du
moment ce qui entraînerait automatiquement des ruptures de rythme. . .
Pour Bhoja " il existe toujours une liaison entre la respiration et les
états mentaux ". Comme le remarque Mircea ELIADE(1954)
" il est question ici d'une observation qui dépasse le simple
enregistrement du fait nu que, par exemple, la respiration d'un homme furieux
est agitée, alors que celle du penseur se ralentit d'elle-même.
Cette liaison respiration-état de conscience apparaît comme un
instrument d'unification de la conscience, en ce sens que le yogi pourrait
éprouver expérimentalement et en état de veille les
états de conscience qui caractérisent le sommeil. Il faut noter
à ce propos que le sujet non entraîné qui s'exerce à
certains de ces rythmes s'endort aussitôt.
Il serait ainsi possible de garder une vigilance normale, (en
ce sens que la volonté garde la possibilité de passer d 'un
état à l 'autre à tout moment), tout en passant à l
'état de " rêve " (ce qui n 'est pas sans rappeler la technique du
rêve éveillé dirigé de R. Desoille, dont on sait d
'ailleurs qu'elle prend historiquement, son inspiration dans le yoga), à
l 'état de conscience " cataleptique " ou à l 'état de
conscience de " sommeil sans rêve ". Ces affirmations ont paru longtemps
tout à fait paradoxales et sans valeur de crédibilité. Les
recherches récentes dont nous parlerons dans le chapitre Yoga et
Biologie nous portent aujourd'hui à moins de scepticisme. .
La suppression de la discontinuité normale entre les
différents états de conscience, et spécialement entre les
états de conscience de la veille et ceux du sommeil, réalise
l'unification de la conscience.
Le but immédiat du pranayama est moins
ambitieux : il s'agit de stabiliser la fluidité psychique, la mouvance
des états de conscience et par conséquent l'instabilité et
la dispersion de l'attention, tout cela par la stabilisation de la respiration
d'abord au moyen d'un contrôle volontaire, plus tard de manière
aussi automatique que possible afin que la respiration elle-même puisse
être " oubliée " parce que parfaitement maîtrisée.
Rappelons que les techniques respiratoires sont connues du taoïsme, des
mystiques chrétiens (hésychastes) aussi bien que des courants
mystiques de l'islam.
Les exercices de pranayama engendrent classiquement une
intense sensation d'harmonie, une plénitude rythmique, mélodique,
un nivellement des aspérités physiologiques fonctionnelles.
Le rythme respiratoire s'établit par égalisation
du temps d'inspiration, de rétention et d'expiration. Chacun de ces
temps est prolongé autant que possible et progressivement afin
d'atteindre à la limite une suspension très longue de tout
mouvement respiratoire. (état de conscience cataleptique). Le maniement
de la respiration ne se limite d'ailleurs pas à l'acquisition de
certains rythmes, la respiration par narine alternée en est un autre
exemple et a des effets spécifiques.
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