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Exemple français : Reims et Marseille
Pour le cas français, prenons deux exemples qui
oscillent autour de notre concept : des Friches culturelles. On compte
vingt mille hectares de Friche en France dès la fin des années
1980. Leur transformation est donc un enjeu considérable dans la
perception du paysage urbain. La culture étant un vecteur du
développement local (selon le rapport de l'OCDE publié en 2005),
la reconversion de ces Friches en lieux culturelles semble donc être un
bon compromis. Bien que ces nombreuses réhabilitations se
caractérisent par leur diversité, il n'en demeure pas moins que
des convergences existent. Dans tout les cas, la Friche est une réponse
au manque de lieux des artistes, elle est un support à leur travail. Le
but est également d'éviter la rupture de se lieu et d'en faire,
au contraire, une mutation. Les différences qui émergent viennent
donc en aval de cette appropriation du lieu.
La Friche artistique de Reims où s'est installée
un laboratoire culturel sur une Friche d'une entreprise pharmaceutique est
notre premier exemple français. Le laboratoire est dédié
à la recherche d'innovation. Et, au-delà, il permet une
continuité du patrimoine du lieu. Il est né d'une collaboration
entre la municipalité et les acteurs locaux. Son but est de
cautériser les blessures économiques et sociales du territoire.
Aussi, le projet a pour ambition de redéfinir le rapport de l'art
à la ville. C'est donc un projet politique et un projet culturel
(JEANGIRARD, 2011).
Notre deuxième exemple concerne la Friche la
Belle-de-Mai, à Marseille, qui sera notre objet d'étude dans la
suite de ce mémoire. C'est d'ailleurs sans aucun doute la plus connue de
toutes. Elle est initiée par le Système Friche
Théâtre, et donc par des artistes, qui s'installent sur une
ancienne manufacture de tabac en 1992. Le SFT devient ensuite SCIC et va
gérer, par un bail emphytéotique avec la ville qui rachète
le bâtiment en 1998, la reconversion de cette espace. Elle suit notamment
le projet « un projet culturel pour un projet urbain »
décidé par l'architecte Jena Nouvel en 1995. La ville va ensuite
édifier deux autres pôles sur l'ancienne manufacture, un
Pôle Patrimoine et un pôle culturel. C'est donc aujourd'hui un
espace unique qui rassemble la culture, le patrimoine et le multimédia.
(ANDRES L. et GRESILLON B. (2011), DELLA CASA F. (2013), LABARTHE F. (2013))
On a donc deux cas : d'un coté Reims, dont le
laboratoire culturel a été directement décidé et
aménagé par la ville, et de l'autre Marseille, initié par
des artistes. Dans les deux cas, les politiques de développement
culturel et économique ont toute leur importance.
Nous avons définit,dans ce chapitre, ce qu'est une
Friche culturelle. C'est un lieu qui a été abandonné et
qui a fait l'objet d'une réhabilitation pour sa
régénération. Il existe différents types de
Friches : institutionnelle gérée par les
collectivités, les alternatives plus récentes, etc. Ces Friches
rassemblent toutes des artistes et quelques fois d'autres industries
culturelles et créatives. Mais existe t-il un partenariat entre ces
industries ? Est-ce que, par extension, ces Friches peuvent être des
écosystèmes d'interactions ?Nous tenterons, pour
répondre à cette interrogation, de définir dans le
prochain chapitre, le concept de cluster créatif qui est un espace
où se rassemblent des industries de même secteur autour d'un
projet commun. Cela nous permettra, pour la suite de notre mémoire, de
voir si le Pôle de la Belle-de-Mai, qui rassemble des industries
créatives et culturelles, est un cluster ou si, au contraire, il ne
fonctionne pas en synergie.
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