Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à Marseille( Télécharger le fichier original )par hélène sEVERIN Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015 |
3. Quelques exemples européens de résilience par la cultureLe processus de reconquête des Friches industrielles entre donc dans un processus de régénération urbaine qui dépasse le simple cadre physique des Friches et leur caractère culturel. Ce phénomène n'a pas simplement été perçu comme banal lorsque sa fréquence d'apparition s'est accélérée. On peut alors se demander quels sont les enjeux économiques de ces nouveaux lieux culturels ? Est-ce que ces lieux engendrent seulement des impacts pour le propriétaire de la Friche ou pour l'ensemble des acteurs autour de cet espace ? Finalement, devons-nous étudier l'impact de la Friche seulement à l'échelle de la structure, ou à celle du quartier, de l'arrondissement, voire de la ville ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous allons étudier plusieurs exemples qui sont similaires sur certains points et dissemblables sur d'autres. a) Exemples allemands : Wolfsburg et Cottbus7(*)Wolfsburg est située en partie occidentale de l'Allemagne et Cottbus en partie orientale. Wolfsburg a longtemps été une ville-usine de 100 000 habitants environ. Cette ville a suscité l'engouement de nombreux chercheurs et urbanistes et de nombreux travaux y ont été réalisés. En 2000, l'usine Volkswagen s'associe à la ville pour en faire une « ville évènementiel »8(*). Le groupe automobile et la ville misent alors sur la culture comme développeur économique. Un parc d'attraction et un musée automobile sont créés ainsi qu'un stade modulable, un musée d'art contemporain, un parc de loisirs incluant un complexe aquatique et une patinoire, un complexe de cinémas, une « City Galerie » et plus récemment une antenne universitaire. Et toutes ces réalisations ont été érigées en seulement dix ans. Ils ont donc totalement misé sur la culture comme développeur urbain. La ville voit en ce projet un moyen d'acquérir des retombées économiques surtout s'agissant du tourisme. C'est aussi un très bon moyen de se rendre attractive et compétitive. Volkswagen y trouve aussi son compte dans une diversification de son économie et dans une renommée forte auprès des touristes qui viennent désormais à Wolfsburg pour « visiter » l'automobile. La culture apparaît ici comme divertissement, et la ville l'a choisie pour se renouveler et attirer des visiteurs. Mais le cas de Wolfsburg reste rare et atypique. Cet exemple reste d'ailleurs trop récent et il n'y a pas assez de données économiques pour vérifier son efficacité. Concernant l'exemple de Cottbus, on se trouve dans une ville qui a subi le déclin du textile et de la production de lignite. Cottbus a tenté de faire asseoir cette réputation de « ville perforée » en mettant à disposition des espaces verts qui représentent aujourd'hui un tiers de sa surface communale. Elle a également diversifié son offre éducative. Le pari semble gagné puisque l'école d'architecture reçoit des inscriptions d'étudiants venus de toute l'Allemagne. Grâce à cette notoriété et à des subventions de l'Europe, elle a créeune bibliothèque universitaire et communale. C'est un investissement important dans la culture et l'éducation. L'architecture de la bibliothèque a même fait l'objet d'un prix, et de nombreux architectes et étudiants s'y intéressent aujourd'hui. Ce bâtiment est devenu l'emblème de la ville. Bien que la ville a misé sur la culture pour se redynamiser et attirer une nouvelle population, le fait d'y ajouter un caractère éducatif à toute son importance. Cela la rend attractive. Ces deux exemples allemands sont donc bien différents. D'un coté, Wolfsburg, qui, par une collaboration avec un acteur privé qu'est le groupe Volkswagen, a su développer sa ville par de grands aménagements culturels. On est donc dans un partenariat public-privé. De l'autre, Cottbus, qui a pu se redynamiser par l'éducation et la culture. C'est un partenariat avec l'Europe, donc public-public. * 7Boris GRÉSILLON, « La culture comme alternative au déclin : mythe ou réalité ? », Géocarrefour[En ligne], Vol. 86/2 | 2011, mis en ligne le 05 mars 2012, Consulté le 20 mars 2012. URL : http://geocarrefour.revues.org/8305 * 8Ibid, p7 |
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