IV-Intérêt du sujet.
Notre étude sur le juge fiscal camerounais
recèle un double intérêt à la fois pratique et
heuristique. L'intérêt pratique de notre recherche s'articule
autour de deux points essentiels : D'abord, elle participe du souci
d'explication et de de-complexification des procédures juridictionnelles
de résolution des litiges fiscaux devant le juge judiciaire et le juge
administratif quand on sait que les règles processuelles du contentieux
de l'impôt sont complexes et éparses. Ce travail de recherche nous
offre l'occasion d'apporter une précision sur certaines notions
fondamentales d'imposition, sur les techniques de mise en oeuvre et
d'appréciation jurisprudentielle des impôts directs et indirects,
sur les contours théoriques des principes de l'impôt au Cameroun.
Pour sa part, l'intérêt heuristique nous offre aussi l'occasion
d'apporter une nouvelle réflexion sur la question du dualisme
juridictionnel en matière fiscale, surtout avec la nomination au
Cameroun des magistrats administratifs52 et la création des
tribunaux administratifs au niveau des capitales régionales. Le
thème trouve aussi un intérêt dans la doctrine camerounaise
tant en ce sens que la frontière des compétences entre le juge
administratif et le juge judiciaire n'a jamais été tracée
de manière étanche. A ces propos Jean Jacques Bienvenu
écrit « le fondement du partage des compétences entre le
juge administratif et le juge judiciaire n'est pas clairement mis à jour
»53.
V-Démarche de l'étude.
Cette démarche de l'étude invite à
analyser d'abord la revue de la littérature (A), avant
de s'intéresser à l'approche méthodologique
envisagée (B).
A- Revue de la littérature.
L'intérêt de la doctrine camerounaise pour la
théorie juridique de l'impôt est relativement assez récent
tant les travaux de recherche consacrés à cette discipline sont
rares avant une certaine date. Depuis 1996, l'on remarque une certaine
évolution de la doctrine camerounaise quant à sa manière
d'appréhender la problématique de l'impôt. En clair, les
premiers travaux de recherche sur la question, en l'occurrence les
thèses d'Alaka Alaka54 et Odile Togolo semblent surtout
s'intéresser à la science administrative et à la science
fiscale au
52. Décret n°2012 / 194 du 18 avril 2012, portant
nomination des magistrats du siège dans les tribunaux administratifs.
53. BIENVENU (J.J.), « Variation sur la
difficulté de fonder le partage des compétences juridictionnelles
», R.F.F.P., n°17,1987.
54. ALAKA ALAKA (P.), Les difficultés du
recouvrement de l'impôt au Cameroun : contribution à
l'étude des dysfonctionnements administratifs,op.cit., 289p.
détriment de la théorie de la science juridique
de l'impôt. En revanche, les travaux les plus récents notamment
les thèses d'Ibrahim Mouliom55, Atanga Atanga
Fongue56 et les ouvrages spéciaux de François-Xavier
Mbomé57 et de Felix Ateck Adjam58 , cela, en
ajoutant la récente thèse de Akono Ongba Sedena59,
permettent de penser que désormais la doctrine camerounaise
s'intéresse à la théorie juridique de l'impôt.
Toutefois, il n'est pas sans intérêt d'observer un déficit
doctrinal notoire de l'office du juge à propos de la réflexion
sur la théorie juridictionnelle et jurisprudentielle sur la
matière fiscale. Là aussi, se trouve l'intérêt de ce
travail de recherche dont l'optique est de contribuer à pallier cette
insuffisance.
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