Chapitre 2 : Le cluster créatif
Le cluster est, par définition, « des
concentrations géographiques d'entreprises liées entre elles, de
fournisseurs spécialisés, de prestataires de services, de firmes
d'industries connexes et d'institutions associées (universités,
agences de normalisation ou organisations professionnelles, par exemple) dans
des domaines particuliers, qui s'affrontent mais coopèrent
aussi » (M. PORTER, 1999, p.206). C'est donc un groupe d'entreprises
et d'institutions qui ont les mêmes domaines de compétence et/ou
les mêmes secteurs d'activité. Dans notre cas d'étude, nous
parlerons des clusters créatifs, où sont regroupées des
industries du secteur créatif.Nous avons choisi d'étudier le
cluster créatif et pas simplement le cluster culturel puisque la
Belle-de-Mai regroupe des industries culturelles mais aussi créatives
(l'économie créative regroupant les industries des secteurs
culturels et créatifs). Nous tenterons ainsi, en premier lieu, de
définir ce que sont la créativité et les industries
créatives. Nous verrons ensuite comment le cluster est rendu possible,
et enfin nous montrerons ses limites.
1. De l'industrie
culturelle à l'industrie créative
a)
La créativité : émergence d'un concept économique
du XXIème siècle
Bien que le terme de créativité soit
présent dans certains travaux scientifiques du XXème
siècle, c'est au XXIème qu'il émerge au sein d'une
économie post-industrielle moderne fondée sur les savoirs. L'un
des économises le plus connu ayant étudié dans ce domaine
est J.SCHUMPETER qui, dès le XXème siècle, souligne
l'importance de la créativité dans l'économie. C'est l'un
des théoriciens pionniers qui met en lien économie et
créativité. On voit par la suite fortement apparaître la
créativité dans la théorie de l'économie
culturelle. Mais le terme d'industrie culturelle est, à son origine,
plutôt péjoratif. En effet, les premières études
avancées tendent à montrer que la culture de masse - ou
globalisée - conduirait à la perte de la créativité
et de l'artistique dans son dynamisme local. Finalement, lier économie
et culture reviendrait à uniformiser la culture à l'international
et à détruire les particularités créatrices
locales(REGOURD S., 2002).
Néanmoins, ce modèle a fortement
évolué et la culture apparaît aujourd'hui comme essentielle
dans le développement économique. L'idée qui ressort est
que la culture est devenue une économie à part entière
issue d'un processus de production. La créativité au sens propre
du terme est surtout un outil marketing. On parle d'une économie
créative c'est-à-dire de la montée en puissance de la
créativité et de la création dans l'économie
globale. La créativité permet aussi l'attractivité du
territoire (BOUQILLION P., LE CORF J-B., 2010).
La créativité a fait l'objet de nombreuses
études institutionnelles dans le monde. On trouve évidemment
l'UNESCO qui étudie l'impact de la culture sur le développement
à travers le monde. On a aussi d'autres organisations comme
l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), la
Banque interaméricaine de développement, l'OCDE, ainsi que
l'Agence exécutive Education, Audiovisuel et Culture de l'Union
européenne. L'OMPI, par exemple, prend en compte les activités
économiques donnant lieu à de la propriété
intellectuelle. Elle a d'ailleurs créé un guide pour
l'évaluation de la contribution économique des industries du
droit d'auteur. L'existence de ces nombreuses recherches est vitale dans
l'élaboration de politiques nationales et sous-nationales de soutient
à la croissance des industries culturelles et créatives. Elle
montre aussi un intérêt certain pour les industries
créatives et leur potentiel économique (IDRIS K., 2013).
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