b) Quelques idées de directive pour la création
d'interactions
Enfin, la question que l'on peut se poser pour conclure sur ce
chapitre est comment créer un environnement ou concurrence et
collaboration iraient de paire à la Belle-de-Mai ?
Il faudrait, avant tout, penser les choses pour qu'elles
génèrent de la synergie.Les initiatives suivantes sont des
idées et suggestions que nous avons formulé dans le cadre de
notre stage à l'AGence d'urbanisme de l'Agglomération
Marseillaise avec notre encadrant de stage, Monsieur Patrick TANGUY ainsi que
Sylvain CRESPEL, chargé d'études en stratégies
économiques :
· Rechercher des collaborations possibles entre les
entreprises des trois îlots et organiser des rencontres entre celles-ci.
Faire connaître les entreprises en expliquant ce qu'elles font et ce
qu'elles peuvent apporter à d'autres. Initier des contrats de
partenariats en obligeant les entreprises à choisir leurs partenaires en
premier lieu à la Belle-de-Mai,
· Dans le projet Pôle Média 2, qui a
été décidé sur le site des casernes du Muy, secteur
voisin au Pôle Patrimoine, mettre en place des collaborations et
partenariats dès l'arrivée des entreprises. Peut-être que
la ville pourrait aussi sélectionner les entreprises qui ont
déjà des liens avec celles de la Belle-de-Mai, ou qui sont du
même secteur et qui pourraient donc en avoir.
Bien que ces idées ne soient que des propositions, nous
pensons que la ville devrait réellement songer à mettre en place
un partenariat entre les entreprises. Premièrement, le pôle de
compétitivité deviendrait un écosystème de type
cluster, ce qui ferait la force de cet ensemble d'industries créatives.
Deuxièmement, cela permettrait de rendre Marseille plus attractive d'un
point de vue économique et stratégique. Enfin, cette
attractivité pourrait se déverser sur le quartier de la
Belle-de-Mai, qui, nous allons le voir, ne tire pas encore son épingle
du jeu.
En conclusion de cette deuxième partie, nous pouvons
dire que les interactions sont très faibles à la Belle-de-Mai.
Nous avons, d'un coté, une Friche culturelle, de l'autre, un Pôle
Média où se réunissent des entreprises du
multimédia et,enfin, un Pôle Patrimoine où l'on trouve des
structures de conservation et de restauration du patrimoine. Nous nous sommes
demandé, au début de notre analyse, si l'ensemble fonctionnait en
synergie.
Pour rappel, selon PORTER, un cluster est "un groupe
d'entreprises et d'institutions partageant un même domaine de
compétences, proches géographiquement, reliées entre elles
et complémentaires" (PORTER, 1999). Selon FLORIDA, la « classe
créative » est fondé sur le principe que c'est un
groupe d'individus, les « créatifs », qui
développe la ville économiquement et culturellement. Et ces
« créatifs » s'y installent grâce à ce
que la ville leur propose. Dans le cas de la Belle-de-Mai, la ville a fait
venir les industries créatives en leur fournissant un loyer
alléchant et un territoire culturel. Grâce à la
notoriété que dégage la Friche, le développement
des deux autres pôles a été une réussite.
De plus, le cluster est intéressant à partir du
moment où des entreprises sont plus efficacesensembles que si elles
exerçaient leur activité seules. Au sein des îlots, on
trouve des interactions entre certaines entreprises. Bien que faible, elle
existe. Par contre, il n'y a que très peu de relation entre les
îlots, sauf au moment du déjeuner. Et même dans des moments
propices aux échanges informelles, les interactions n'arrivent pas
à ce mettre en place. De plus, les industries qui constituent le
Pôle de la Belle-de-Mai semblent trop différentes. Elles ne sont
pas toutes du même secteur, on a des industries du livre, du patrimoine,
on trouve de l'audiovisuel et des artistes, etc. les trois pôles sont
eux-mêmes différents. On a des acteurs publics, des acteurs
privés et des acteurs associatifs. Il semble donc certainement plus
compliqué de créer des liens et des partenariats entre des
entreprises dont les objectifs finaux sont totalement dissemblables. La Friche
prône la mixité sociale et veut fournir de l'art à tous les
publics, le Pôle Média veut créer une économie
autour du multimédia et le Pôle Patrimoine doit fournir à
Marseille un patrimoine intéressant.
Finalement, bien que le Pôle de la Belle-de-Mai soit
économiquement et culturellement une grande réussite, l'ensemble
ne fonctionne pas en synergie. Il manque sans doute à la Belle-de-Mai de
la proximité sociale entre les individus mais aussi et surtout une
proximité institutionnelle qui permettrait de construire un projet
commun.
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