3.4. Les différents Yoga, chemin de la Maîtrise
de Soi
Le terme généraliste de yoga contient en lui
plusieurs formes d'exercices qui font appels à la psyché et au
corps. La technique yoguique complète, comprend donc un certain nombre
de pratiques qui font appelles autant à la psyché qu'au corps
(soma) et que l'on peut diviser en 8 catégories :
1) - Les
réfrènements ou Yama
Le verbe sanskrit "yam" signifie "tenir en main, contenir,
soutenir, porter réfréner, maîtriser, mettre en ordre
a) « Satyam »
véracité
b) « Asteya »
honnêteté
c) « Aparigraha »
détachement des biens ou contentement
d) « Brahmacharya »
modération ou déracinement de toute tendance proprement
génitale
e) « Ahimsa » Non
violence
L'Ahimsa est à la base d'une attitude politique, celle
de GANDHI ou du pasteur MartinLUTHERKING. Ses
méthodes élèvent l'humanité, à la fois ceux
qui les mettent en pratiquent et ceux auxquels ils ont à s'opposer et
qui finissent par abandonner leurs tyrannies sinon leur soif aveugle du
pouvoir.
Promouvoir l'Ahimsa, c'est aussi modifier les conditions qui
mènent les individus ou les groupes à la violence : par exemple
les fraudes et corruptions de toutes sortes, la valorisation absurde de
richesses sans limites aux mains d'individus ignorants et superficiels, les
guerres menées sous les auspices d'un idéalisme infernal ou d'un
réalisme illusoire, la négligence des générations
futures, etc.
Un système économique sans régulation
appropriée engendre la violence directement, tant il est vrai que la
guerre devient le moyen ultime de faire triompher son mauvais droit. Un tel
système engendre aussi la violence par la pauvreté qu'il
concentre en des lieux concentrationnaires où sont bannis certains
citoyens; le feu aux banlieues est une forme de jacquerie annonciatrice de plus
graves affrontements.
La dissolution des moeurs se pare des couleurs de la
liberté : a-t-on mesuré l'impact délétère
des films, vidéos ou produits multimédia sexuellement "hard" sur
les enfants qui les contemplent en dépit des mises en garde hypocrites.
Comment s'étonner des viols dans les caves, des enfants sans pudeur, des
adultes sans vergogne, des parents sans retenue lorsqu'on prône le sexe
déshumanisé qui étale la prostitution aux étranges
lucarnes de tant de foyers. Au prétexte qu'il y aurait quelque
intégrisme à interdire leur diffusion à l'écran.
L'excès du chômage, l'entassement des citoyens
dans des clapiers à étages, le durcissement des
frontières, la culture des rendements à tout prix sur le plan
industriel comme agricole nous promettent des lendemains qui déchantent
après les bonnes intentions du progrès jusqu'au ciel.
Ces réfrènements résument les moyens
d'être libre et plus heureux. Le respect des 5 yamas permet à
l'homme d'être dans Sa vérité. Voici ce qu'en dit
AURIOL (1970) :
" La notion d'ahimsa est à la base de la
résistance non violente de Gandhi et a été imprudemment
traduite par « amour ». Ahimsa veut dire
littéralement « non-meurtre ». Pour le yogin ce
terme finit par signifier « ne pas faire de peine »
même « ne pas vouloir de peine à qui que ce
soit ». Vivekananda précise : « avant tout ne pas
nuire en pensée. Le vrai critère d 'Ahimsa est donc absence
d'envie dans le corps. Nous savons d'après Freud que toute jalousie est
interprétée dans l'inconscient comme un désir de prendre
la place de... Prendre la place de quelqu'un équivaut à le tuer.
Seule l'expérience psychanalytique expliquera les dérivés
d'« Ahimsa » et comment non-meurtre devient absence
d'envie. Le non-meurtre étant de règle, en sa présence
cessent toutes inimités. Toute pensée de haine que vous pouvez
avoir, précise Vivekananda, serait-ce au fond d'une caverne,
s'emmagasine et retombera un jour sur vous avec une énorme puissance,
sous la forme de quelque souffrance ici-bas. Si vous projetez de la haine et de
la jalousie, elles vous reviendront avec intérêts composés.
Nul pouvoir ne peut vous les faire éluder. Une fois que vous les avez
mises en mouvement, il vous faut en supporter les conséquences. Cette
affirmation qui parait d'ordre magique correspond à une profonde
vérité psychologique. La psychanalyse a redécouvert
comment le mécanisme d'autopunition joue quelques fois très
longtemps après la faute réelle ou imaginaire. La fuite dans la
maladie dans l'accident ou l'échec nous a livré ses
secrets.
Or ce n'est pas l'acte qui détermine la
névrose, mais bien la pensée refoulée. Ici le Yoga est
tout à fait d'accord avec la psychanalyse.
Tous les refrènements ont pour but de parfaire l'Ahimsa
ou non-violence et trouvent en elle leur justification.
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